17 janvier, 2009

André Moutia.




André Moutia.

André Moutia est le fils d’Oscar Moutia et de Julia née Félix. Oscar est décédé le 9 août 1922 et Julia à l'age de 84 ans.


Notre commun ancêtre, Julius Félix,
avait épousé en 1ere noces Marie Joséphine Mondore Mondore et a eu une fille Julia qui épousa Oscar Moutia, le père d’André. Julius épouse Laurétia Philogene en troisième noces . Mon père Maxime est un de ses enfants.
André Moutia est resté longtemps célibataire avant d’épouser Bernadette François qui avait une sœur Amy et un frère Fritz. Amy devait épouser tardivement Worsford, le contrôleur des Douanes. Le couple devait au fil des temps renouer des relations très intimes avec André et Bernadette.
Les deux couples allaient bénéficier des spectacles au théâtre de Port Louis et au Plaza de Rise Hill. En cette période le théâtre et la musique étaient des productions de Max Moutia, Amédée Poupard, Serge Constantin, André Decotter, Yves Forget et Lucien Pouzet. Max Moutia le célèbre ténor mauricien avait présenté avec succès le Pays du Sourire, qu'il créa au Théâtre municipal de Port-Louis en 1938. Il avait le rôle du Prince Sou Chong.
Lucien Pouzet qui avait épousé ma tante Daisy, née Ithier avait monté : Pirates of Penzance avec des chanteurs de la famille, dont Henry Wilden et Gladys Félix.
André et Bernadette sont partis en voyage assez souvent, surtout en Europe. Bernadette lui a accompagné lorsqu’il est parti en mission a été en mission en Afrique notamment à Zanzibar et au Maroc.

La jeunesse d’André a été comme celle de tous les enfants uniques. Son père est mort jeune et il a été élevé par sa mère. Elle recevait souvent ses parents et les cousins Félix ne se laissaient pas de taquiner le malheureux André qui aimait la solitude et avait la réputation d’être quelque peu neurasthénique. Il souffrait déjà d’un diabète qui allait le forcer de faire des piqures d’insuline journalières. Mon père racontait que ses cousins Alfred et Maurice le jouait particulièrement des tours impensables. Ils avaient même un jour uriné dans sa tasse, lui qui avec ses manies, ne buvait que dans sa tasse toute personnelle.
Après avoir décroché le certificat de la Senior Cambridge au Collège Royal, il devait alors étudier au collège d’Agriculture pour trois années ou il obtint son diplôme. Il sera alors embauché au département d’Agriculture en Entomologie sous D’Emmerez de Charmoy.
Il avait été victime du racisme qui prévalait largement en ces temps. Quand je l’ai retrouvé hors des relations familiales c’était un homme désabusé qui laissait voir qu’il n’armait nullement les blancs et anglais Je crois que sa couleur foncée et ses origines en étaient la cause. Ses assistants en faisaient les frais Il était volontairement sec et sarcastique et prenait l’habitude d’élever la voix pour réprimander les jeunes et les travailleurs subalternes que l’on nommait pions à cette période. Le pion était traité en esclave.
J’ai pris mon poste d’assistant temporaire en 1949. André Mouria avait comme assistants Mamet, France Nadeau, Luc Orieux, René Hermelin et Claude Courtois. Son planton s’appelait Keesoun. Il allait parfois chez André pour néttoyer les vitres. Je me souviens qu’André a été très en colère quand il a appris que Keesoon un alcoolique était aussi épileptique. Nous l’avions déjà vu en pleine crise au laboratoire.
Très intelligent, André Moutia devait vite devenir un excellent Entomologiste et se dévoua sans relâche pour faire de bonnes recherches. Il devait par la suite se rendre connu dans les milieux scientifiques entomologiques. Il a été l’auteur de plusieurs papiers qui font état de ses travaus dans le domaine des mouches de fruits, des termites, des borers et des charançons de la canne, et de la lutte contre les ravageurs.
On ne le nomma cependant pas Entomologiste et il a été particulièrement déçu quand on a nommé un jeune gallois Williams comme son chef.
John Williams, avec son esprit ouvert le donna alors toute latitude pour poursuivre ses travaux.
Williams devait même chercher sa collaboration comme dans le cas d’un nouvel insecte de l’Eucalyptus. Dans l’Eucalyptus, André Moutia et John Williams ont étudie les moyens de lutte biologique.
Un insecte, Shematiza cordiae a été introduite de Trinidad. L’insecte s’est adapte bien vite et a été élevé en grand nombre De multiples lâchers à travers l’ile ont donné des résultats très satisfaisants..
Williams a introduit plus tard un autres insecte pour détruire les fruits, Eurytoma attira.
S Félix. Les arbres de mon pays. 109. Herbe Condé Cordia.

