26 janvier, 2009

Jean Orphée Terrière



Jean Orphée Terrière.

Notre parent et ami Orphée Terrière, tristement méconnu de nos jours a été un mauricien très célèbre.
Il a été le seul mauricien a détenir le poste de Secrétaire Colonial sous l’administration britannique. C’était dans les années 40.
Il était en poste comme un des plus hauts fonctionnaires du pays quand mon père est mort en 1937.Son beau père Samuel est mort la même année.
Orphée Terrière appelé familièrement Fils, a fait ses études au collège Royal de Port Louis et après avoir obtenus ses diplômes de Cambridge, il entra au service Civil ou il a gravi les échelons jusqu'à l’extrême pointe possible. Cet homme intelligent et avenant, très apprécié par le gouverneur anglais Wilfrid Jackson devait devenir son plus proche collaborateur avec le secrétaire financier, Edward Walter Evans, poste généralement réservé aux anglais. On peut rêver en songeant que le premier gouverneur anglais de Maurice, Robert Townsend Farquhar avait Charles Telfair, secrétaire colonial.
Des membres de la famille sont certes devenus des chefs de départements gouvernementaux, Eliel Félix comme Imprimeur du Gouvernement, Léon Julien comme Chef des coopératives. La carrière de Fils éclipse tout.
Il avait un frère Marcel qui était le père de Serge et Claude Terrière enrôlés dés le début de la guerre dans la Royal Air Force. Claude, mon ami intime, devait être abattu en Allemagne. Il n’avait que 20 ans.
Orphée avait aussi plusieurs sœurs.
Il a épousé Haydée Félix, la fille de Samuel Félix, un fils de Lauricourt Félix, oncle de mon père.
Haydée qu’il appelait Thydée, sa compagne de toujours n’a pas eu d’enfants et est morte environ une vingtaine d’années avant Fils, le 15 septembre 1948.
Fils ne s’est pas remarié, se consacrant au travail et à la famille.
Il habitait à la rue Shand à Beau Bassin et avait une coquette petite maison et à côté la volière qui était disproportionnée en regard de la petite maison. Devant la maison un grand parterre avec des plates bandes de rosiers et de fleurs. Des annuelles. Je me souviens qu’il m’avait, un jour appelé pour soigner des Delphinium. Je n’avais jamais auparavant vu de si belles plates bandes de Delphinium , d’un bleu très riche.
Le gouverneur et les hauts fonctionnaires du Service Civil britannique aimaient venir contempler ses nouvelles espèces d’oiseaux qu’il importait de divers pays étrangers.
Il avait un sens familial très prononcé. On le voyait souvent chez nous le dimanche matin. Elegant , il se déplaçait avec une démarche particulière avec sa canne. Orphée était un ami intime de mon père et quand celui-ci est mort prématurément, il a considéré comme un devoir de venir nous voir chez nous à la Rue Sir Napier Broome.
Du vivant de mon père, il participait aux parties de bridge.
Il aimait la bonne chère et buvait modérément. Il avait la réputation d’inviter parents et amis tous les 2 janvier chez lui. Il recevait alors dans la grande cour à côté de la volière.
Fils, comme nous l’appelions, était un homme très simple, même s’il avait occupé des postes enviables. Ayant pris sa retraite, il se rendait chez tous ses parents et amis, quand il ne souffrait pas de la goutte, sa maladie récurrente.
Je me souviens de sa visite dans une maison appartenant au ministre Bussier que nous venions d’occuper. Nous n’avions pas des moyens de vivre largement, ayant quatre jeunes enfants, mais il s’est joint joyeusement à la famille pour prendre deux verres de rhum et partager notre carri d’ourite. C’était un homme bon. Fils nous a quitte le 26 novembre 1969. Il est enterré au cimetière de l’Ouest avec Thydée.
Les gouverneurs qu’Orphée Terrière a connu.

Wilfrid Edward Francis Jackson(1883 - 1971) gouverneur du 30 Août 1930 au7 Juin 1937
7 Apr 1936 - 4 Dec 1936 et 7 Jun 1937 - 23 Oct 1937 Edward Edward Walter Evans remplace temporairement Jackson
Sir Bede Edward Hugh Clifford 1890 1969 Gouverneur du 23 Octobre 1937 au 16 Avril 1942.
Sydney Moody 16 Avril 1942 - 5 Juillet1942 et 23 Mai 1945 - 3 Janvier 1946 et 8 Mai 1947 - 10 Janvier 1948 gouverneur temporaire .
Sir Donald Mackenzie-Kennedy 1889 – 1965 Gouverneur du 5 Juillet 1942 au 5 Décembre 1948
James Dundas Harford 5 Décembre 1948 - 26 Septembre 1949 gouverneur temporaire
Sir Hilary Rudolph Robert Blood 1893 1967) Gouverneur du 26 Septembre 1949 au 11 Janvier 1954
Sir Robert Scott 1903 – 1968 1959 Gouverneur du 22 Mar 1954 - 10 Jul 10 Juillet 1959.

