20 mars, 2009

Maxime Félix.










Maxime Félix.
Pierre Barnabé Maxime Félix est né le 11 juin 1891. Il est mort le 30 Mars 1937. Il n’avait que 45 ans.
Son grand père Jean Pierre Félix avait eu 8 enfants.
Le père de Maxime, Julius, était le quatrième et avait trois frères.
Ilépouse en 4e noces Lauricia Philogène (fille de Pierre Philogène et de Ophelia Berry). Ils ont 3 enfants.
I. Janine Félix. (célibataire 11.06.1891-20.08.1985) Institutrice. Morte à 99 ans.
II. Pierre Barnabé Maxime Félix (11.06.1891-20.03.1937). Maître d'école, épouse le 23.6.1915 Marie Jessy Fleurange Ithier, Institutrice.
III Benjamin Félix dit Ben. Décédé en 1938.

Maxime et Fleurange ont eu 7 enfants.
Il travaille en premier lieu comme musicien de la force policière ou il jouait de la trompette. Il se recycla ensuite dans l’enseignement .
Il épousa Fleurange Ithier à 24 ans et quelques années plus tard a été nommé Maître d’école, vers 1924. Cette même année il perd sa mère paternelle, Lauretia dite Mérette.
Il travaille alors à Bambous. Ne voulant pas habiter ce village, ils prennent une maison à La Louise Quatre Bornes au site qui se trouve en face de la police actuelle de Quatre Bornes, ou le deuxième fils , Sténio devait naitre, le 27 Décembre 1925.

En 1927 ils quittent Quatre Bornes pour Beau Bassin et se logent à la rue Henri Lemaire, Beau Bassin. Mazy, la troisième fille devait naître dans cette maison.
Deux ans plus tard c’est un nouveau déplacement vers la rue Lavoquer ou ils vont louer une vaste campagne avec une très grande cour. Cette maison avait une vue sur la route Lavoquer et l’autre sur la voie ferrée. Les enfants de Maxime et Fleurange pouvaient donc suivre le passage de tous les trains. Dans le verger, se trouvait de grands arbres fruitiers : manguiers, pamplemousses, letchi, avocatier , corossol, carambole et autres goyaviers. A l’avant de la grande varangue créole se trouvait une vaste pelouse avec des arbustes ornementales au bord. Il existait une allée bordée de Crotons, aux couleurs rutilantes et des touffes impénétrables de gros bambous où les enfants pouvait se cacher pour les jeux.
Le cyclone de triste mémoire de 1930, reconnu de nos jours pour avoir été d’une durée exceptionnelle, n’a pas fait de dégats à la maison.
Maxime n(habitait donc pas loin de l’école de la rue Gustave Colin ou il était maître d’école.
C’était un long bâtiment à une étage. Maxime avait son bureau en haut à l’extrême gauche. Les deux garçons de Maxime ainsi que les filles l’accompagnaient le matin. L’école des filles qui se trouvait alors à côté de l’école des garçons. Maxime aimait toujours la musique et avait son phonographe à cornet.
C’était un massif appareil, ayant un cornet très évasé. Il demandait à un enfant de tourner parfois la manivelle pour mettre en route le système d’horlogerie, mais les deux grandes filles, Jenny et Maud étaient seules autorisées de remplacer l’aiguille à chaque fois qu’on changeait de disque. Il aimait particulièrement une version romantique de la chanson ‘Ramona’ ainsi que des disques de Jazz.
C’est dans cette maison qu’il a appris appris plus tard la mort de sa grande tante paternelle ‘Mére’ qui s’était éteinte dans son sommeil à Port Louis, pendant la nuit. Janine, la sœur de Maxime,, qui était célibataire et vivait avec elle avait cru bon de la réprimander gentiment, car, la croyant encore endormie, elle lui aurait dit « Mère, vous faites la grasse matinée ce matin » Elle était plus tard consternée quand le docteur Laurent lui a révélé que sa mère ne dormait pas, mais s’était éteinte discrètement.
Maxime était très proche de sa sœur et de son frère. Il allait souvent les samedis chez Janine, qui habitait la rue Madame à coté de la famille Georges.
Il emmenait parfois un enfant .
Il rencontrait son frère Ben au marché de Port Louis et ils allaient ensemble chez Janine, après avoir bu quelques verres dans un petit bistrot.
Le jour des courses il emmenait sa famille et ils circulaient sur les rues pavées de Port Louis en carriole .
Janine les accompagnait parfois pour aller à Ste Croix sur la tombe du ¨Père Laval. Puis elle revenait à la Rue Madame et la famille repartait vers le champ de Mars.
Maxime jouait surtout les loteries Poupart et Merven. Il a plusieurs fois gagné de petits lots mais les prix étaient alors dérisoires.
C’était lé temps du fameux cheval Chica qui remportait beaucoup de courses.
Il allait aussi parfois en famille à l’autre hippodrome Mangalkan, qui se trouvait près de Floreal. par le train. Janine était institutrice très connue car elle était une des rares fille a avoir réussi la School Certificate de Cambridge. Très intelligente, elle a aussi fréquenté des jeunes comme Raoul Rivet avec qui elle se rendait au théâtre de Port Louis.
Elle avait une santé assez fragile ce qui ne l’a pas empêché de vivre jusqu’a l’age étonnant de 99 ans.
Maxime aimait aussi beaucoup son demi frère Léon et ils semblaient inséparables.
Léon s’est ensuite établi en France ou il a passé plus de 20 ans. Il travaillait pour son propre magasin d’antiquaire à Saint Cloud près de Versailles. Il avait lui aussi épousé une Ithier, Isabelle, la sœur de Fleurange.
Léon et Isabelle revenaient parfois à Maurice en vacances et sont revenu habiter à Maurice vers 1934.
Léon avait alors un commerce de vente de meubles à Rose Hill et il était aussi antiquaire.
A la rue Sir Napier Broome, Beau Bassin vivait la mère de Fleurange . Toujours vêtue de couleurs sombres, surtout le noir, elle avait un visage austère et sévère. Elle devait avoir l’habitude de dissimuler ses sentiments. Elle est morte le 20 juin 1932.
Elle s’appelait Claire Isabelle Emilia et était née Thomas. Son époux Henri Léopold Ithier devait mourir très jeune à 42 ans.
Fleurange, l’épouse de Maxime a alors hérité d’une certaine somme d’argent, et ils ont décidé de faire construire leur propre maison. Maxime enthousiasmé s’est occupé de réaliser le projetavec l’aide de Willy Larcher qui habitait le No 2 dans la même rue. La maison i était située à 30 rue Sir Napier Broome à Beau Bassin. C’était une assez grande demeure coloniale. Une varangue ouverte avait de gros poteaux carrées Maxime connaissait bien un artiste peintre et l’avait demandé de peindre l’intérieur de la salle à manger Ils avaient opté pour des bord représentant des bambous d’un vert délicat à hauteur d’homme autour de la salle. Cette peinture est demeurée longtemps presque intacte.


