Nos Noces d’or.
La famille
L'histoire de cinquante ans de vie commune. Message du pape Jean-Paul II aux familles, Ste Anne d’Auray, septembre 1996. A l'esprit de gratuité...Esprit-Saint, toi qui es l'amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, tu es présent dans l'amour des époux, du mari pour sa femme et de la femme pour son mari. C'est toi qui leurs souffles qu'ils doivent être le Christ l'un pour l'autre. Grâce à toi, ils savent que l'absolu est sous leurs yeux, et non dans les abstractions délirantes. Leur fugue à deux voix crée l'absolu chaque jour et cet absolu au quotidien leur donne force et joie. L'infini, c'est la lumière infinie des visages qui s'aiment d'un amour généreux et durable. Le pouvoir, c'est d'un mot, d'un geste, D’éclairer, d'illuminer un visage, et non de faire ramper devant soi les gens. Esprit Saint, tu es l'esprit de profusion secret des atomes, des cellules, des galaxies. C'est toi qui unis, dans la confiance partagée, les époux, les parents et les enfants. Grâce à toi brille le diamant de la gratuité, cœur de l'univers, âme du monde.
Introduction.
" Merci, Seigneur, pour mon époux, pour mon épouse, pour nos enfants ! Merci pour l'amour que tu mets dans mon cœur ! Merci pour celui que tu mets dans le leur ! " J’ai écrit ce livre, pour que nos enfants et nos petits enfants et qui sait ? nos arrières petits enfants, puissent, s’il le désiraient, avoir accès à des informations nous concernant. Ce récit d’une vie commune des cinquante dernières années a été rédigé particulièrement en commémoration de ce 14 juillet 2001, à Paris, où les enfants et petits enfants se sont rassemblés autour de nous, avec des parents et des amis.
Nous avons voulu démonter l’étonnante variété des évènements qui jalonnent une vie, avec ses bons et mauvais moments, avec ses peines, ses difficultés, ses tristesses et ses joies.
A d’autres le soin de juger si le destin nous a bien servi et si nous avons pu jouir de ces cinquante années données par le Seigneur. Je pense que nous avons eu de grands moments, mais que dans cette vie, nous avons commis, nous aussi des erreurs.
Nous avons certes éprouvé des défaillances, mais on trouvera ici ni doute ni regret. Je plains ceux qui n’ont rien à raconter, qui ne veulent pas se souvenir de ce qui a été bien ou mal dans leur vie. Je serai heureux d’avoir pu, selon mes moyens, léguer à mes enfants et petits enfants et aux générations futures de la famille, un témoignage des faits marquants qui ont jalonné cette période importante de nos 50 années de vie commune.
J’ai eu de grands et de petits bonheurs : la lecture, la musique classique, les bons repas de famille, les visites des parents et des enfants, les bains de mer, le bon whisky et le bon vin, l'euphorie des dimanches après la messe et enfin, ma femme ronde ! Loin de moi l’idée de dénigrer. J'ai épousé quelqu'un de différend et tout s'est bien passé, comme vous l'avez toujours deviné. ” Souvenirs des 50 dernières années.
Notre histoire peut prendre naissance vers 1945. J’habitais alors avec ma mère, et mes sœurs Jenny, Maud, Lily, Gladys et Maisie, a Beau-Bassin. Mon frère Max s’était établi à Madagascar. C’était l’année du fameux cyclone qui a enlevé le toit de la chambre où je couchais ! La famille de mon ami Roland Crouche, qui s’était établi à Port-Louis à la mort de son père Anatole, est venue habiter une maison qui les appartenait à la Rue Pope Hennessy, avoisinant celle de Roger Crouche, et non loin de celle de la tante Andrina et de Pierre Crouche. Je connaissais déjà deux sœurs de Roland, Iryse qui semblait loucher d’un oeil, et Myrielle qui était alors plutôt mince et affichait ouvertement ses sentiments pour un habitant de Port Louis, Gaby Betsy, qu’elle devait épouser.
Quand je me rendais chez Roland à son invitation, il s’y trouvait également un petit frère, tout à fait inoffensif et deux autres sœurs, Ghislaine et Denise. La première était vive et enjouée et avait les répliques insolentes, la seconde, plus jolie mais plus réservée n’avait que 15 ans, et avec un air de sainte nitouche, se mettait à m’étudier, sans rien dire. Comme j’étais encore chômeur, malgré mon diplôme tout neuf d’Agriculture, la mère de Roland, Irénée se contentait de spéculer. C’était une famille assez dépourvue et elle devait faire des plans pour attirer et retenir des prétendants convenables pour ses filles. Je crois que c’est à la suite d’un pique-nique avec la famille Crouche à Bel air St Félix, que mes relations avec Denise ont été scellées. Ce pique-nique dans le cadre enchanteur de Bel-Air était mémorable.
Nous avions pris place dans un petit bus conduit par Clément Manuel. Le pauvre Clément devait mourir de leucémie quelques années plus tard, un peu après son mariage avec Arlette Némorin. On était assez nombreux, avec la présence des familles Adolphe et Pitchen, ainsi que les Betsy. Roland était accompagné de son inséparable ami Marcel Audibert, qui courtisait Ghislaine.
On avait accès au campement qui se trouvait au sommet de la falaise, et il y avait une piscine au bas de celle-ci avec accès à la mer. Nous sommes souvent revenus à Bel Air, tentés par le plaisir de prendre un bain de mer dans cette piscine, ainsi que par celui de contempler le spectacle grandiose des vagues s’écrasant au milieu d’écumes blanches sur les falaises.
Le 30 décembre 1949, mon frère Max et Mathé étant à Maurice, nous avions été au même endroit avec notre famille, en voiture. Max a trouvé alors ce qu’il croyait être une bonne tactique pour se doucher en s’accroupissant sur un rocher fréquemment balayé par les vagues. Une de ces vagues a failli l’emporter, mais il est tombé dans l’eau et s’est blessé au pied. Ce sport dangereux qui nous avait toutefois séduit, a failli me coûter la vie plus tard, quand j'ai été emporté en haute mer à Pointe aux Roches.
C’est à cette période que mon parrain André Moutia qui était Entomologiste au Département D’Agriculture, m’a invité à prendre du service dans sa section, sans paye. Après quelque mois de ce service comme stagiaire, on m'a proposé un emploi temporaire comme « Technical Assistant » à la section d’Entomologie. C’était un travail assez spécifique dans le cadre de la coopération internationale pour la lutte biologique contre les insectes nuisibles. Ma tache consistait à parcourir l’île pour collectionner des coccinelles de diverses espèces. André Moutia faisait alors l’intérim comme chef de la section. Etant diabétique, il se donnait, chaque jour, des piqûres d’insuline, et cette maladie avait eu chez lui des conséquences inattendues sur son comportement avec son prochain. Rarement de bonne humeur, il avait le don de passer des rebuffades d’une violence étonnante. Il trouvait toujours moyen de vous prendre en faute et soulignait avec véhémence vos manquements, même les plus bénins.
Convenons donc que j’ai débuté durement et péniblement dans ma carrière. Mes émoluments étaient alors de Rs.150. Une importante somme car les fonctionnaires dits commis de l’état ne touchaient que 60 roupies. Après avoir payé une pension à ma mère, je me mis gaillardement à dépenser mon pactole. Il y avait le cinéma, les courses de chevaux, les surprises parties, et l’achat de livres et des disques. Je ne crois pas avoir pris la peine d’épargner un sou pendant cette période, mais j’avais déjà eu l’habitude de collectionner des livres, habitude que J'aurais conservée jusqu’à ce jour.
Mon ami Roland, a mené alors grand train et fréquentait surtout les salles de jeu. Il rentrait chez lui à deux heures où quatre heures du matin, ce qui donnait des soucis à sa famille. Ses sœurs m’ont révélé, qu’il avait souvent les poches pleines à craquer de pièces d’argent. Mon beau frère Max était aussi un fervent des jeux de chance, dont le quatre-quatre. C’était un jeu très simple qui consistait à déposer un bol sur des tas de pièces de monnaie et de compter le contenu en éliminant les pièces quatre par quatre. Les pièces restantes constituaient le chiffre gagnant.
C’était une manière facile de gagner ou de perdre de l’argent. J'ai été bientôt contaminé par le démon du jeu et me suis rendu également le soir dans diverses salles de jeu à Port Louis et à Rose Hill. Après avoir gagné une fois ou deux, la désillusion s’est installée bien vite et j'ai perdu suffisamment d’argent pour me trouver en difficulté financière, ne pouvant, par exemple, faire face aux frais de Taxis.