Gouverneurs après 1960
Sir Colville Montgomery Deverell 1907 - 1995 Gouverneur du 2 Novembre 1959 au 10 Juillet 1962
Sir John Shaw Rennie 1917 - 1981) Gouverneur du 17 Sep 1962 au 12 Mars 1968
Après l’Indépendance
12 Mar 1968 - 12 Mar 1992 Gouverneur general à la place de la Reine d’Angleterre.
Sir John Shaw Rennie 12 Mar 1968 - 27 Aug 1968


Sir Michel Jean Joseph Rivalland 1910 - d. 1970 Gouverneur temporaire 27 Aout1968 au 3 Septembre 1968.
Tombe d'Orphée Terrière et sa femme Thydée.
Je ne t'apporte rien. Je me repose simplement sur ta croix.

Raymond Philogène



Pierre Raymond Philogène (1897-1993)
Né le 7 juin 1897, Raymond Philogene est le fils de Louis Charles Philogène (1855-1924) qui a épousé Marie Dorcilia Félix (fille de Pierre Julius Félix et Louise Dorcilia Mondor Esparon, dont la famille venait de France via l’Ile de la Réunion. (1863-1941).
Il avait quatre sœurs : Ruth. décédée à 99 ans. Evelyne, Sylvie et Ima,et deux frères Gaston et Roger.
Après ses études Raymond Philogène devient fonctionnaire au service Civil sous administration britannique.
Il est porté pour la littérature française et la poésie depuis son adolescence. Il habite à Beau Bassin. à la rue Victor Hugo avec sa famille. Cette maison en bois a été démolie et reconstruite en béton. La maison d'André Moutia était à l'arrière et débouchait à la rue Volcy Pougnet.
Photo de la nouvelle maison Rue Victor Hugon en 1961, après la démolition de l'ancienne qui était en bois..
Il épouse Marie-Simone Ruffier. 1911-1948, née en France.
Ses 3 enfants. Marie Paule. Pierre. et Bernard vont naître dans la maison qu’il fera construire en 1935 près de la cascade de Beau-Bassin à la rue de la Faye.
Il a été un membre fondateur du cercle littéraire de Port Louis et a collaboré à la revue L’Essor et au Mauricien. Ses écrits étaient signés PRP.
Wasley Ithier écrit : ’Quelques jeunes gens au sortir du collège se rendant compte de l’insuffisance de leurs connaissances langue française, se réunirent dans la mansarde d’une demeure située à l’angle des rues Desforges et de l’Eglise à Port Louis et créèrent ‘La Cercle littéraire de Port Louis’. Parmi les membres fondateurs et partisans on trouve Raoul Rivet, Dr Maurice Curé, Jean Urutty Arthur Martial, Lelio Michel. Maxime Félix, Raymond Philogene, Maurice Comty, Felix Laventure,André Decotter, Paul Henri, Dieudonnée Dumazel, Orphée Terrière, Marcel Terrière, Lois D’Abbadie, Selmour Annie, Barthelmy Oshan, Samuel Barbé. J’ai le souvenir d’avoir vu la plupart de ces hommes, parfois avec mon père.
Comme leurs ainés de la table ronde, ils ne dédaignaient pas les plaisirs de la table et se réunissaient surtout pour des causeries littéraires, des lectures et des conférences. Encouragés par les meilleurs auteurs contemporains, Léoville L'Homme, Edgar Janson, Evenor Mamet, Robert-Edward Hart, les membres de ce Cercle ont crée la revue L’Essor en 1919. Le résultat a dépassé l’espérance des fondateurs, Ce journal devait être lu par tous les intellectuels de l’ile. La plupart des écrivains de l’ile et même ceux de Réunion de France et de Madagascar ont contribué des articles ou des poèmes. Un concours annuel de prose et de poésie est ouvert aux jeunes écrivains.
L’Essor devait devenir la vraie pépinière des jeunes écrivains mauriciens. Le Cercle littéraire va organiser des réceptions pour recevoir des personnalités du pays et de l’étranger. Ces Conférences après les banquets ou les membres venaient en couple, raffermissent les liens qui unissent les intellectuels de langue française avec de nombreux discours.
Pour ne pas être en reste, la communauté blanche créa un magazine parallèle ‘Le zodiaque’ par Robert Edouard Hart et ses collaborateurs : de Brugad, Lagesse Dumas, De Lingen, KIlburn, Giraud. Dumas était enseignante de français au collège Royal de Curepipe, de même que De Lingen.
Dans une préface en 1939 des Cahiers Mauriciens, Paul Dumas mentionne déjà que la littérature mauricienne est en plein essor et a partie liée avec la poétique de l’inter culturalité par « ce jeu d’influences réciproques entre le penseur et son milieu. »
De Raymond Philogène,. Wasley Ithier écrit :
D’abord poète, il se conscacre ensuite à la prose Il est ‘un esprit pondéré aux aspirations nobles. Il travaille soigneusement ses écrits. Il a étudie en philosophe les problèmes sociaux, préconise la suppression des cloisons étanches qui sépare les diverses couches de notre population et revendique pour les intellectuels une union confraternelle qui ne pourrait que favoriser les progrès littéraires des mauriciens. Son style est bien français. ’
Raymond Philogène a aussi été un excellent conférencier sur des sujets littéraires et sociales. En 1935 la France lui décerna le grade d’Officier de l’Ordre des Palmes Académiques
Raymond Philogène très proche de notre famille avait épousé une française et avait une fille et deux fils, Pierre sportif connu à Maurice et Bernard, Entomologiste et chercheur au Canada
Rivaltz Quenette qui détenait un poste au secrétariat du service civil en 1948. C'est le point de départ d'une carrière qui écrit-il a été marqué par des intellectuels du calibre de Raymond Philogène qui travaillait alors à l'Assistance Publique
Le Mauricien est le plus ancien journal du pays depuis la fin du Cernéen.
Raoul Rivet,un ami de Raymond Philogène, se joint au journal en 1918. il en prend la direction en 1922 et s'en rend acquéreur en 1935. Le titre se définit lui-même comme étant un journal d'information et d'opinion, avec une complète indépendance dans les débats.
Contrairement à Raoul Rivet, Raymond Philogène n’a pas été attiré par la politique active. Il n’a pas été maire ou député. Il était poète, prosateur et philosophe. André Decotter a dit de lui : « Ce qui frappait chez Raymond Philogène, pour qui ne le connaissait pas tout à fait, c’était un sens de la modération dans le comportement et dans le propos. »