« je me souviens des dizaines d’années après, quand je suis venu habiter cette même maison avec ma propre famille, on pouvait revoir quelques fragments de bandes de bambous, plus ou moins mutilés par les ravages du temps. «

La maison est devenue la maison familiale où les enfants ont grandi. C’est dans sa chambre que Maxime s’est éteint. Les voisins étaient la famille Auguste et presque vis à vis le couple Dantier, Frank et Andrina

La maison toute neuve avait fière allure. Il y avait quatre chambres assez spacieuses. La salle de séjour était assez vaste, ayant au milieu un tapis persan au bord duquel était exposé la chienne Marphise, que Fleurange avait adoré et avait fait embaumer. Un autre chien chien Porto, le fidèle compagnon de Marphise, érait mort auparavant. Pour orner cette salle de séjour qui comprenait aussi le piano, Fleurange avait une belle table de milieu qu’elle avait commandé de France aux soins de Léon Félix. Il s’agissait d’une table polygonale, dont le bois avait été ciselé en dentelle. Cette table est encore dans la famille.Elle a été confiée à Sténio après la mort de Fleurange,
Maxime était était le maître d’école à Beau Bassin et le matin, avant 9 heures, il se rendait à pied à la rue Gustave Collin, accompagné par trois bambins Max, Lily et Sténio. Il devait plus tard les laisser se rendre seuls à l’école. Il n’avait pas de voiture, d’ailleurs, peu de gens avaient alors les moyens de se payer une voiture. Il ne savait pas conduire, et il est mort sans avoir pu acheter une voiture.
Comme presque tous les mauriciens de son âge, il n’avait jamais quitté le pays pour voyager.
Les deux filles ainées, Jenny et Maud avaient déjà abandonné les études, probablement pour se préparer au mariage, comme c’était de coutume en ces temps lointains.
Il y avait avait à cette époque une curieuse habitude de prendre un déjeuner complet avant de partir, vers huit heures ou huit heures trente, très souvent une assiette de riz et un plat d’accompagnement, qui pouvait consister en viandes, poisson, légumes et grains secs. C’était ensuite, d’un commun accord, le moment propice pour les enfants de quémander des pièces d’argent pour s’acheter une banane ou des gâteaux pendant la récréation. Le fils aîné de Maxime, Max, était volontaire :« Papa, sous » !

Quand il était de bonne humeur, Maxime disait d’un ton faussement définitif « Si vous êtes saoul mon garçon vous pouvez aller dormir ». Pour en finir Max recevait dans ses paumes reconnaissantes un petit sou. Dotation semblable pour Lily et Sténio. Un sou, c’était presque la fortune pour un enfant en ces temps de disette. Maxime semblait avoir une tendance à préférer Tono, le dernier fils qui avait des fossettes et qui lui ressemblait un peu. Il lui donnait parfois deux sous.

En 1936, pour célébrer le couronnement du roi Georges VI, il y avait une fête à l’école et Maxime prononça le discours patriotique de circonstance . Il y eut ensuite distributions des gâteaux et les élèves ont eu droit à une médaille en Kaolin, un métal léger contenant de l’aluminium.
Comme il était maître d’école, il avait apporté chez lui des dizaines de ces médailles qu’il redistribuait selon sa fantaisie.

Comme distraction, il se rendait au cinéma Eden, une bâtisse délabrée en tôle qui passait des films muets. Eden se trouvait à l’emplacement actuel de Roxy à Beau Bassin. L’écran était fixé aux trois quarts de la longueur de la salle, et on avait placé des bancs de chaque côté. Les enfants s’entassaient du côté le plus court, à l’arrière de l’écran et tout en voyant normalement les images ne pouvaient lire les explications qui s’affichaient à l’envers. Maxime a eu l’occasion de voir la projection du premier film parlant, « La tendresse » au Pathé Palace. Il allait le plus souvent au Cinéma Hall à Rose Hill. Il se faisait accompagner par un enfant ou deux selon ses caprices. C’était le plus souvent en séance nocturne. Il prenait des billets de troisième qu’il payait 50 sous et 25 sous pour enfants. Il fallait grimper un escalier extérieur en colimaçon pour accéder à l’étage des troisièmes, surnommé ‘Poulailler’ qui était alors fréquenté par des personnes dites de bonne famille.
On projetait des films de Louis Jouvet ou de Raimu/
Il fallait ensuite revenir à pied de Rose Hill à Beau Bassin.

Le rotin qu’on appelait rotin bazar était un jonc importé qui servait à la fabrication de chaises de varangue. Maxime et Fleurange s’en servaient pour punir les jeunes enfants . C’ est étonnant que de nos jours les parents ne peuvent frapper un enfant, sous peine de poursuites.
Maxime de son côté punissait des élèves rapportés par leur maître. Parmi les instituteurs se trouvaient des amis de Maxime, Jass Sévrement qui devait devenir plus tard maître d’école , André Legallant le poète écrivain, Le Bon et Ton Morvan.
Le coût de la vie n’était pas élevé, et ses salaires, en sa qualité de maître d’école au service du gouvernement, ne dépassaient guère les 400 roupies. Maxime aimait les samedis se trouver en compagnie de ses enfants. Il avait un mot sarcastique pour tous. Il appelait pourtant affectueusement la fille cadette Maud, Modo, ou Moucheté . Elle était la brunette à l’air décidée qui avait la réputation de prendre toutes les initiatives. Max un dégingandé de 14 ans, avait déjà l’apparence d’un adolescent et il était presque en classe terminale au primaire. Il devait d’ailleurs obtenir la grande bourse, arrivant quatrième en rang à la grande joie de la famille.

Maxime , tout fier, ne se faisait pas prier pour l’exhiber chez parents et amis et s’arrêtait même en route pour faire part aux personnes de sa connaissance qu’il rencontrait, des bonnes performances scolaires de son fils aîné. Il emmenait aussi le fils cadet, qu’il avait nommé Tono, le maigrelet qu’il présentait avec une étonnante candeur comme une grande intelligence …. ayant la grande intelligence de son père !
C’est aussi le samedi q’il se mettait à frire son bifteck. Il se vantait d’en faire de très spéciales. Assis devant le réchaud de charbon, il faisait pétiller la flamme avec un éventail. Puis il piquait avec habileté ses tranches et les faisait passer sur l’huile. Sa viande de filet était à peine cuite, avec une abondante végétation de persil et d’oignons
Au crépuscule, quand il avait pris ses ‘ grogs ’, le rhum blanc de qualité douteuse, il se mettait sur son vaste fauteuil en rotin, un pied sur un des bras, et on lui demandait de raconter une de ses histoires qui faisaient peur.