Max me dépannait tant bien que mal et je pris conscience à temps que la fréquentation des jeux de chance puisse mener à de graves problèmes. Les débordements de la jeunesse prennent des voies périlleuses, surtout quand on est entraîné par des amis qui ont déjà pris la mauvaise tournure. Roland ne se contentait pas de jouer tous les soirs à Quatre-Quatre, il prenait plaisir d’entreprendre des sorties nocturnes dans des endroits mal famés en compagnie de mauvais amis Ils entraînaient souvent d’autres jeunes. J’avais décidé de faire la cour à Denise, la jeune sœur de Roland, je mis fin à ces sorties nocturnes, pour mon grand bien. Je menais dorénavant une vie tout à fait rangée et respectable.
Mariage et naissance des enfants.
Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sur le ciel. Quoleth 3 :1
Pour faire la cour à une fille en ces temps là, il fallait que ce soit une opération délicate, réglée avec minutie par les parents. On était tout bonnement sous surveillance, et la future belle-mère n’était jamais trop loin. On ne pouvait aller au cinéma qu’en compagnie d’une sœur ou du petit frère. Je devais souvent me révolter contre cet état de choses et les relations devaient s’envenimer avec la famille.
Ayant eu une altercation avec Roland à ce sujet, je compris qu’il allait falloir avoir recours à une décision immédiate. Je n’étais certainement pas prêt financièrement à affronter les risques d’une liaison matrimoniale, mais comme on était assoiffé de liberté, il n’y avait pas d’autre issue que le mariage.
Avec des salaires de Rs. 385 par mois, je me vis ce 14 juillet 1951, grimpant les marches de l’église du Sacré Cœur de Beau Bassin pour me marier avec Denise. La cérémonie a été suivie par une simple réunion familiale ‘ en petit comité ’ selon les termes d’usage courant. Le père Rivalland qui officiait s’était étonné que nous n’ayons qu’une seule alliance, et avait prononcé son homélie qu’il a éclairée particulièrement en direction de la patience que doit avoir la femme dans son ménage.
Elle devait accepter l’humeur souvent changeante du mari et pouvait tomber sur un caractère difficile. Il m’avait jaugé et jugé à sa manière et les invités présents à l’église, avaient l’air de comprendre et d’approuver en hochant la tête.
Tant pis, c’était achevé et nous étions mariés. Une mini-fête a été organisée à Beau-Bassin dans la maison des Crouche. Cette réunion familiale, en dehors des normes habituelles, s'était tenue en l'absence de ma propre mère et de Roland. En dehors de Maud et Max, on avait invité Roger et Pierre Crouche et leurs familles, ainsi que Bernadette et André Moutia.
On a servi modestement du rhum, mais il y avait un gâteau de mariage et une bouteille de champagne. Le terme ‘ Ti dimoun ’(petites gens.) n’existait pas encore, mais on peut dire sans se tromper que nos noces pouvaient se classer dans la catégorie des mariages ‘ Ti dimoun ’. Ayant loué la maison de Paul Dantier, un oncle de Denise à Quatre-Bornes, on s'était rendu vers minuit accompagné de presque tous les convives qui étaient peut-être curieux de voir comment on s’était débrouillé pour l’installation et surtout le mobilier. C’était bien entendu tout ce qu’il y avait de plus rustique. On ne s’en souciait guère ayant fièrement adopté le slogan ‘ Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre ! ’ Nous avons été plus tard dans un campement de Souillac en Pseudo lune de miel avec Lily et Marcel qui venaient de se marier. Nous avons habité la grande mais vieille maison de Quatre Bornes pendant environ deux ans. Il y avait aussi une très grande cour, et j’ai profité pour planter des fleurs annuelles, en particulier des oeillets. L’œillet Chabaud était alors assez méconnu des mauriciens, et j’étais ravi de voir les visiteurs s’émerveiller et admirer les fleurs jaunes dans nos plates-bandes. On cultivait alors des fleurs pour le plaisir et pour offrir à des parents et amis. Je me souviens en avoir offert à Tecko de Chalain, l’inséparable ami de Max Melotte.
Il m’avait alors fait part de son opinion défavorable sur ma table de ‘ping pong’ qui, faute d’autres meubles avait été disposé au milieu d’une grande chambre. Cette table en bois de lilas, mal séché, avait été fabriquée à la hâte et sans aucun effet de bonne menuiserie par Jimmy, le fils aîné de la servante Germaine de ma mère. En effet, on avait abattu un gros plant de Lilas qui se trouvait dans la cour de la maison de Beau-Bassin. Ayant fait scier ce bois en planches, j’avais chargé Jimmy de fabriquer une armoire, un lit, un tréteau pour le tennis de table, et un baffle épais pour les haut-parleurs. J'en avais fait l'acquisition d'un technicien du nom de Tranquille, en même temps qu'un ampli maison, sans boîtier, ayant de grosses lampes spectaculaires, en échange d’une vieille radio. Le travail bâclé de Jimmy était tout à fait rustique.
Nous avions une longue cave située d’un côté de la maison et on y élevait une souche de canards de Barbarie, dite canard ‘ Manille ’ à Maurice. J’ai pu obtenir un grand coup de main de la part de Denise pour effectuer cet élevage, qui réussit si bien que la première femelle n'a produit pas moins de 18 canetons et la seconde 15 canetons. On avait donc 36 canards dans la cour. Pour bien nourrir cette population vraiment spontanée, je faisais grand usage d’escargots qu’on écrasait avec une pierre. Le gros mâle se précipitait avant les autres pour happer une poignée de ces mollusques gluants, suivi par les deux femelles et la nichée de petits canetons. On a obtenu bien vite des gars bien ventrus, prêts pour la casserole. Je ne pense pas avoir mangé autant de canards dans ma vie que pendant cette période. Quand nous recevions les parents ou des amis, le grand seigneur, propriétaire d’élevage que j’étais, faisais signe à Denise de faire goûter un plat de canard.
Elle se mettait alors à la besogne, sans protester. J'avais une petite femme tout à fait désireuse de plaire à son mari et à tous, sans exception. C’était une fermière bien disposée à faire profiter aux visiteurs les produits de son élevage. Nous n’avons pas vendu un seul volatile ce qui suggère véritablement q’entre nous deux nous avons décapité pas moins de 36 canards. Cyril, le frère de Denise a eu la délicate besogne de tuer et de plumer le gros mâle quand nous avons abandonné l’élevage en raison des attaques répétées de rats. Cette même année, la section d’entomologie m’a envoyé en mission à L’île Plate afin d’introduire les oeufs d’un papillon pour la destruction des cactus qui envahissaient l’île.
Denise m’avait accompagnée, et pour prolonger la lune de miel, nous avions été autorisés de passer une semaine dans cette île idyllique. On avait eu accès à un grand campement, apparemment, celui du gouverneur de Maurice, et on était choyé par le seul habitant, un Brebner, qui était responsable de cette partie de l’île Plate. Tout en haut, sur la colline, habitait trois autres personnes, le couple Dick, gardiens du phare, et un employé. Je n’ai jamais été aussi comblé en approvisionnement de poissons et de fruits de mer. Brebner et Dick, se reléguaient pour nous présenter de beaux spécimens de Cateaux, de Licornes, de Gueules pavées, et de Dames Berry, sans mentionner les crabes et les bigorneaux. Je me vois au bord de notre varangue, projetant avec force les poissons qu’on n'avait pas la possibilité de consommer le plus loin possible dans la brousse. C’était du gaspillage dans le sens le plus pur du terme! Nous avons été un matin visiter l’îlot Gabriel, en compagnie de Brebner. Ayant surveillé le retour au nid d’un oiseau, Paille en queue, nous avons capturé l’oisillon qui venait de recevoir de sa mère un poisson entier. Denise a ramené cet oiseau vivant à Maurice. Ne pouvant survivre, nous l’avons alors confié à mon ami Courtois, taxidermiste amateur pour être empaillé. On peut voir le haut parleur pour basse et l’oiseau ‘Paille en quue’ rapporté de l’ilot Gabriel. Le propriétaire de notre première maison, Paul Dantier dit Pop par son fils, avait décidé de venir habiter sa propre maison.
Nous avons commencé un long exode qui nous a graduellement poussés à de nombreux déplacements de maisons en maisons. En quittant la maison de Paul Dantier, on s’est installé dans une petite maison en tôle et bois. Celle-ci se trouvait à côté de la maison des Crouche à la rue Pope Hennessy, appartenant à une parente de la famille Crouche. Malgré toute notre bonne volonté, nous ne pouvions qu’être inconfortable dans cette case exiguë que je n’aimais d’ailleurs pas. Denise s’en accommodait cependant, très bien, étant logée à côté de ses parents. A mon avis cela constituait un désavantage certain.
Il fallait dire adieu à la tranquillité auquel j’aspirais, car on allait dorénavant recevoir beaucoup de visiteurs. Marie France et Jacqueline devaient naître dans une cabane à côté de la maison des Crouche. Marie France est née le 3 janvier 1953. Maud et Max Mélotte, sa marraine et son parrain, sont venus fêter l’événement avec Roland, Laine et Cyril. Nous avons bu du brandy français Neyraud, pour l'occasion. Marie France avait la figure toute fripée à sa naissance, ce qui faisait dire à Roger Crouche qu’elle était née plutôt laide.