Les deux fils de Raymond Philogène ont tous deux été transcendants comme pionniers dans des carrières différentes.
L’ainé des fils de Raymond Philogène est tristement décédé à Perpignan, en France, en Janvier 2009, ou il vivait avec sa femme Caroline et ses trois filles en se faisait soigner pour une grave maladie.
Il avait été un passionné de bridge et des sports. Il était membre de la Fédération Mauricienne de Bridge.
Il était très populaire comme un collaborateur de Michael Glover, ministre de la Jeunesse et des Sports dans les années 80.
Pierre a été été le premier président du Mauritius Sports Council, 1986 – 1996.
Il était président de L’Unité de Recherches, en matière de sport.
Il a d’abord enseigné le français et la biologie au Collège Royal de Port Louis, tout en s’intéressant à l’éducation physique.
En 1960, il est Instructeur d'Education Physique mauriciens en poste dans les collèges.
En 1976, il se joint au Groupe Espitalier Noel pour développer le social et le sport à Mon Désert Alma et Savannah. En 1978, il devient Personnel Manager, à Savannah. Il a fondé la Charte Sportive de l'Industrie Sucrière.

Le cadet, Bernard Philogène, entomologiste et Doyen de la faculté des Sciences à l'Université d'Ottawa, puis Vice-Recteur, encouragé par André Moutia, a été formé par le célèbre entomologiste André Robert et a émigré qu Canada.
Il a pris part à plusieurs recherches importantes, dont les nouveaux pesticides naturels provenant de plusieurs centaines de variétés de plantes du monde.
Professeur de biologie, il a eu une carrière jonchée de travaux entomologiques, surtout en physiologie des insectes. Il a obtenu la médaille d'or 2000 de la Société d'entomologie du Canada pour ses travaux, et fait Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques par la France..

Raymond Philogéne devant sa maison Rue Victor Hugo. Une précédente maison en bois était occupée par les frères et soeurs de Raymond. J'allais à l'école maternelle dans cette maison , avec Ima , la plus jeune soeur de Raymond , en 1929.