La famille de Maxime participait régulièrement à des pique-niques à Pointe aux Sables, se déplaçant en taxi. Il louait souvent un campement au bord de l’eau à Pointe aux Sables C’était l’occasion de prendre plusieurs rhums avec les convives. IL y avait aussi mais moins fréquemment les pique-nique, par autobus, en compagnie de plusieurs autres familles. Il existait alors à Choisy de plus grandes étendues de filaos et d’autres grands arabes que de nos jours. La route du nord de l’île qui n’était pas asphaltée était étroite et poussiéreuse, et on était chahuté pendant presque deux heures pour s’y rendre au nord.
C’est en 1933 que la première liaison aérienne avait eu lieu entre Réunion et la piste d’atterrissage de Choisy à Maurice. Jean Hily, pilote franco mauricien effectua cette première traversée Réunion-Maurice. Il est revenu plus tard avec deux autres appareils. Les mauriciens ont pu première fois pu voir trois avions à Maurice.
Le 4 octobre 1934, Jean Hily, a disparu en mer, après avoir décollé de Choisy. C’était dans les famille créoles une grande émotion produite par une seconde tragédie, celle de la disparition en mer, cette fois du pilote réunionnais Louis Lemerle, aprés avoir quitté la Réunion à destination de Choisy pour jeter une gerbe de fleurs. Le troisième pilote Samat est rentré sain et sauf en France.

Le dimanche était bien entendu le jour le plus important dans la famille de Maxime. Le matin, c’était le moment privilégié. La messe de huit heures à l’église du Sacré Coeur avait une animation de salle de concert.
Le maestro Frédéric, l’idole des mélomanes ne se gênait guère pour présenter des oeuvres tapageuses, pas nécessairement appropriées à la liturgie de l’église catholique. On chantait fort et haut, les choristes, les solistes, surtout les ténors, donnaient bien sur libre cours à leurs talents respectifs. ‘Panis Angelicus’ était chanté presque en sourdine et en solo par le chanteur Betsy ou par Mercier et c’était très émouvant quand le choeur reprenait le thème dans un admirable mouvement d’ensemble.
Maxime appréciait en connaisseur ce concert dominical, car il avait joué de la trompette quand il était plus jeune, et aimait beaucoup la voix d’Arthur Martial.
Le Curé était le père Frésia, ‘ Frésia di Belbo ’ Ce bon prélat était de l’école du Curé de Cucugnan, d’Alphonse Daudet. Plus à l’aise en latin que d’autres prélats, il expédiait sa messe en 20 minutes. Il aimait sans doute parler, car il avait l’habitude de prêcher longtemps. On le comprenait difficilement, en raison de son accent, et quand il endormait ses ouailles il élevait brusquement la voix. Maxime qui ne donnait pourtant pas l’impression de lui accorder toute son attention, disait pourtant à ses enfants que le père Frésia était un vrai érudit. Après la messe, Maxime et des amis se retrouvaient dans la cour de l’église pour bavarder parfois pendant longtemps.
Chez lui, sa felle Fleurange, donnait ses instructions culinaires à Germaine la servante pour préparer le repas dominical, et se mettait souvent au piano pour jouer du Chopin.
Pendant ce temps, Maxime rendait généralement visite à ses amis qui habitaent la même rue. De l’église à sa maison , au bas de la rue ‘Téléphone’, il aurait vraisemblablement pu visiter huit familles, ce qui lui valait le plaisir d’accepter l’offre conventionnelle d’un ou deux petits verres de rhum dans chaque demeure. Le rhum se buvait alors dans de minuscules verres qu’on aurait pu enfermer dans la paume de ses mains. Maxime était donc passablement éméché quand il reprenait le chemin de la maison. Il était alors euphorique, et prenait les remontrances avec désinvolture.
Cela lui arrivait parfois pour des raisons difficile à cerner de se facher. Il avait la colère terrible et purement vocale si on peut le dire.
Après avoir bu son vin rouge qu’il partageait avec toute la famille, même les enfants, il s’appliquait à triturer des rondelles d’ananas avec un peu de vin rouge, dans une soucoupe. C’est quand il voulait boire le reste du vin à même la soucoupe que Fleuranfe se révoltait et parlait de mauvaises manières.
Il consommait un vin corsé de Bordeaux, importé de Armand Dejean .

Maxime a été dès le début un fervent partisan du mouvement de Rétrocession du pays à la France.
Anatole de Boucherville dans le journal ‘La Croix’ et Edouard Laurent dans le journal ‘La Patrie’ furent les premiers initiateurs. A Maurice comme en France les journalistes en ont fait état dans de nombreux articles sur le sujet qui passionnait les milieux créoles particulièrement de Beau Bassin ou vivait alors les familles intellectuels créoles.

Dans le journal de l’Université des Annales paru le 1 septembre 1919, un article du Dr Rivière ‘L’ile Maurice demande à redevenir française’. On peut lire ‘Annexant Maurice à l’Angleterre furent une maldonne’.

En 1920, le mouvement de Rétrocessions prit de l’ampleur à Maurice.
Les créoles les plus instruits pour la plupart des fonctionnaires ne pouvaient ouvertement faire entendre leur voix, étant employés par le colonisateur britannique, mais des écrivains et les employés d’entreprises ont adhéré au mouvement
Léoville l’Homme, Philippe Galea, Lois d’Abaddie, le Dr Maurice Curé, le Dr Rohan, le Dr E. Laurent, le Dr A. Ménage, August Esnouf, Armand Esnouf, et autres ont mené la campagne pendant l’année qui précéda les élections législatives.
Apparemment la plate forme électorale était basée sur la Rétrocession. Les Docteur Laurent et Maurice Curé partisans de la Rétrocession furent battus.
La cause était perdue et les créoles comme Maxime ont vécu avec amertume ces évènements

Quelques années plus tard, Maxime et ses amis se sont réunis dans la mansarde d’une demeure située à l’angle des rues Desforges et de l’Eglise à Port Louis et ont créée « Le Cercle littéraire de Port Louis’. Parmi les membres fondateurs et partisans on trouve avec Maxime Félix, Raoul Rivet, Dr Maurice Curé, Jean Urutty, Arthur Martial, Lelio Michel. Raymond Philogene, Maurice Comty, Felix Laventure, André Decotter, Paul Henri, Dieudonnée Dumazel, Orphée Terrière, Marcel Terrière, Lois D’Abbadie, Selmour Annie, Barthelmy Oshan, Samuel Barbé.
Ils ne dédaignaient pas les plaisirs de la table et se réunissaient surtout pour des causeries littéraires, des lectures et des conférences.
Encouragés par les meilleurs auteurs contemporains, Léoville L'Homme, Edgar Janson, Evenor Mamet, Robert-Edward Hart, les membres de ce Cercle ont crée la revue L’Essor en 1919,

Ce journal devait être lu par tous les intellectuels de l’ile. La plupart des écrivains de l’ile et même ceux de Réunion de France et de Madagascar ont contribué des articles ou des poèmes. L’Essor devait devenir la vraie pépinière des jeunes écrivains mauriciens. Le Cercle littéraire va organiser des réceptions pour recevoir des personnalités du pays et de l’étranger. Ces Conférences après les banquets ou les membres venaient en couple, raffermissent les liens qui unissent les intellectuels de langue française avec de nombreux discours. Maxime, avait apporté une touche humoristique dans ses interventions.