J’ai travaillé sous ses ordres pendant quelques années avant d’aller dans la section de Phytopathologie ou je devais faire ma carrière.
Hors du travail nos relations familiales étaient normales. Il me recevait comme un parent et est venu à mon mariage et a même participé joyeusement à l’évènement.
En 1959, André Moutia et sa femme Bernadette, sont partis en congé pour l’Europe et nous avons logé chez eux. à la rue Volcy Goupille, Beau-Bassin. La maison d’André Moutia était une assez vieille maison, qui avait été cependant bien entretenue et aménagée pour donner un certain confort. La cour était assez vaste et la devanture faisait valoir une jolie pelouse avec un magnifique letchi à côté de la maison. Nous avions accès à son salon et sa varangue; ainsi que sa chambre et une autre grande chambre qui était réservée aux enfants.
Je me souviens des fêtes que nous avons organisées dans cette maison. On jouait de la bonne musique quand on recevait Nadeau ou Lagaité, des amis de du département d’Agriculture. Des surprises parties ont réuni pas mal d’amis. Le violent cyclone Carol s’est abattu sur nous en janvier 1960. Nous avons vraiment eu peur en subissant les menaçantes rafales. Pendant le calme qui a duré plus d’une heure, Le lendemain, c’était la désolation et il n’y avait plus de feuilles sur les arbres. Dans la cour, c’était une grande dévastation, et on ne voyait que des branches déchiquetées. Chez les voisins, c’était pire. Dans la ville de Beau Bassin tout était plus ou moins détruit.
Je suis né le 27 Décembre 1925 à La Louise, Quatre Bornes dans une petite maison en bois, située au bord de la route St. Jean. De nos jours c’est le local de General Supermarket. Mon parrain était André Moutia. C’est lui qui m’a indiqué plus tard le lieu de ma naissance. Mon père, maitre d’école travaillait à Bambous mais habitait Quatre Bornes
Jean, mon fils est né dans cette maison en Avril,1960.
Mes souvenirs d’André Moutia comme chef sont vivaces. On se rendait alors à Réduit à bicyclette. André Moutia sur son vélo Raleigh venait de Beau Bassin et Raymond Mamet de Rose Hill devenant plus rouge que jamais par l’effort. Pour ma part, je venais d’un peu plus loin dans les bas de Beau Bassin et je roulais sur le vieux vélo français hérité de mon frère. Nos salaires étaient faibles. André Moutia comme entomologiste Assistant touchait 500 roupies par mois, une somme que je trouvais conséquente.. Je touchais Rs 150. Quand je me suis marié j’étais à Rs 385 par mois A ma retraire, après 27 ans, mes salaires étaient de Rs 16000 par an. C’est ce que touche de nos jours un simple employé par mois.

C’était aussi un temps de forts préjugés. L’anglais qui dirigeait tout, n’aimait pas le blanc d’une classe sociale supérieure à lui. L’anglais n’aimait pas non plus le créole qu’il prenait pour un indigène plus rusé qu’intelligent. Il fallait le mater. Le blanc non plus se méfiait du créole. C’était un arriviste qui devrait rester à sa place de petit commis, gribouilleur de papier. Le créole blanc avait honte de côtoyer le créole noir. Quand aux autres ethnies de Maurice ils n’existaient pas,

Les papiers d’André Moutia.
André a écrit plusieurs articles dans la Revue Agricole et Sucrière de Maurice.