Quelques jours plus tard c'était de l'avis de tous, un très beau bébé. Marie France étant aînée des enfants a été la plus photographiée de la famille, car j'étais alors très féru de photographie, et imprimait moi-même mes clichés. Nous avons encore un album dans lequel on peut retrouver les photos de son enfance. . Dans un vieux carnet, datant de l’époque, que j’ai confié à Marie France. On peut lire « Nous avons été au cinéma hier soir, et aujourd’hui je me suis querellé avec Laine, comme d’habitude. Nous avons reçu la visite de Max et Maud, et Roland est venu nous rejoindre pour faire la fête. On a bu beaucoup de rhum . » Nous vivions très simplement, mais les fins de mois étaient difficiles. Il fallait emprunter 10 à 20 roupies de Laine ou de Maud pour le ménage. A cette période que J'ai été nommé Assistant Phytopathologiste temporaire pour remplacer Antoine qui faisait ses études en Angleterre.
Le patron Orian, avait voulu qu’on offre la situation à son propre fils, mon ancien ami Fédo. Il m'a fait un mauvais accueil, ne me considérant point compétent à occuper cette fonction. Malgré les pressions du directeur, un anglais hypocrite, j’ai accepté d’occuper ce poste dans d’aussi pénibles circonstances. Ayant emprunté le coût de la voiture du gouvernement, j’en fis l’acquisition. C’était ma première voiture, une Morris Minor verte, No. 6228. On allait donc pouvoir voyager dans toute l’île pendant le week end. Jacqueline est née, deux années après Marie-France. Elle est venue au monde sans problèmes. La sage femme était toujours Mme Marguerite Dada.
Elle avait la réputation d’être très volubile. Pour passer le temps elle nous a racontés comment elle avait été mutilée par son bébé Philippe qui lui avait mordu un sein pendant la période d'allaitement. Ayant joint le geste à la parole, j'ai dû constater de visu, qu’elle disait la vérité. Comme on habitait à côté de la famille Crouche, toute la famille était présente, sauf Laine et Roland qui travaillaient.
Malgré le fait que c'était un Vendredi Saint, c'était une belle occasion pour faire la fête. Le parrain était Roland et la marraine Gladys. Jacqueline était un assez gros bébé, bien formée dès sa naissance et qui n'a guère tardé pour sourire aux visiteurs. Etant d'une forte constitution, elle ne pleurait que rarement, ce qui faisait dire à Denise qu'elle allait avoir un bon caractère. Ayant été remercié à la section de Pathologie quand Antoine, contre toute attente, a repris son poste. J'ai été embauché une fois de plus à la section d’Entomologie comme Technical Assistant, poste que j’ai occupé jusqu’à 1955, quand J'ai été nommé Phytalus Officer une situation permanente.
La voiture a été vendue pour faire face aux difficultés financières qui devenaient intolérables. Comme on était mal logé dans la cabane de la rue Pope Hennessy à Beau-Bassin, on réussit à louer une coquette maison neuve à la rue Hitchcock, Quatre-Bornes, appartenant à Bouchet. Nous avons habité cette maison pendant quatre ans et y avons mené une vie heureuse, en regardant grandir nos deux filles. Celles-ci fréquentaient une petite école maternelle de la famille Bouton, tout près de la boutique Castel. Jacqueline y allait pour dormir, mais Marie-France, très têtue, donnait du fil à retordre à son surveillant. Un jour, elle s’enfuit de l’école et est revenue seule à la maison. Comme c’était de coutume alors de corriger les enfants fautifs, elle a eu droit à une bonne fessée à mon retour du travail. En 1957, j'ai été transféré à la section de Phytopathologie comme ‘Plant Inspector.’ J’avais un bureau à Port Louis pour contrôler les importations de plantes et végétaux. Il me fallait me rendre en douane à l’arrivée des bateaux et à l’aéroport pour celui des avions.
Comme ceux-ci atterrissaient alors au milieu de la nuit, je m’y rendais en taxi avec le planton Marday. Marday travaillait à Réduit ou il était un peu l’homme à tout faire. Je l’avais connu au Collège D’Agriculture quand il venait offrir aux étudiants une décoction qu’il qualifiait de thé.
Il s’agissait des 6e ou 7e infusions. Le planton de Port Louis, Samboo, un grassouillet, nous téléphonait à Quatre-Bornes pour me mettre au courant des arrivages. « Moi Samboo ça, Madame », c’était invariablement son entrée en matière, quand il tombait sur Denise. Il avait pris l’habitude de ‘prélever’ des échantillons de pomme de terre d’oignons et d’ail, des cargaisons qu’on inspectait, et en disposait selon sa convenance. En 1958, J'ai fait une mauvaise affaire en faisant l’acquisition d’une vieille voiture noire qui avait été maquillé avec de la peinture fraîche. Une Austin A40, No 7246. C’était de toute évidence une bagnole esquintée, ayant un moteur défectueux. J’ai eu beaucoup d’ennuis avec cette voiture et les coûts de réparations ont fondu mes rares économies.
On vivait cependant gaiement, recevant beaucoup de visiteurs. On s’amusait follement et il y avait des fêtes pour le déjeuner du dimanche et même parfois en semaine. Je me souviens que Roland et Edley Macquet, bien amochés ont dansé un soir, une ritournelle bien cadencée nommée Zambézi.
J’avais comme voisin, l’Assistant pathologiste Orieux, un individu loufoque qui était pour dire le moins un original d’une rare espèce. Il s'était présenté à Denise un matin dans son accoutrement de jardinier avec un seau contenant des plantes, en disant le plus naturellement possible « je viens planter des plantes d’ornement dans votre jardin, car je constate que Sténio n’a rien mis en terre jusqu’ici. » Le 2 Novembre 1958, on était en pique-nique à Pointe aux Roches avec Edley Macquet, sa femme Jacqueline et ses enfants ainsi que Cyril et sa famille.
Je me suis ce jour là sérieusement blessé en mer en pratiquant le sport dangereux de la douche sur les rochers balayés par de grosses vagues. Après avoir été sommairement pansé à l’hôpital de Souillac, j’ai du conduire moi-même la voiture, pour revenir à Quatre Bornes, car mes amis ne savaient pas conduire. Je suis resté trois mois alité à la suite de mes blessures au rein. Le docteur que je connaissais depuis longtemps, car il était sorti boursier de l’école primaire en même temps que moi, a trouvé alors que j’avais été chanceux de m’en être tiré à si bon compte.
En1959, André Moutia et sa femme Bernadette, sont partis en congé pour l’Europe et le Maroc. Ils m'ont demandé de venir habiter chez eux pendant leur absence, à la rue Volcy Goupille, Beau-Bassin.
La maison d’André Moutia était une assez vieille maison, qui avait été cependant bien entretenue et aménagée pour donner un certain confort. La cour était assez vaste et la devanture faisait valoir une jolie pelouse avec un magnifique letchi à côté de la maison. A l’arrière de la maison, on pouvait voir la porte d'entrée de la maison des Philogéne. C’est dans cette maison que nous nous sommes provisoirement installés. On avait accès à son salon et sa varangue; ainsi que dans sa chambre et une autre grande chambre qui était réservée aux enfants. Je me souviens des fêtes que nous avons organisées dans cette maison. On jouait de la bonne musique quand on recevait Nadeau, un ami de mon travail qui était mélomane.
Un soir, on était tous un peu éméchés en écoutant du Beethoven avec, quand les voisins ont fait venir un policier pour faire taire le bruit. Un autre jour, mon ami Lagaité est venu me rendre visite après m’avoir accompagné à faire une promenade à la cascade de Beau- Bassin. Nous avons souvent reçu les dimanches le frère de Denise ainsi que la famille Macquet. Des surprises parties ont réuni pas mal d’amis. Le violent cyclone Carol s’est abattu sur nous en janvier 1960. Nous avons vraiment eu peur en subissant les menaçantes rafales. Pendant le calme qui a duré plus d’une heure, Cyril, dont la maison avait été abîmée est venu se joindre à nous.
Le lendemain, c’était la désolation et il n’y avait plus de feuilles sur les arbres. Dans la cour, c’était une grande dévastation, et on ne voyait que des branches déchiquetées. Chez les voisins, c’était pire. Dans la ville de Beau Bassin tout était plus ou moins détruit. On a toujours, la photographie de Denise en robe rouge qui a été prise sur les perrons de la varangue de cette maison. Jean y est né le mercredi 6 Avril.1960.