Les membres du Cercle littéraire de Port Louis se réunissaient souvent dans le petit kiosque du club de tennis de Port Louis. C’était parfois l’occasion d’organiser des cocktails.

Les membres du cercle littéraire de Port Louis devaient avec d’autres notables de Port Louis, Beau Bassin Rose Hill et Quatre Bornes créer le Cercle de Rose Hill en y adjoignant un club de tennis. Ce cercle et le Court de Tennis existe encore de nos jours. Le bâtiment a été démoli et reconstruit en 2009.
Une ou deux fois par semaine, Maxime allait jouer au tennis au cercle de Rose Hill. Ses fils étaient ses invités, non pas pour être témoins de ses prouesses mais pour ramasser les balles perdues. S’il perdait contre son ami Jean Urutty, c’était uniquement parce que celui-ci était le champion de Maurice !.

Sa femme, Fleurange ne l’accompagnait que rarement au cercle de Rose Hill, c’était surtout à l’occasion des banquets de fin d’année. C’était elle qui prenait soin de réviser le texte des discours de Maxime. Elle lui recommandait surtout de ne pas faire mention de la contribution qu'elle avait faite à l’élaboration du discours. Maxime prenait souvent plaisir de faire rire les invités en introduisant sans ambages une parenthèse qui concernait sa femme. Faisant mine de se baisser pour chuchoter quelque chose, il annonçait à tous : « Ma femme vient de me pincer pour souffler des mots qu’elle voudrait placer ! » Et il déballait ensuite la partie juteuse du discours.

Il recevait régulièrement le magazine de l’association, l’Essor et avait une collection des exemplaires du Câble, réputée pour ses dessins satiriques.
Le Cercle littéraire et le journal , l’Essor devait survivre encore quinze ans après le décès de Maxime Félix.

Le 19 Août 1935, pour les fêtes du bicentenaire de la ville de Port Louis, toute la famille s’était rendue au Champ de Mars pour les festivités.

Vers la fin de 1935, Maxime tomba malade, c’était malheureusement un problème cardiaque, probablement lié à une valve mitrale défectueuse. On ne soignait guère ces défectuosités cardiaques à cette période et c’était la condamnation pratiquement certaine du malade.
Il s'est fait admettre à l’hôpital civil à Port louis ou il était soigné par les docteurs Célestin, Cantin et Madge.
La famille le rendait visite dans sa chambre particulière qu’on réservait alors pour des fonctionnaires. Il s’adaptait mal à la cuisine de l’hôpital et tout en donnant des instructions d’ordre financier à sa femme, il tripotait la main et les bras des enfants. Le jour de sa décharge, il a trouvé moyen de se faufiler avant l’arrivée de Fleurange et avait été tout bonnement dans un bon restaurant. Il admettra plus tard à la consternation de tous qu’il n’avait pu résister à la tentation de se faire servir un bon bifteck.
Il devait ensuite prendre un long repos à la maison et recevait la visite de ses amis.
Malheureusement, ceux-ci lui promettaient, sans aucune chance de réussite, d’intervenir pour qu’on ne lui mette pas à la pension, car il lui était interdit par les médecins de reprendre le travail avant plusieurs mois.
Un après midi, son frère Léon et Isabelle sont venus l’ inviter pour faire une promenade en voiture. C’était pour étrenner la Ford Canada, une horrible voiture noire, très haute sur ses roues étroites, et dotée d’un nez proéminent. Maxime avait emmené son fils Sténio. Ils étaient en route vers Port Louis, Léon conduisant son véhicule cahin-caha, quand Maxime s'était senti mal, ayant contracté une de ses pénibles périodes d’essoufflement.
Revenus d’urgence chez lui, il devait de plus en plus s’aliter, car ses pieds et sa cheville s’étaient enflés, et il avait souvent des difficultés pour respirer.
Il devait boentôt garder le lit en permanence . Son fils cadet lui lisait les journaux.
Dans la soirée du 20 Mars 1937, ayant ressenti un malaise, il fait l’effort de s’asseoir au bord de son lit.
Il s'est penché en avant, a fait une chute et avait perdu connaissance quand on l'a remis au lit.
L’infirmier Cimiotti, un voisin, qui s'était rendu à son chevet, a constaté qu’il était mort.
Ses funérailles ont eu lieu le dimanche des Rameaux.
Le deuil a été conduit par ses deux fils , ainsi que par Wasley Ithier et son frèrs Léon, car les femmes suivaient alors rarement le cortège.
Il y avait alors la coutume de placer quatre personnalités aux coins du cercueil. On dit chez nous « tenir les cordons du poële »
En l’occurrence, Raoul Rivet, député de Port Louis , Pierre Hugnin, député de Plaines Wilhelms, Paul Henri Surintendant des Ecoles, Wasley Ithier, et Osias Maurice, un ami et un voisin. La cérémonie à l’église du Sacré Coeur é été conduite par le père Frésia.
Une foule considérable s’était rassemblée pour rendre un dernier hommage à Maxime , témoignant sa grande popularité dans toutes les sections de la population.
Le lendemain le grand journaliste du Mauricien, son ami Raoul Rivet, a rendu hommage à Maxime dans son éditorial en première page « Mon ami Maxime Félix est mort. il n’avait que 45 ans. Le deuil a été conduit par ses deux jeunes fils. Il laisse une veuve et 7 enfants. S’il n’a point écrit, il égayait les agapes du Cercle littéraire de Port Louis et du Cercle de Rose Hill, dont il était avec nous, membre fondateur. »
Maxime Félix.