De ses nombreux papiers je cite :

D. d'Emmerez de Charmoy, et André Moutia. Département de l'agriculture. Ile Maurice. Méthodes de lutte contre les insectes nuisibles
Préface de H. A. T. Tempany. Édition française

Moutia, L. A.,1958. An Annotated List of Insects and Acarina of Economic importance in Mauritius - Scientific Series, Bulletin No. 29 Printed and Published by J. Eliel Felix, Acting Government Printer, Port Louis,

Moutia, L. André.
Contribution to the study of some phytophagous Acarina and their predators in Mauritius. Bulletin of Entomological Research, 49: 59-75.3..
Mauritius, 1947. In-8 broché, 43 p. Bon état. Ouvrage en anglais. - Cet ouvrage vous est proposé par la Librairie Ancienne Laurencier. Euro 15.00
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Moutia (L. André) and Mamet (Raymond) - Colony of Mauritius, Department of Agriculture - An Annotated list of insect pests in Mauritius.

André Moutia.
The commoner insect pests of orchards, food crops, vegetables, flower gardens and households in Mauritius. Port Louis, Mauritius, J. Eliel Felix, Government Printer, 1955.
Mauritius. Dept. of Agriculture. Scientific series. Bulletin -- no. 91
"Third edition -- revised and enlarged."
J’ai collaboré avec lui dans cette édition en produisant des photographies d’insectes.

Moutia, L. Andre. I958. Contribution to the study of some phytophagous acariña and their predators. in Mauritius. Bull. Ent. Res. 9: 59-75.

De ses assistants et collaborateurs, en dehors de John Williams qui a fait une brillante carrière à l’Institut de Recherches, on peut citer Joseph Raymond Mamet 1912-1993.
Mamet a aussi étudié au collège d’Agriculture a travaillé comme Scientific Assistant sous André Moutia qui était Assistant Entomologiste et souvent Entomologiste temporaire.
Mamet a étudié des centaines d’espèces de cochenilles.
Mamet a eu des décorations françaises et son nom est inscrit sur la colonne Liénard au jardin de Pamplemousses André Moutia n’a pas eu ces honneurs pour des raisons que j’ignore et déplore. Une rue de Beau Bassin porte son nom.
J’ai travaillé d’abord sous André Moutia, Assistant Entomologiste, d’abord comme travailleur volontaire sans paye puis comme Technical Assistant en 1948. L’Entomologiste Donald D’emmerez de Charmoy avait pris sa retraite.
John Williams devait être nommé comme Entomologiste. Raymond Mamet était Scientific Officer. Les autres employés étaient Régnard, un aristocrate et parfait gentleman, avait de bonnes relations avec tous. René Hermelin qui devait finir sa carrière à la MSIRI comme administrateur agronomique, France Nadeau, le timide pianiste qui est mort jeune et Luc Orieux, qui comme moi a fait carrière en phytopathologie.
Orieux a pris sa retraite au département d’agriculture et je suis parti pour l’Institut de Recherches comme Pathologiste associé.
André Moutia avait la réputation d’être un homme difficile. Il l’était certainement pour nous qui avons eu à le côtoyer et travailler sous ses ordres. Sarcastique, impitoyable pour les fautifs. Il aurait été désagréable s’il n’avait pas eu un bon sens de l’humour. Il avait visiblement un complexe causé par sa couleur foncée et son diabète. C’était Raymond Mamet, le blanc qui en a faisait particulièrement les frais. André Moutia devait prendre sa retraite à 60 ans et il est mort à 63 ans, le 9 février 1967. Il est enterré au cimetière de l’Ouest, dans la tombe ou se trouve, sa femme Bernadette, son père sa mère et sa grand mère.


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