Encore une fois Madame Dada, qui connaît bien la famille Crouche a aidé Denise à la perfection, tant et si bien que la naissance eut lieu en présence de nous trois, sans l'aide des parents. Le bébé et Denise se portant à merveille, on se mit tous au lit en attendant le lendemain. « Tu peux attendre demain pour aller claironner la nouvelle ! » me disait alors Mme Dada ! C'est précisément ce que je fis, car, l’événement c'était la naissance du premier garçon. Celui-ci avait une bonne tête et des joues où perçaient des fossettes. C'était l'année du cyclone Carol.
Les arbres dénudés qui avaient survécu, commençaient à peine de montrer du feuillage vert et sain. Le baptême eut lieu le jeudi 7 avril à l'église Sacré-Coeur de Beau Bassin. Jenny a été la marraine et Cyril Crouche, le parrain. Bien arrosé avec le Whisky Ushers et du champagne Veuve Cliquot, la fête du soir fut mémorable, et on était tous bien gais et éméchés pour l'occasion. Vers la fin de 1960 on a déménagé pour aller vivre dans la maison que Mazy occupait à la rue Henri Lemaire, à côté de la maison de Ignace Félix
Clair Bancilhon se remettait d’une grave maladie et Mazy était partie seule en Europe. pour un court séjour.Tout comme Jacqueline, Jean était un bébé toujours de bonne humeur, qui s’accommodait bien dans sa famille avec ses deux sœurs pour qui, il représentait une nouveauté, quelqu'un de différent. Mon beau-frère Clair était un personnage haut en couleurs, un vrai phénomène! Il était féru de littérature française et de poésie. Je me suis bien amusé à l’entendre réprimander ses serviteurs, Jenky et Dookmine. Jenky la cuisinière lui préparait des bouillons de poisson avec des têtes de Licorne. Nous étions tous consternés de constater qu’il donnait l’impression d’apprécier cette cuisine ! On a eu droit un jour, à une vraie scène de théâtre quand il se rendit compte que Dookmine avait mis du sel dans son café. Cette cohabitation avec la famille de Maisie, Clair, Dominique et Pascale n'a duré qu'une année et nous avons habité une maison neuve à Belle Rose.
Encore un autre départ pour Quatre Bornes à la rue Balgobin ou Nicole devait naître, quand Jean avait un peu plus d'un an. La maison construite en béton, située non loin du Collège saint Esprit, avait pourtant l’aspect rustique, et on n’avait pas le confort espéré. J’ai fait bientôt l’acquisition d’une Ford Prefect Nicole est née le mardi 29 Août 1961. La naissance se passa très bien, la sage femme était toujours Marguerite Dada, mais contrairement à la naissance de Jean qui s'était effectuée tranquillement entre Mme Dada,
Denise et moi-même ; Il y avait cette fois pléthore de gens, dont la maman de Denise, Laine, Maud, et quelques visiteurs amis, Cyril et Lizzy, et enfin, Edley et Jacqueline Mackey. Notre dernière-née, que j'avais appelé Colo, dès sa naissance, était plus menue que les autres enfants à leur naissance. Elle fut baptisée en l'église de Notre Dame du Rosaire à Quatre Bornes. Maisie a été sa marraine, et Gaby Edouard Betsy, son parrain. En 1962 on déménagea de nouveau pour aller à Belle-Rose, Avenue Ollier, dans une assez coquette maison appartenant à Brelu-Brelu. C’est à cette période qu’on fit le projet d’entreprendre notre premier voyage en Europe.
La voiture fut vendue en 1963, et on déménagea de nouveau pour habiter la maison familiale à Beau-Bassin. Le jour de notre déménagement a été marqué par un incident qui aurait pu me coûter la vie. Croyant que mon beau-frère Clair avait fait supprimer l’électricité je me suis équipé d’une pince ordinaire en métal pour couper un fil qui se trouvait à l’endroit du compteur. J’ai saisi un des fils et l’avait sectionné d’un mouvement brusque. Consternation! Le courant passait. Songez que si j’avais coupé le second fil je n’aurais pas été vivant en ce moment pour écrire mes mémoires.
A cette période nous allions chaque fin de semaine en pique nique avec des amis. La voiture sillonnait l’île et c’était chaque dimanche un festin au bord de l’eau. Notre voyage en Europe fut sommairement préparé. Nous n’avions d’autres ressources que mon maigre salaire de Rs. 800 au service du gouvernement. Je devais, chaque fin de mois me rendre à MillBank, pour toucher mon maigre salaire en monnaie anglaise. Nous sommes arrivés exténués à Londres Pendant le voyage, nous nous sommes occupés d’une fillette qui voyageait, non accompagnée. Ses parents sont venus la prendre à l’aéroport et nous ont indiqué une adresse d’hôtel à Somerset Gardens, près du Mayfair, quartier trop bourgeois pour notre bourse. Nous avons donc passé deux nuits seulement dans cet hôtel et ayant été chez les Wilden, ou Mme Dada était logée. Elle nous conseilla de prendre une chambre à Holloway, en attendant de trouver mieux.
A l’hôtel, on a eu droit à une spacieuse chambre en face de celle du Dr Vellin qui était installé avec sa femme et son fils. Louis Honoré et sa fille Christiane, habitaient le même hôtel ; On prenait le petit déjeuner seulement à hôtel, et je me souviens encore de la serveuse qui prenait les commandes en me demandant « Bacon and couple eggs love! » On s’habitua bien vite à cette existence et je me rendis même aux courses à Ascot, en compagnie de Gérard Vellin. L’hôtel d’Holloway était encore trop cher pour nous et on trouva une modeste chambre à 37, Sommerfield Road, Finsbury Park, plus loin au Nord de Londres. On devait habiter à Finsbury Park pendant cinq mois. On a mené d’abord une vie de touriste, en visitant la cité, parfois à pied. Je passais beaucoup d’après midis à Highbury, le célèbre stade de foot pour voir jouer Arsenal.
J’ai vu jouer de grandes vedettes qui sont depuis devenus des entraîneurs de clubs. Il y avait à côté de Finsbury Park, une grande étendue de pelouse avec un charmant lac qui était fréquenté par des cygnes, dont le cygne noir d’Australe et une multitude de canards. Pour assister aux courses à Alexandra Park, il fallait marcher pendant deux heures pour atteindre le château qui était situé au niveau de Wood Green. Nous nous mettions confortablement sur une pente pour voir les courses de chevaux. Les meilleurs jockeys de l’Angleterre, participaient à ces épreuves, mais je me souviens d’une course particulière ou l’on ne faisait courir que deux chevaux, comme à Maurice! Un des chevaux était cependant monté par Lester Pigott. Jenny, Léon et les deux fillettes, Lysel et Rosemay étaient en vacances à Londres et logeaient à Victoria en même temps que la famille Hennequin. Nous avons donc rejoint la famille Julien pour les visites traditionnelles à Hampton Court, Greenwood et Windsor. N’ayant pas encore visité le château de Versailles, nous avons été impressionnés par les peintures et décorations intérieures des chambres.
Quelque part dans les jardins d’Hampton Court, on peut admirer une vigne qu’on dit millénaire. On était fier d’avoir pu contempler l’authentique Cutty Sark, sur les berges de la Tamise à Greenwood en se souvenant qu’on se tenait à la longitude zéro! Le château de Windsor, plus près de Londres était encore habité parla famille Royale, mais on permettait les visites dans plusieurs chambres, dont le’Waterloo Chamber’, où se dresse une table de banquet, chaque année, le 18 juin, jour anniversaire de la bataille de Waterloo. J’avais alors 38 ans, et Denise, 33. On se plaisait, pour s’instruire, ou par simple curiosité de visiter tous les musées.
On était tantôt au musée de Science ou de science naturelle South Kensington, ou dans les galeries d’art de la National Gallery ou de Tait Gallery. On a visité plusieurs musées moins connus comme la Wallace Collection. Ces visites étant gratuites, nous avons profité pour visiter plusieurs fois la plupart des musées. Nous avons été émerveillés de découvrir les meilleurs tableaux connus, ceux de Rembrandt, de Greuze, de Renoir, de Raphaël, et même de peintres anglais comme Turner. Un matin la vieille Mme Dada, nous a accompagnés lors d’une de ces visites à la British Museum. Elle semblait perdue au milieu des blocs gigantesques venant d’Egypte, de Mésopotamie ou de Perse. Elle a eu un frisson devant les momies Egyptiennes, et a contemplé sans commentaire la roche de Rosette qui avait permis à Champollion de découvrir les secrets des hiéroglyphes d’Egypte. En présence des exhibitions de poteries et autres sujets en porcelaine elle proclama son mépris en disant « Qui faire to carquille to lizié coum ça couillon, ça benne cachepot là ramasse ec la pelle dans Riviére des Anguilles cotte vieux matantes. » Maud, la petite sœur de Denise arriva en Angleterre pour s’y établir et j’eus la surprise de la voir en compagnie de Marcel Audibert, un soir ou Denise était restée chez Jenny à Waterloo. Elle devait habiter chez les Wilden avec Mme Dada et chercher du travail. Nous avons cependant pu visiter ensemble, plusieurs sites intéressants, dont le jardin de Kew. Nous avons retrouvé des plantes exotiques dans les serres à grandes superficies. Nous nous sommes installés à coté de la pagode chinoise pour le déjeuner sur l’herbe. Ce simple repas consistait invariablement en des sandwichs de jambon, de saucisses ou de poulet et des fruits. Nous n’avions guère de moyens pour aller dans les restaurants que l’on inspectait de loin, sans envie. Nous nous contentions de peu, ayant de la reconnaissance pour le très- haut de nous avoir permis de visiter une cité aussi célèbre et de contempler ses merveilles. Après trois mois de cette vie de farniente, nous avons pris la décision de travailler étant donné que nous avions des fins de mois plutôt pénibles. Denise fut la première à trouver un emploi dans une imprimerie. Après trois semaines au travail il devint évident q’elle n’allait pas pouvoir s’y faire.