Pierre Barnabé Maxime Félix est né le 11 juin 1891. Il est mort le 30 Mars 1937. Il n’avait que 45 ans.
Son grand père Jean Pierre Félix avait eu 8 enfants.
Le père de Maxime, Julius, était le quatrième et avait trois frères.
Il épouse en 4e noces Lauricia Philogène (fille de Pierre Philogène et de Ophelia Berry). Ils ont 3 enfants.
I. Janine Félix. (célibataire 11.06.1891-20.08.1985) Institutrice. Morte à 99 ans.
II. Pierre Barnabé Maxime Félix (11.06.1891-20.03.1937). Maître d'école, épouse le 23.6.1915 Marie Jessy Fleurange Ithier, Institutrice.
III Benjamin Félix dit Ben. Décédé en 1938.

Maxime et Fleurange ont eu 7 enfants.
Il travaille en premier lieu comme musicien de la force policière ou il jouait de la trompette. Il se recycla ensuite dans l’enseignement .
Il épousa Fleurange Ithier à 24 ans et quelques années plus tard a été nommé Maître d’école, vers 1924. Cette même année il perd sa mère paternelle, Lauretia dite Mérette.
Il travaille alors à Bambous. Ne voulant pas habiter ce village, ils prennent une maison à La Louise Quatre Bornes au site qui se trouve en face de la police actuelle de Quatre Bornes, ou le deuxième fils , Sténio devait naitre, le 27 Décembre 1925.

En 1927 ils quittent Quatre Bornes pour Beau Bassin et se logent à la rue Henri Lemaire, Beau Bassin. Mazy, la troisième fille devait naître dans cette maison.
Deux ans plus tard c’est un nouveau déplacement vers la rue Lavoquer ou ils vont louer une vaste campagne avec une très grande cour. Cette maison avait une vue sur la route Lavoquer et l’autre sur la voie ferrée. Les enfants de Maxime et Fleurange pouvaient donc suivre le passage de tous les trains. Dans le verger, se trouvait de grands arbres fruitiers : manguiers, pamplemousses, letchi, avocatier , corossol, carambole et autres goyaviers. A l’avant de la grande varangue créole se trouvait une vaste pelouse avec des arbustes ornementales au bord. Il existait une allée bordée de Crotons, aux couleurs rutilantes et des touffes impénétrables de gros bambous où les enfants pouvait se cacher pour les jeux.
Le cyclone de triste mémoire de 1930, reconnu de nos jours pour avoir été d’une durée exceptionnelle, n’a pas fait de dégats à la maison.
Maxime n(habitait donc pas loin de l’école de la rue Gustave Colin ou il était maître d’école.
C’était un long bâtiment à une étage. Maxime avait son bureau en haut à l’extrême gauche. Les deux garçons de Maxime ainsi que les filles l’accompagnaient le matin. L’école des filles qui se trouvait alors à côté de l’école des garçons. Maxime aimait toujours la musique et avait son phonographe à cornet.
C’était un massif appareil, ayant un cornet très évasé. Il demandait à un enfant de tourner parfois la manivelle pour mettre en route le système d’horlogerie, mais les deux grandes filles, J enny et Maud étaient seules autorisées de remplacer l’aiguille à chaque fois qu’on changeait de disque. Il aimait particulièrement une version romantique de la chanson ‘Ramona’ ainsi que des disques de Jazz.
C’est dans cette maison qu’il a appris appris plus tard la mort de sa grande tante paternelle ‘Mére’ qui s’était éteinte dans son sommeil à Port Louis, pendant la nuit. Janine, la sœur de Maxime,, qui était célibataire et vivait avec elle avait cru bon de la réprimander gentiment, car, la croyant encore endormie, elle lui aurait dit « Mère, vous faites la grasse matinée ce matin » Elle était plus tard consternée quand le docteur Laurent lui a révélé que sa mère ne dormait pas, mais s’était éteinte discrètement.
Maxime était très proche de sa sœur et de son frère. Il allait souvent les samedis chez Janine, qui habitait la rue Madame à coté de la famille Georges.
Il emmenait parfois un enfant .
Il rencontrait son frère Ben au marché de Port Louis et ils allaient ensemble chez Janine, après avoir bu quelques verres dans un petit bistrot.
Le jour des courses il emmenait sa famille et ils circulaient sur les rues pavées de Port Louis en carriole .
Janine les accompagnait parfois pour aller à Ste Croix sur la tombe du ¨Père Laval. Puis elle revenait à la Rue Madame et la famille repartait vers le champ de Mars.
Maxime jouait surtout les loteries Poupart et Merven. Il a plusieurs fois gagné de petits lots mais les prix étaient alors dérisoires.
C’était lé temps du fameux cheval Chica qui remportait beaucoup de courses.
Il allait aussi parfois en famille à l’autre hippodrome Mangalkan, qui se trouvait près de Floreal. par le train. Janine était institutrice très connue car elle était une des rares fille a avoir réussi la School Certificate de Cambridge. Très intelligente, elle a aussi fréquenté des jeunes comme Raoul Rivet avec qui elle se rendait au théâtre de Port Louis.
Elle avait une santé assez fragile ce qui ne l’a pas empêché de vivre jusqu’a l’age étonnant de 99 ans.
Maxime aimait aussi beaucoup son demi frère Léon et ils semblaient inséparables.
Léon s’est ensuite établi en France ou il a passé plus de 20 ans. Il travaillait pour son propre magasin d’antiquaire à Saint Cloud près de Versailles. Il avait lui aussi épousé une Ithier, Isabelle, la sœur de Fleurange.
Léon et Isabelle revenaient parfois à Maurice en vacances et sont revenu habiter à Maurice vers 1934.
Léon avait alors un commerce de vente de meubles à Rose Hill et il était aussi antiquaire.
A la rue Sir Napier Broome, Beau Bassin vivait la mère de Fleurange . Toujours vêtue de couleurs sombres, surtout le noir, elle avait un visage austère et sévère. Elle devait avoir l’habitude de dissimuler ses sentiments. Elle est morte le 20 juin 1932.
Elle s’appelait Claire Isabelle Emilia et était née Thomas. Son époux Henri Léopold Ithier devait mourir très jeune à 42 ans.
Fleurange, l’épouse de Maxime a alors hérité d’une certaine somme d’argent, et ils ont décidé de faire construire leur propre maison. Maxime enthousiasmé s’est occupé de réaliser le projetavec l’aide de Willy Larcher qui habitait le No 2 dans la même rue. La maison i était située à 30 rue Sir Napier Broome à Beau Bassin. C’était une assez grande demeure coloniale. Une varangue ouverte avait de gros poteaux carrées Maxime connaissait bien un artiste peintre et l’avait demandé de peindre l’intérieur de la salle à manger Ils avaient opté pour des bord représentant des bambous d’un vert délicat à hauteur d’homme autour de la salle. Cette peinture est demeurée longtemps presque intacte.