Elle s’obstinait à penser que les autres filles la surveillaient, et qu’on parlait d’elle derrière son dos. Après une courte maladie, elle abandonna ce travail. Malheureusement après quelques semaines, elle décida de travailler de nouveau dans une entreprise de fabrication de sacs à main pour dames. Le propriétaire est venu à Sommerfield Road pour me proposer du travail également. C’est ainsi que tous deux, on se rendait à Holloway le matin pour passer une longue journée de travail manuel dans une vielle bâtisse, à l’architecture typiquement vieille anglaise. Après un mois, Denise qui ne s’adaptait toujours pas, a souffert d’une dépression nerveuse. Elle a démissionné de son travail et s’était enfermé dans la chambre d’hôtel pendant que j’étais au travail. La santé de Denise devait se détériorer et on l’emmena en compagnie de Jenny et Léon à l’hôpital français de Londres. Le médecin, une jeune femme, ne diagnostiqua qu’une simple dépression nerveuse et lui avait prescrit des calmants. Ces médicaments devaient lui rendre plus relaxe, mais assez morose.
Elle devait demeurer dans cet et ne profita nullement du reste du voyage. Pourtant, après six mois en Angleterre, on s’est rendu en France où on devait rejoindre les Julien. On avait obtenu une petite chambre d’hôtel à côté de celle des Julien à la Rue Lange, dans le quartier latin. Comme on était à Paris nous avons rendu visite à Ludovic et Gladys, celle-ci était alors enceinte. Après avoir visité un peu Paris, nous avons de nouveau pris l’avion pour Marseille ou on devait passer quelques jours chez Max. Ma maman en visite en Europe à ce moment habitait chez Max avec les Julien. Nous avons toujours une photographie qui la montre dans un vignoble, ravie de tenir entre ses mains du raisin fraîchement cueilli. Max avait loué à notre intention un appartement de l’hôtel très connu de Marseille, construit parle célèbre architecte le Corbusier. Mon frère semblait alors très prospère et avait déniché le contrat de réparer les canaux de la cité.
J‘étais impressionné par sa flotte de grands camions et de ses tracteurs. Après un court séjour à Nice, on est reparti pour Rome. C’est difficile de raconter l’étonnement des habitants d’une petite île, devant les merveilles de Rome. Nous n’avions plus guère d’argent à la fin de notre long périple, mais avec un repas de sandwich par jour et des fruits, nous avons parcouru à à pied la partie la plus célèbre de cette métropole.
La visite à Saint Pierre de Rome nous avait émerveillé, et quand Denise se pencha à la fontaine Trévi pour jeter quelques pièces sans valeur, on savait au fond de nous même qu’on allait réellement revoir Rome. Nous avons en effet accompli deux autres voyages à Rome. Denise retrouva ses enfants avec soulagement, mais retint toutefois des séquelles de sa dépression. Elle n’avait plus tout à fait le même caractère et pour la première fois depuis notre mariage, elle prit du poids. De retour dans la vieille maison familiale de la rue Téléphone, Je repris mon travail comme Assistant Pathologiste au département d’Agriculture en m’intéressant spécialement à la Mycologie. Mon chef hiérarchique était Luc Orieux, un personnage bizarre qui s’était converti au Chritian Scientist et comme tel ne croyait pas aux infections, donc aux méfaits des bactéries. Il me délégua ses pouvoirs et je me comportais de plus en plus comme le vrai responsable de la section.
Je pense avoir acquis beaucoup d’expérience non seulement dans ma discipline mais dans l’administration et l’organisation du travail. C’est pendant cette période que j’ai écrit parfois seul ou en collaboration avec Orieux un certain nombre de papiers scientifiques, la plupart, je pense, de peu d’importance. Nous avons publié une brochure sur les maladies des plantes et une deuxième, qui fait état d’une liste des maladies des plantes à Maurice, édité par la presse britannique du Commonwealth Mycological Institute. Cinq ans avant la fin du siècle ce sont encore les deux seuls ouvrages du genre pour Maurice ! Entre copains, on s’amusait beaucoup en s’adonnant au syndicalisme. Grand Baron un des frères Burrenchobay avait créé le syndicat, une association de bons lurons avec Pablot, Guérandel dit Pipo, France Nadeau, et Lagaieté dit Sonny. et le chef financier Bhagat. On se rendait fréquemment à l’hôtel le soir pour boire du whisky et même du rhum, et dans un brouhaha de gens éméchés, on parlait de tout : littérature, sport et politique.
Pour Baron on était tous des cons et il répétait toujours « Ne dites pas des bêtises. ». Un soir où j’étais aussi éméché que les autres, et que je conduisais la voiture, j’ai insisté auprès de Bhagat pour qu’on aille voir au flanc du Corps de Garde, le site où on brûlerait Bhagat à sa mort, comme tout bon Maraz. Tous ces copains sont aujourd’hui morts… Baron, qui avait été fait vice-chancelier de l’uiversité par son protecteur le Premier Ministre Ramgoolam, est mort à Londres. Pablot, Bagat et Pipo, après la retraite.
Nadeau est mort très jeune. Enfin Sony, célibataire endurci est mort en 1998.
Edmond, notre charpentier de la section de Pathologie, qui m’aimait bien, nous avait construit un garage d’un côté de la maison, pour abriter la Ford Prefect B755, car un lundi de Pâques on avait volé la voiture. La voiture fut retrouvée trois jours après, quelque peu abîmée et sans batterie! Nous avons déménager encore pour occuper une maison àla rue Brodie, Beau Bassin. C’était une vieille bâtisse en béton mais avec des portes en bois mal lambrissé. Il n’existait pas d’antivols. ce qui nous a valu un jour la visite d’un cambrioleur, probablement asthmatique. Il réveilla Jacqueline en passant près de sa chambre avec sa respiration haletante Il réussit à enjamber la fenêtre, quand, réveillé, je me mis à le poursuivre en l’invectivant de forte manière. Il réussit à nous emporter une belle pendule murale et à donner une grande frayeur à Jacqueline.
Ayant déclaré le vol à la police de Quatre-Bornes, le chef policier, ne trouva rien d’autre à me déclarer que « C’est terrible! » N’étant pas un vrai gradué d’université étrangère je n’avais pas de possibilités de devenir le Chef pathologiste. Le directeur d’alors Ffrench Mullen, me fit cependant offrir une bourse pour un cours de trois mois en Australie pour étudier la Quarantaine.
Il me recommanda en plaisantant de ne pas entreprendre des études sexuelles comme certains! Il faut rappeler, que le pathologiste en voyage en Australie une année auparavant avait été arrêté et à l’amende pour avoir introduit des photos pornographiques en Australie. Il devait déclarer avec une candeur étonnante à un juge d’Australie : « I am a student of sex! »
J’ai entrepris le voyage en Australie en 1966 dans le petit avion de la South African Airways, un avion qui avait souvent la réputation d’avoir des problèmes. Mon ami D’Espaignet qui était de service à l’aéroport, m’a fait observer que j’avais opté pour le « cercueil volant. » L’avion faisait à l’île Cocos où la piste d’atterrissage couvrait pratiquement toute la superficie de l’île avec des rubans de cocotiers de chaque côté et des barbiches de broussailles dans certains endroits. L’île était balayée par des vents assez forts. J’étais étonné de la lenteur avec laquelle on traversait le continent qui se défilait à nos yeux, par un temps sec et pratiquement sans nuages.
La cité de Sydney, avec ses faubourgs m’a apparu spectaculaire avec ses amas interminables de petites lumières. Voyager seul dans un grand pays peut être éprouvant, mais tout s’arrange si l’on est bien accueilli. Les autorités australiennes ont établi un excellent programme d’accueil pour ses invités étrangers qui bénéficient de bourses d’étude. je dois dire que j’ai été fort bien accueilli, car pour les trois prochains jours j’étais logé, ainsi que d’autres étudiants, dans un hôtel au bord de la plage à Bondi Pacific. Le lendemain matin, j’ai pu tremper mes doigts pour la première fois dans l’eau froide du Pacifique. J’ai été content de visiter Sydney en compagnie d’un Philippin, Simeone Estocapio, et nous avons parcouru a pied les rue de la cité allant de King’s Cross au célèbre pont de Sydney à côté de la grande et magnifique rade de Sydney. Nous avons pris l’avion pour Canberra où devaient se tenir les cours théoriques.
Canberra st une cité moderne, construite avec des plans futuristes. On y a construit des ponts avant de détourner une rivière pour a circonstance. Certains bâtiments comme l’institut d’anatomie sont nettement d’une architecture futuriste.
Le City Square était en 1966, une place pratiquement vide, et devant la statue d’Eros, on n’était que quelques étudiants à contempler le paysage. Nous étions logés à l’hôtel Kurrajong, ou nous avons bénéficié des grandes mbres fort confortables. A cette période Canberra était encore au stage de l’ébauche et les bâtiments du ministère des affaires étrangères où on suivait les cours, ne se composaient que de quelques baraques. Les zones résidentiels étaient parsemées dans l’enceinte de la cité, avec des délimitations commerciales. Le Anzac mémorial, en l’honneur des combattants de la dernière guerre était cependant achevé et après avoir traversé un long boulevard, fort pittoresque encadré de mimosas et de rosacées florifères., on pouvait y accéder et visiter le sanctuaire qui étai imprégné d’une musique douce, vraisemblablement perpétuelle. Le Restaurant Carrousel Hill domine la cité Il st surmonté d’une tour originale de forme pyramidale. Nous avons visité un Dimanche, le Cotter Dam ,une digue qui se trouve à 20 milles de Canberra. La cascade est magnifique et de loin on peut voir la neige sur les pentes des montagnes. Le soir, dans la salle de séjour commune; on se mettait devant la télévision avec des gosses d’Australiens qui habitaient l’hôtel et la présentatrice prononçait en anglais australien « This is Tv Canberra Cooma Béga ». Après un séjour d’environ un mois à Canberra, nous sommes partis en avion pour Sydney, où nous avons habité non loin de la cathédrale à Yarrong Street. En grimpant une route abrupte, jonchée de restaurants de cuisine exotique ou italienne, on accédait à Kings’Cross, un peu le pendant du Soho anglais. Il y avait le Pink Pussy cat , Le Kia Ora shop. Dans un coin la fontaine « El Alamein », avec ses jets d’eau en forme de roue. Il semble qu’en Australie les fontaines sont fonctionnelles, ce qui n’est pas le cas à Maurice, ou après une courte période d’essais, tout est a sec.
Ce coin de Sydney ne vole pas sa réputation, car dés mon premier soir j’ai été accosté par une petite australienne boulotte et passablement agréable qui m’a invitéà sa manière. « Want a girl? » En 1966, l’Opéra House de Joern Utzon, étalé sur une superficie de 7 arpents si célèbre de nos jours, était en voie de construction. Nous avons tenu, Simeone et moi même de grimper en ascenseur le AMP building, d’ou l’on peut admirer le centre de Sydney et la rade. Nous avons alors fait la connaissance d’une famille Australienne, la mère et ses deux grandes filles. Simeone a voulu faire des photos. Mes copies ont été depuis détruites par Denise dans un de ces élans caractéristiques de méfiance. Nous avons pris un Coach à Sydney pour un long périple qui devait nous conduire à Adelaide.. A Wagga-Wagga, nous avons pris logement dans un coquet petit hôtel. La nuit, on se divertissait comme on pouvait en parcourant les rues presque désertes de la petite ville. Un commerçant qui nous avait vu venir feignit d’être très étonné et nous dit en riant. « Where do you come from, the moon? » Deux jeunes filles de bonne humeur nous ayant croisés en riant, Simeone qui ne manquait pas d’audace, trouva la bonne formule pour faire connaissance en disant « Allo, may we share your happiness! ». De Wagga Wagga, on est parti pour Leeton, où on était logé à l’hôtel Riverina, avec un confort étonnant ; les chambres du motel sont de radio et des douches personnelles. Nous avons logé dans d’autres motels, dont le Deakin que l’on voit dans la photo. J’ai écrit une longue lettre à la famille, ventant les merveilles de ce long périple. Jean venait de subir un accident déplorable quand Marie-France qui cuisinait lui a versé un plat de lentilles bouillant, venant du réchaud sur le crâne, et Nicole était tombée dans un canal au bord de la rue Téléphone, et avait perdue quelques dents. J’ai retrouvé une vieille carte postale avec une photographie du fameux Kookaburra, l’oiseau qui imite la voix humaine. On entend son cri tous les jours à Radio Australie et partout dans le monde ou on est à l’écoute de ses émissions.
J’ai écrit : « A Jean, attention a la cuisine de Marie-France, ne te fais pas cuire le crâne. A Nicole: Attention quand tu marches dans la rue. il ne faut pas perdre toutes tes dents. » Un voyage par train nous a conduit à Melbourne, où une partie importante des cours devait avoir lieu. Il faisait cependant froid, au bord de la mer à un hôtel de Saint Kilda ou on était logé. Malgré tout, nous avons visité le centre ville, ainsi que les faubourgs. Simeone et moi-même avons été invités un dimanche matin chez une famille de planteurs qui habitaient un ranch, assez loin de la cité. C’était des gens fort aisées et même riches. Toute la famille était à table pour nous demander des nouvelles de nos pays respectifs. Ils nous ont emmenés ensuite faire une longue tournée dans les forêts avoisinantes.
C’est ainsi que j’ai pu voir des Kangourous, de plusieurs espèces dans leur habitat naturel, ces animaux étaient plus farouches que ceux qu’on peut toucher dans le Zoo de Taronga Park, au bord de la rade de Sydney. Des familles de Koala s juchaient tout au sommet des eucalyptus qui s’étiraient tout droit vers le ciel. Le jour de la fameuse course hippique, La Melbourne Cup, est congé férié à Melbourne. Ayant obtenu des billets de tribune, je me suis rendu par train avec le représentant indien. On y rencontre moins de monde que pour le Maiden à Maurice, car les Australiens préféraient alors jouer confortablement aux Tabs. On en trouve dans tous les coins des villes et des grandes cités. Le voyage de Melbourne à Brisbane, une nuit et une matinée, est très éprouvant, les trains ne sont pas aussi confortables qu’en France et on arrive difficilement à prendre sommeil. On voit se dérouler à perte de vue des étendues de forets d’eucalyptus, parfois même des plages immenses de plantes brûlées par le feu de brousse. Dans certains endroits, on pouvait voir quelques paddocks d’herbe verte avec une multitude de moutons.
Mon ami Monty, qui étudiait l’entomologie à l’université de Brisbane était venu m’accueillir à la gare. Nous avons logé dans les appartements de la YMCA, non loin du centre. J’ai eu l’occasion de retrouver le docteur Emmanuel Rochecouste, qui avait émigré en Australie avec sa famille. Il m’a invité à un copieux déjeuner, bien arrosé par du vin rouge australien. Il m’avait ensuite fait visiter une réserve d’oiseaux avant de me faire visiter la magnifique plage de Gold Coast. Cette plage qui ressemble à celle de la Baule, en France, est cependant plus grandiose, s’étendant sur plusieurs kilomètres. On peut voir des avions atterrir et décoller d’une piste d’atterrissage pour les avions de touristes. Nous avons visité Toowoomba, où il a fait très chaud. Les mouches pullulaient et une australienne nous a fait le commentaire dérisoire « They just sit on you ». Nous sommes retournés par avion à Sydney pour un jour, avant de repartir pour Canberra. C’était le moment de résumer les cours et de préparer son rapport. J’ai alors revu l’hôtel Kurrajong avec plaisir. Nous étions devenus des habitués. Après un autre court séjour à Sydney, je me suis revu seul allant en direction de l’Ouest et de Perth. J’ai pu avoir un jour entier pour visiter cette cité, un peu différente des autres, avec des maisonnettes datant des années 1800. La South African Airways m’a ramené à Maurice ou m’attendait la famille.
En 1967, nous avons habité à la rue Stevenson à Quatre Bornes. La maison était située à côté d’une vaste plaine à l’arrière d’une autre maison qui faisant face à la rue.
Elle appartenait à Osman, une haute personnalité de la politique. On pouvait accéder à une terrasse se trouvant en haut de la maison par un escalier externe. Il fallait surveiller Cyril, le frère de Denise, quand il prenait cet escalier après avoir bu une demi-bouteille de rhum. J’ai fait un autre voyage dans un pays étranger, cette fois à Madagascar en compagnie de Ricaud. J’étais toujours employé au ministère d’Agriculture, mais j’avais eu une offre pour joindre la MSIRI, et on faisait des démarches pour le transfert. N’ayant pu nous procurer des billets de classe touriste, la compagnie nous a offerts de voyager en première classe.