« je me souviens des dizaines d’années après, quand je suis venu habiter cette même maison avec ma propre famille, on pouvait revoir quelques fragments de bandes de bambous, plus ou moins mutilés par les ravages du temps. «

La maison est devenue la maison familiale où les enfants ont grandi. C’est dans sa chambre que Maxime s’est éteint. Les voisins étaient la famille Auguste et presque vis à vis le couple Dantier, Frank et Andrina

La maison toute neuve avait fière allure. Il y avait quatre chambres assez spacieuses. La salle de séjour était assez vaste, ayant au milieu un tapis persan au bord duquel était exposé la chienne Marphise, que Fleurange avait adoré et avait fait embaumer. Un autre chien chien Porto, le fidèle compagnon de Marphise, érait mort auparavant. Pour orner cette salle de séjour qui comprenait aussi le piano, Fleurange avait une belle table de milieu qu’elle avait commandé de France aux soins de Léon Félix. Il s’agissait d’une table polygonale, dont le bois avait été ciselé en dentelle. Cette table est encore dans la famille.Elle a été confiée à Sténio après la mort de Fleurange,
Maxime était était le maître d’école à Beau Bassin et le matin, avant 9 heures, il se rendait à pied à la rue Gustave Collin, accompagné par trois bambins Max, Lily et Sténio. Il devait plus tard les laisser se rendre seuls à l’école. Il n’avait pas de voiture, d’ailleurs, peu de gens avaient alors les moyens de se payer une voiture. Il ne savait pas conduire, et il est mort sans avoir pu acheter une voiture.
Comme presque tous les mauriciens de son âge, il n’avait jamais quitté le pays pour voyager.
Les deux filles ainées, Jenny et Maud avaient déjà abandonné les études, probablement pour se préparer au mariage, comme c’était de coutume en ces temps lointains.
Il y avait avait à cette époque une curieuse habitude de prendre un déjeuner complet avant de partir, vers huit heures ou huit heures trente, très souvent une assiette de riz et un plat d’accompagnement, qui pouvait consister en viandes, poisson, légumes et grains secs. C’était ensuite, d’un commun accord, le moment propice pour les enfants de quémander des pièces d’argent pour s’acheter une banane ou des gâteaux pendant la récréation. Le fils aîné de Maxime, Max, était volontaire :« Papa, sous » !

Quand il était de bonne humeur, Maxime disait d’un ton faussement définitif « Si vous êtes saoul mon garçon vous pouvez aller dormir ». Pour en finir Max recevait dans ses paumes reconnaissantes un petit sou. Dotation semblable pour Lily et Sténio. Un sou, c’était presque la fortune pour un enfant en ces temps de disette. Maxime semblait avoir une tendance à préférer Tono, le dernier fils qui avait des fossettes et qui lui ressemblait un peu. Il lui donnait parfois deux sous.

En 1936, pour célébrer le couronnement du roi Georges VI, il y avait une fête à l’école et Maxime prononça le discours patriotique de circonstance . Il y eut ensuite distributions des gâteaux et les élèves ont eu droit à une médaille en Kaolin, un métal léger contenant de l’aluminium.
Comme il était maître d’école, il avait apporté chez lui des dizaines de ces médailles qu’il redistribuait selon sa fantaisie.

Comme distraction, il se rendait au cinéma Eden, une bâtisse délabrée en tôle qui passait des films muets. Eden se trouvait à l’emplacement actuel de Roxy à Beau Bassin. L’écran était fixé aux trois quarts de la longueur de la salle, et on avait placé des bancs de chaque côté. Les enfants s’entassaient du côté le plus court, à l’arrière de l’écran et tout en voyant normalement les images ne pouvaient lire les explications qui s’affichaient à l’envers. Maxime a eu l’occasion de voir la projection du premier film parlant, « La tendresse » au Pathé Palace. Il allait le plus souvent au Cinéma Hall à Rose Hill. Il se faisait accompagner par un enfant ou deux selon ses caprices. C’était le plus souvent en séance nocturne. Il prenait des billets de troisième qu’il payait 50 sous et 25 sous pour enfants. Il fallait grimper un escalier extérieur en colimaçon pour accéder à l’étage des troisièmes, surnommé ‘Poulailler’ qui était alors fréquenté par des personnes dites de bonne famille.
On projetait des films de Louis Jouvet ou de Raimu/
Il fallait ensuite revenir à pied de Rose Hill à Beau Bassin.

Le rotin qu’on appelait rotin bazar était un jonc importé qui servait à la fabrication de chaises de varangue. Maxime et Fleurange s’en servaient pour punir les jeunes enfants . C’ est étonnant que de nos jours les parents ne peuvent frapper un enfant, sous peine de poursuites.
Maxime de son côté punissait des élèves rapportés par leur maître. Parmi les instituteurs se trouvaient des amis de Maxime, Jass Sévrement qui devait devenir plus tard maître d’école , André Legallant le poète écrivain, Le Bon et Ton Morvan.
Le coût de la vie n’était pas élevé, et ses salaires, en sa qualité de maître d’école au service du gouvernement, ne dépassaient guère les 400 roupies. Maxime aimait les samedis se trouver en compagnie de ses enfants. Il avait un mot sarcastique pour tous. Il appelait pourtant affectueusement la fille cadette Maud, Modo, ou Moucheté . Elle était la brunette à l’air décidée qui avait la réputation de prendre toutes les initiatives. Max un dégingandé de 14 ans, avait déjà l’apparence d’un adolescent et il était presque en classe terminale au primaire. Il devait d’ailleurs obtenir la grande bourse, arrivant quatrième en rang à la grande joie de la famille.

Maxime , tout fier, ne se faisait pas prier pour l’exhiber chez parents et amis et s’arrêtait même en route pour faire part aux personnes de sa connaissance qu’il rencontrait, des bonnes performances scolaires de son fils aîné. Il emmenait aussi le fils cadet, qu’il avait nommé Tono, le maigrelet qu’il présentait avec une étonnante candeur comme une grande intelligence …. ayant la grande intelligence de son père !
C’est aussi le samedi q’il se mettait à frire son bifteck. Il se vantait d’en faire de très spéciales. Assis devant le réchaud de charbon, il faisait pétiller la flamme avec un éventail. Puis il piquait avec habileté ses tranches et les faisait passer sur l’huile. Sa viande de filet était à peine cuite, avec une abondante végétation de persil et d’oignons
Au crépuscule, quand il avait pris ses ‘ grogs ’, le rhum blanc de qualité douteuse, il se mettait sur son vaste fauteuil en rotin, un pied sur un des bras, et on lui demandait de raconter une de ses histoires qui faisaient peur.