J’ai donc voyagé en compagnie du Garde des Sceaux de Somalie, un homme sans doute important et d’une certaine maturité qui me questionnait sur mon pays d’une manière toute condescendante en buvant du champagne. Il m’avait alors dédié une missive dûment signée que je n’ai pas conservé, n’étant guère amateur de souvenirs de personnages passablement célèbres. En 1969, nous avons logé à Cascade Road, Beau Bassin, dans la maison du ministre Bussier. C’était une maison assez confortable du style jumelé.
Les enfants s’adaptaient bien dans cette nouvelle maison, car il y avait de la place pour jouer et plusieurs amis. J’avais eu un chien avec mon ami Carmagnole, et les enfants l’avaient adopté. Il s’avéra que Carmagnole s’était trompé, car le petit toutou était en réalité un chien de chasse. Les voisins n’aimaient donc pas quand il se défoulait en parcourant les pelouses d’une grande vitesse.
Nous avons été malheureux quand il mourut empoissonné. Nous avions un garage, qui quand il était inoccupé, servait de piste pour le petit train que j’avais rapporté d’Angleterre. Un voleur nous a soustrait les rails de ce train en laissant la locomotive et les wagons. Tant pis, le garage fut bientôt occupé par la voiture K 216 ,une Austin de couleur verte. C’était une excellente bagnole, qui ne donnait aucun problème et qui nous a permis de faire de longues randonnées et des pique nique avec des amis. Je me souviens que l’oncle Fils Terrière était venu nous voir un soir et qu’il avait apprécié un cari d’ourite, arrosé alors par du rhum blanc. Nous avons assisté au mariage de la fille Dulaurent, un autre voisin, avec un français. Je les connaissais que très peu et avais été consterné quand la mère de la mariée me téléphona dans la journée pour me demander de faire le discours conventionnel, car Bussié qui devait le faire avait eu un empêchement majeur. J’ai donc fait les éloges de deux personnes amoureux, que je ne connaissais guère.
En 1971, J’ai pu étrenner ma première voiture neuve quand j’ai rejoint la MSIRI, comme Assistant Pathologiste. J’avais été choisi par le directeur Antoine pour m’occuper particulièrement des cultures vivrières notamment la pomme de terre et l’arachide. Le chef Pathologiste Ricaud, avait l’habitude, tout comme Antoine de travaille pendant la deuxième partie de la journée, ce qui fait que c’est à l’heure du départ vers 4 heures qu’il disait « Je vous vois dans quinze minutes. » Les deux collègues Sullivan et Ferré, subissaient le même sort, non sans maugréer. II fallait travailler dur pendant cette période pour faire aboutir les recherches, et je suis resté à Réduit avec Ricaud parfois jusqu’a 7 heures du soir, avant de reprendre ma voiture neuve pour regagner ma maison. Bussier voulant vendre sa maison, il nous a fallu partir, et nous avons déménagé, cette fois pour aller à Rose Hill au No.6 Rue Lamartine, une maison appartenant à un chinois.
C’était une assez grande maison moins confortable sans doute que la précédente, mais que les enfants aimaient en raison je pense de la proximité au Plaza. C’est dans cette maison que j’ai souffert un matin d’un saignement de nez assez conséquent. Ma sœur Maud était venue me voir, en compagnie de Mme Dada et s’exclamait «C’est inouï comme il peut saigner! » Elle faisait référence sans doute à mon premier accident d’hémorragie du duodénum, autrement sérieux.
On m’admit donc à la clinique du bon pasteur et la religieuse en charge pensait que j’avais de la chance de saigner après une attaque. Diagnostique incorrect car je n’avais qu’une infection au nez qui a nécessité une brûlure des narines en salle d’opération, par un spécialiste. Un lundi matin, ayant une tête de bois après avoir bu la veille en compagnie de Cyril, j’ai eu des douleurs inhabituelles dans le bas ventre. Nous avions fait la grande tournée de la Rivière Noire et à travers le Morne, vers le sud et Souillac. Le docteur diagnostiquera l’appendicite et m’a fait admettre de nouveau à la clinique; le chirurgien me révéla qu’il allait m’opérer « Quand?.- dans une semaine, »- Il rit « Aujourd’hui même, cet après midi !- Mais j’ai bu de l’alcool hier pendant toute la journée »- « il faudra s’en accommoder » je fus bel et bien opéré mais il a fallu un peu plus de gaz pour m’endormir, d’ailleurs j’ai pris un temps assez désagréable sentant des raideurs et ayant un bourdonnement inhabituel aux oreilles, avant de m’endormir.
Le lendemain matin, tout raide et souffrant de mes blessures, je plaisantais avec une garde infirmière dont la frimousse me revenant bien. J’ai pu retourner chez moi après quelques jours, un peu expulsé par le docteur qui n’appréciait pas mes sessions de rire avec l’infirmière. Jaloux? J’ai pu conduire moi-même la voiture, non sans peine pour revenir plus tard à la clinique, pour enlever les fils. Nous avons pendant cette période reçu les visites de Max et Mathé et nous avons eu l’occasion de faire de nombreux piques-niques. Pendant les visites à Maurice de mon frère Max et sa femme Mathé, on allait un peu partout dans l’île surtout dans les endroits réputés pour la qualité de la plage et les bains de mer. C’est ainsi que l’on était souvent à Belle Mare, Peyrébère et Flic en Flac.
Gladys et son mari Ludovic, un notaire, en voyage à Maurice ont participé à ces sorties au bord de la mer. En 1973, nous sommes retournés dans la bonne vieille maison de mon enfance à Beau Bassin. Denise et moi-même sommes partis pour l’Europe, cette fois avec plus de plaisir.
Le voyage devait durer environ 3 mois. Après un séjour en France, ou on avait fait la fête avec Marie Rose et Albert Le Hoeddec, et bu du bon cru à même sa cave de vins, nous avons fait mieux connaissance avec la superbe cité de Paris. Le voyage par avion de Paris à Amsterdam a été très court et nous avons pris le train le même jour pour Ede. Comme il n’y avait pas de logement disponible à Wageningen , où je devais étudier, on s’installa dans un luxueux motel à Ede. Il n’y avait pas grande chose à visiter à Ede mais on était logé convenablement et je pouvais quitter Denise devant la Télévision en allant à Wageningen. Un Hollandais parlant bien le français, avec son accent barbare, me prit en charge et me fit visiter le nord de la Hollande. C’est un pays plat avec des lacs et des moulins à vent. Nous avons été jusqu’au Zuyderzee au bord de la mer du Nord pour voir les Polders et prendre le pouls du peuple Hollandais dans sa lutte contre les marées, pour préserver les terres acquises avec une étonnante patience à travers des méthodes qui semblaient plutôt simples. Denise aimait bien l’accueil de l’hôtel, mais la cuisine ne nous convenait guère et elle disait que la langue ressemblait fort à un gargarisme.
Le climat était plutôt froid mais agréable. Délaissant Ede, nous avons été passer deux jours à Amsterdam dans un petit hôtel au bord d’un des multiples canaux de cette curieuse cité. Nous avons eu du bon temps à flâner dans les ruelles d’Amsterdam, contemplant les maisonnettes fort coquettes mais aussi le palais Royal avec sa superbe façade et avons même visité un cirque, assez tapageur, non loin de notre hôtel. En prenant l’avion pour Londres j’ai été étonné des fouilles de valises et même des personnes. C’était le tout début d’un accueil nouveau de voyageurs à travers le monde.
Il est vrai que les attentats étaient de plus en plus nombreux et meurtriers à Londres. On trouva la famille Maulguet à l’aéroport et on s’était rendu à Carysford Street où ils louaient une maison. Jocelyn Betsy et Alain Crouche habitaient alors chez Maud et c’est en leur compagnie que nous avons célébré certains soirs en faisant la tournée des pubs et en consommant de multiples brocs de bière. On avait alors des spectacles de Strip tease gratuits dans certains pubs. Il fallait voir ces satanées danseuses se tortiller sur une scène improvisée dans une atmosphère de fumée de tabac et de vapeurs de bière. Dans le pénombre on voyait ces têtes d’hommes attentifs, aux yeux calculateurs, groupés autour des tables. Jocelyn, marié à une Réunionnaise, s’étant recyclé en informatique, s’est établi finalement en France où il a une coquette maisonnette dans les environs d’Orly. Il a un fils et une fille. Alain plus malchanceux est mort en Australie. Il venait d’avoir 40 ans. J’ai quitté Denise à Londres pour diverses missions au Surrey et au Kent. J’ai ensuite pris l’avion de nuit à la gare de King’s Cross. J’avais comme compagnon de voyage un Ecossais qui est arrivé tardivement, et paraissait éméché, ayant bu pas mal de bière. Il s’excusa cependant, admit avoir quelque peu bu et me raconta même son histoire. Il se rendait a Aberdeen pour régler une succession, car ses proches parents venaient de mourir.