La famille de Maxime participait régulièrement à des pique-niques à Pointe aux Sables, se déplaçant en taxi. Il louait souvent un campement au bord de l’eau à Pointe aux Sables C’était l’occasion de prendre plusieurs rhums avec les convives. IL y avait aussi mais moins fréquemment les pique-nique, par autobus, en compagnie de plusieurs autres familles. Il existait alors à Choisy de plus grandes étendues de filaos et d’autres grands arabes que de nos jours. La route du nord de l’île qui n’était pas asphaltée était étroite et poussiéreuse, et on était chahuté pendant presque deux heures pour s’y rendre au nord.
C’est en 1933 que la première liaison aérienne avait eu lieu entre Réunion et la piste d’atterrissage de Choisy à Maurice. Jean Hily, pilote franco mauricien effectua cette première traversée Réunion-Maurice. Il est revenu plus tard avec deux autres appareils. Les mauriciens ont pu première fois pu voir trois avions à Maurice.
Le 4 octobre 1934, Jean Hily, a disparu en mer, après avoir décollé de Choisy. C’était dans les famille créoles une grande émotion produite par une seconde tragédie, celle de la disparition en mer, cette fois du pilote réunionnais Louis Lemerle, aprés avoir quitté la Réunion à destination de Choisy pour jeter une gerbe de fleurs. Le troisième pilote Samat est rentré sain et sauf en France.

Le dimanche était bien entendu le jour le plus important dans la famille de Maxime. Le matin, c’était le moment privilégié. La messe de huit heures à l’église du Sacré Coeur avait une animation de salle de concert.
Le maestro Frédéric, l’idole des mélomanes ne se gênait guère pour présenter des oeuvres tapageuses, pas nécessairement appropriées à la liturgie de l’église catholique. On chantait fort et haut, les choristes, les solistes, surtout les ténors, donnaient bien sur libre cours à leurs talents respectifs. ‘Panis Angelicus’ était chanté presque en sourdine et en solo par le chanteur Betsy ou par Mercier et c’était très émouvant quand le choeur reprenait le thème dans un admirable mouvement d’ensemble.
Maxime appréciait en connaisseur ce concert dominical, car il avait joué de la trompette quand il était plus jeune, et aimait beaucoup la voix d’Arthur Martial.
Le Curé était le père Frésia, ‘ Frésia di Belbo ’ Ce bon prélat était de l’école du Curé de Cucugnan, d’Alphonse Daudet. Plus à l’aise en latin que d’autres prélats, il expédiait sa messe en 20 minutes. Il aimait sans doute parler, car il avait l’habitude de prêcher longtemps. On le comprenait difficilement, en raison de son accent, et quand il endormait ses ouailles il élevait brusquement la voix. Maxime qui ne donnait pourtant pas l’impression de lui accorder toute son attention, disait pourtant à ses enfants que le père Frésia était un vrai érudit. Après la messe, Maxime et des amis se retrouvaient dans la cour de l’église pour bavarder parfois pendant longtemps.
Chez lui, sa felle Fleurange, donnait ses instructions culinaires à Germaine la servante pour préparer le repas dominical, et se mettait souvent au piano pour jouer du Chopin.
Pendant ce temps, Maxime rendait généralement visite à ses amis qui habitaent la même rue. De l’église à sa maison , au bas de la rue ‘Téléphone’, il aurait vraisemblablement pu visiter huit familles, ce qui lui valait le plaisir d’accepter l’offre conventionnelle d’un ou deux petits verres de rhum dans chaque demeure. Le rhum se buvait alors dans de minuscules verres qu’on aurait pu enfermer dans la paume de ses mains. Maxime était donc passablement éméché quand il reprenait le chemin de la maison. Il était alors euphorique, et prenait les remontrances avec désinvolture.
Cela lui arrivait parfois pour des raisons difficile à cerner de se facher. Il avait la colère terrible et purement vocale si on peut le dire.
Après avoir bu son vin rouge qu’il partageait avec toute la famille, même les enfants, il s’appliquait à triturer des rondelles d’ananas avec un peu de vin rouge, dans une soucoupe. C’est quand il voulait boire le reste du vin à même la soucoupe que Fleuranfe se révoltait et parlait de mauvaises manières.
Il consommait un vin corsé de Bordeaux, importé de Armand Dejean ,

Maxime a été dès le début un fervent partisan du mouvement de Rétrocession du pays à la France.
Anatole de Boucherville dans le journal ‘La Croix’ et Edouard Laurent dans le journal ‘La Patrie’ furent les premiers initiateurs. A Maurice comme en France les journalistes en ont fait état dans de nombreux articles sur le sujet qui passionnait les milieux créoles particulièrement de Beau Bassin ou vivait alors les familles intellectuels créoles.

Dans le journal de l’Université des Annales paru le 1 septembre 1919, un article du Dr Rivière ‘L’ile Maurice demande à redevenir française’. On peut lire ‘Annexant Maurice à l’Angleterre furent une maldonne’.

En 1920, le mouvement de Rétrocessions prit de l’ampleur à Maurice.
Les créoles les plus instruits pour la plupart des fonctionnaires ne pouvaient ouvertement faire entendre leur voix, étant employés par le colonisateur britannique, mais des écrivains et les employés d’entreprises ont adhéré au mouvement
Léoville l’Homme, Philippe Galea, Lois d’Abaddie, le Dr Maurice Curé, le Dr Rohan, le Dr E. Laurent, le Dr A. Ménage, August Esnouf, Armand Esnouf, et autres ont mené la campagne pendant l’année qui précéda les élections législatives.
Apparemment la plate forme électorale était basée sur la Rétrocession. Les Docteur Laurent et Maurice Curé partisans de la Rétrocession furent battus.
La cause était perdue et les créoles comme Maxime ont vécu avec amertume ces évènements

Quelques années plus tard, Maxime et ses amis se sont réunis dans la mansarde d’une demeure située à l’angle des rues Desforges et de l’Eglise à Port Louis et ont créée « Le Cercle littéraire de Port Louis’. Parmi les membres fondateurs et partisans on trouve avec Maxime Félix, Raoul Rivet, Dr Maurice Curé, Jean Urutty, Arthur Martial, Lelio Michel. Raymond Philogene, Maurice Comty, Felix Laventure, André Decotter, Paul Henri, Dieudonnée Dumazel, Orphée Terrière, Marcel Terrière, Lois D’Abbadie, Selmour Annie, Barthelmy Oshan, Samuel Barbé.
Ils ne dédaignaient pas les plaisirs de la table et se réunissaient surtout pour des causeries littéraires, des lectures et des conférences.
Encouragés par les meilleurs auteurs contemporains, Léoville L'Homme, Edgar Janson, Evenor Mamet, Robert-Edward Hart, les membres de ce Cercle ont crée la revue L’Essor en 1919,

Ce journal devait être lu par tous les intellectuels de l’ile. La plupart des écrivains de l’ile et même ceux de Réunion de France et de Madagascar ont contribué des articles ou des poèmes. L’Essor devait devenir la vraie pépinière des jeunes écrivains mauriciens. Le Cercle littéraire va organiser des réceptions pour recevoir des personnalités du pays et de l’étranger. Ces Conférences après les banquets ou les membres venaient en couple, raffermissent les liens qui unissent les intellectuels de langue française avec de nombreux discours. Maxime, avait apporté une touche humoristique dans ses interventions.

Les membres du Cercle littéraire de Port Louis se réunissaient souvent dans le petit kiosque du club de tennis de Port Louis. C’était parfois l’occasion d’organiser des cocktails.

Les membres du cercle littéraire de Port Louis devaient avec d’autres notables de Port Louis, Beau Bassin Rose Hill et Quatre Bornes créer le Cercle de Rose Hill en y adjoignant un club de tennis. Ce cercle et le Court de Tennis existe encore de nos jours. Le bâtiment a été démoli et reconstruit en 2009.
Une ou deux fois par semaine, Maxime allait jouer au tennis au cercle de Rose Hill. Ses fils étaient ses invités, non pas pour être témoins de ses prouesses mais pour ramasser les balles perdues. S’il perdait contre son ami Jean Urutty, c’était uniquement parce que celui-ci était le champion de Maurice !.

Sa femme, Fleurange ne l’accompagnait que rarement au cercle de Rose Hill, c’était surtout à l’occasion des banquets de fin d’année. C’était elle qui prenait soin de réviser le texte des discours de Maxime. Elle lui recommandait surtout de ne pas faire mention de la contribution qu'elle avait faite à l’élaboration du discours. Maxime prenait souvent plaisir de faire rire les invités en introduisant sans ambages une parenthèse qui concernait sa femme. Faisant mine de se baisser pour chuchoter quelque chose, il annonçait à tous : « Ma femme vient de me pincer pour souffler des mots qu’elle voudrait placer ! » Et il déballait ensuite la partie juteuse du discours.

Il recevait régulièrement le magazine de l’association, l’Essor et avait une collection des exemplaires du Câble, réputée pour ses dessins satiriques.
Le Cercle littéraire et le journal , l’Essor devait survivre encore quinze ans après le décès de Maxime Félix.


Le 19 Août 1935, pour les fêtes du bicentenaire de la ville de Port Louis, toute la famille s’était rendue au Champ de Mars pour les festivités.

Vers la fin de 1935, Maxime tomba malade, c’était malheureusement un problème cardiaque, probablement lié à une valve mitrale défectueuse. On ne soignait guère ces défectuosités cardiaques à cette période et c’était la condamnation pratiquement certaine du malade.
Il s'est fait admettre à l’hôpital civil à Port louis ou il était soigné par les docteurs Célestin, Cantin et Madge.
Sa La famille le rendait visite dans sa chambre particulière qu’on réservait alors pour des fonctionnaires. Il s’adaptait mal à la cuisine de l’hôpital et tout en donnant des instructions d’ordre financier à sa femme, il tripotait la main et les bras des enfants. Le jour de sa décharge, il a trouvé moyen de se faufiler avant l’arrivée de Fleurange et avait été tout bonnement dans un bon restaurant. Il admettra plus tard à la consternation de tous qu’il n’avait pu résister à la tentation de se faire servir un bon bifteck.
Il devait ensuite prendre un long repos à la maison et recevait la visite de ses amis.
Malheureusement, ceux-ci lui promettaient, sans aucune chance de réussite, d’intervenir pour qu’on ne lui mette pas à la pension, car il lui était interdit par les médecins de reprendre le travail avant plusieurs mois.
Un après midi, son frère Léon et Isabelle sont venus l’ inviter pour faire une promenade en voiture. C’était pour étrenner la Ford Canada, une horrible voiture noire, très haute sur ses roues étroites, et dotée d’un nez proéminent. Maxime avait emmené son fils Sténio. Ils étaient en route vers Port Louis, Léon conduisant son véhicule cahin-caha, quand Maxime s'était senti mal, ayant contracté une de ses pénibles périodes d’essoufflement.
Revenus d’urgence chez lui, il devait de plus en plus s’aliter, car ses pieds et sa cheville s’étaient enflés, et il avait souvent des difficultés pour respirer.
Il devait boentôt garder le lit en permanence . Son fils cadet lui lisait les journaux.
Dans la soirée du 20 Mars 1937, ayant ressenti un malaise, il fait l’effort de s’asseoir au bord de son lit.
Il s'est penché en avant, a fait une chute et avait perdu connaissance quand on l'a remis au lit.
L’infirmier Cimiotti, un voisin, qui s'était rendu à son chevet, a constaté qu’il était mort.
Ses funérailles ont eu lieu le dimanche des Rameaux.
Le deuil a été conduit par ses deux fils , ainsi que par Wasley Ithier et son frèrs Léon, car les femmes suivaient alors rarement le cortège.
Il y avait alors la coutume de placer quatre personnalités aux coins du cercueil. On dit chez nous « tenir les cordons du poële »
En l’occurrence, Raoul Rivet, député de Port Louis , Pierre Hugnin, député de Plaines Wilhelms, Paul Henri Surintendant des Ecoles, Wasley Ithier, et Osias Maurice, un ami et un voisin. La cérémonie à l’église du Sacré Coeur é été conduite par le père Frésia.
Une foule considérable s’était rassemblée pour rendre un dernier hommage à Maxime , témoignant sa grande popularité dans toutes les sections de la population.
Le lendemain le grand journaliste du Mauricien, son ami Raoul Rivet, a rendu hommage à Maxime dans son éditorial en première page « Mon ami Maxime Félix est mort. il n’avait que 45 ans. Le deuil a été conduit par ses deux jeunes fils. Il laisse une veuve et 7 enfants. S’il n’a point écrit, il égayait les agapes du Cercle littéraire de Port Louis et du Cercle de Rose Hill, dont il était avec nous, membre fondateur. »

Sa femme Fleurange a relevé le défi de prendre charge les enfants orphelins. Née le 6 août 1892, elle est morte le 7 Janvier 1973 à 81 ans
Max né lé 11 Novembre 1921 est mort le 29 Novembre 1999 à Grenoble. en France
Maud née le 26 décembre 1918 est morte le 10 janvier 1993 en Nouvelle Zélande.
Mazy est née le 30 avril 1930. Elle vit en Nouvelle Zélande.
Gladys est née le 4 janvier 1933. Elle vit en France.
Jenny née en 30 avil 1916 est morte le15 avril 1995 en Australie
Lily née le 29 Novembre 1934 et Sténio né le 27 décembre 1925 vivent encore à Maurice.

Tombe de Maxime Félix au cimetière de St Jean. Quatre Bornes.

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