Le lendemain matin il se révéla un homme cutivé, un peu honteux de sa conduite de la veille, qui s’efforça de me mettre à l’aise. Je devais voyager jusqu’a Dundee pour voir un professeur mauricien et visiter l’université. J’ai été impressionné par la quiétude de la rivière Kee se trouvant à l’entrée de Dundee. L’eau paraissait noire avec une présence marquée de groupes de phoques. Ma première impression a été que le site était lugubre. Triste Dundee! J’ai habité chez Pérombelon et sa femme qui se sont montrés très accueillants. Je les connaissais pourtant qu’à peine. Après la visite de la cité, j’ai pu entreprendre les discussions avec des chercheurs de l’université. Trois jours plus tard, j’ai pris le train avec plaisir pour visiter Edimbourg. Cette ville plus coquette que Dundee était ce jour là balayé par des vents violents. Je m’étais habitué au système de transport d’Edimbourg, et j’ai pu visiter plusieurs sites intéressants, y compris un Zoo.
C’est nombre de phoques et de pingouins de plusieurs variétés. J’ai aussi visité le palais de Hollyrood et le château d’Edinburgh. Dans un coin du jardin prés du château, il s’y trouve le célèbre cimetière de chiens avec les petites tombes et les épitaphes de chiens. « To my beloved and affectionate Bobby. Eternal regrets » Paradoxalement, dans cette ville où le whisky est roi, j’en ai bu très peu. Le train du jour m’a ramené à Londres avec des souvenirs en cachemire pour tous. De retour à Paris, nous avons été chez Gladys et nous avons téléphoné à mon ami Delanoe qui nous avait invité a venir chez lui en Bretagne pendant qu’il était en stage à Maurice.
Il nous a accueilli à la gare de Nantes et nous a fait une tournée touristique de la ville en voiture. On se rendit ensuite à Corcoué, un petit patelin bien caché, au milieu des vignobles dont certains appartenaient à sa famille. Nous avons fait la connaissance des parents de Dominique ainsi que de ses nombreux amis, et de ses clients qui venaient acheter des bouteilles de vin . Les Delanoe sont parmi les producteurs du Gros Plan, un vin blanc très sec. Ayant visité les vignobles et goûté les belles grappes de raisin, nous avons pu étudier les différentes étapes de la vinification. Et j’ai même participé au contrôle chimique de la production. La famille Delanoe nous avait alloué une maisonnette rustique en pierre, ayant un style de construction typique de la localité.
Le soir devant un repas plantureux, on écoutait avec ravissement le père Delanoe parler de ses souvenirs viticoles. Plus tard, Dominique est venu nous retrouver pour parler de la MSIRI et des copains de jadis. Il se souvenait en riant de l’aide qu’il m’avait accordé pour écrire le discours de mariage de Férré. Notre ami Ferré avait épousé la fille d’un ancien camarade de jeunesse et celui-ci m’avait choisi pour le traditionel discours. Tous les copains voulaient profiter de l’occasion pour faire des facéties sur le compte du pauvre Jules. Avec ma complicité on a rédigé de commun accord un discours sur mesure pour mettre en évidence, mais avec humour son rude caractère et ses petites habitudes.
En 1974, nous avons quitté la maison de Beau Bassin pour prendre hâtivement une mauvaise demeure à la Rue Blondeau, Rose Hill. Je ne devais y demeurer qu’un mois et a été poursuivi par le propriétaire pour rupture de contrat. Il n’eut comme compensation qu’un demi-mois de loyer et on s’installa a Belle Rose près de l’église St Jean dans une bonne maison appartenant à un officier de police Celui-ci, fort aimable au début, devint plus tard agressif et nous dégoûta d’habiter sa maison. J’appris quelques années plus tard qu’il s’était pendu. N’anticipons pas. Nous avons passé de belles années dans cette maison et nous y avons même fêté nos 25 ans de mariage. La messe dite par le père Lajoie a été chantée par Jean Luc Renker qui devait plus tard se faire prêtre. On avait invité avec toute la famille, Pierre et Roger Crouche ainsi que Bernadette Moutia. Le whisky Ushers a coulé librement. On allait souvent faire des séjours au bord de la mer surtout dans le campement Didier à Poste Lafayette.
C’est lors d’un de ces séjours avec Eugène et Maud qui était à Maurice que Jacqueline eut à son tour une dépression. Soignée par plusieurs psychiatries, elle a fait plusieurs séjours en clinique sans aucune amélioration de son état. Elle souffrait d’une nervosité extrême avec des angoisses. Cet état dépressif dura plusieurs années, les plus belles de sa vie et petit à petit elle redevint normale mais avec des séquelles de nervosité. Je crois avoir pris alors un coup de vieux, en raison de ce grave problème, qui paraissait alors sans issue. Pour le quinzième anniversaire de Jean, on organisa une petite fête en compagnie de Roland. Celui-ci conduisit la Simca pour la randonnée traditionnelle à Rivière des Anguilles, chez les tantes de Denise et la famille Comty. Il perdit contrôle de la voiture à Britannia et on se retrouva dans un canal assez profond. Le 29 Décembre 1975, on acheta une autre voiture neuve, la Renault At 804 pour Rs. 42500.
Nous avons depuis conservé la même voiture qui est demeuré en ma possession pendant 22 ans. Nous l’avons vendue en Décembre 1998. Elle valait encore Rs. 50000. En 1977, on est retourné dans la maison de Maman à Beau Bassin. On devait entreprendre un voyage en Europe pour le mariage de Marie France. Celle-ci avait connu un militaire français, Jacques Koerkel, par correspondance et l’ayant rencontré lors d’un précédent voyage avait décidé de l’épouser. Nous avons passé d’abord quelques jours à Londres où nous avons habité chez Eugène qui vivait alors avec sa mère Solange, ayant le sobriquet de Sosso.
Elle avait un caractère jovial et nous avons passé de bons moments ensemble. De retour à Paris nous avons fait la connaissance de Jacques et avons eu une chambre à Trappes ou il habitait. Nous avons fait un long voyage à Lourdes en voiture avec Marie-France et Jacques pendant notre séjour. Nous avons été également en Bretagne, pour voir les parents de Jacques. Paulette et Georges Koerkel .Le jour du mariage il y avait les parents de Jacques, sa sœur, ses frères et belle sœur. De notre côté, Laine et Fernand, Gladys, Albert et Marie-Rose, et Patrick Crouche. Pendant ce séjour à Trappes, j’ai pris le train pour Grenoble pour revoir Max. Celui-ci me fit visiter la région ainsi que le Vercors et l’Alpe d’Huez. Nous avons dignement fêté notre anniversaire de mariage à Trappes, le 14 juillet. Le soir nous avons pu admirer les feux d’artifice aux Champs Elysées. Avant de repartir pour Londres Jacques et Marie-France nous ont fait visiter le sanctuaire de Lisieux.
En 1878 on m’a nommé Scientific Officer en pathologie à l’Institut de Recherches. J’avais compris que c’était pour la direction mon bâton de maréchal, car on ne devait jamais me nommer Senior Scientific Officer. La même année on déménagea de Beau Bassin pour aller à la rue Brodie. C’était une demeure modeste en partie en bois appartenant à une chinoise qui possédait une boutique à Rose-Hill. Nous avons reçu dans cette maison la visite d’un voleur qui n’a heureusement rien pu emporter. En 1979, l’Institut de Recherches me délégua pour assister à un congrès de 12 jours aux Philippines.
Comme il n’y avait pas de transport direct, j’ai pu profiter de l’occasion pour visiter Bombay en deux fois ainsi que Bangkok et Singapour. Manille est une grande métropole avec sa population de métis malayens et espagnoles. De Manille nous sommes partis pour l’université ou se tenait les conférences. Nous avons visité Banang La Union, une plage des Philippines et le volcan Mayon qui surplombe le lac artificiel de Nagong. Les Philippins sont des métis d’espagnol de malais et de chinois. Ils aiment la fête, les fiestas. Le transport public est vraiment folklorique. Les jeepneys, ornés de fanfreluches métalliques rutilantes, crèvent les yeux sur les routes. La tournée aux Pangasanjan falls a été mémorable. Je me revois filant à toute vitesse dans un étroit canoë à travers les méandres d’une rivière avant d’atteindre la haute cascade.
Le canoë, piloté par de vrais experts, va frôler les chutes, périlleusement, avant de revenir vers la rivière bordée de grosses roches. Nous avons accompli un long voyage à travers la montagne par une route poussiéreuse et en lacets au bord des précipices, avant d’atteindre Baguio City à 5000 pieds d’altitude. Nous avons logé à Baguio City Pines Hotel, à côté de la Cathédrale. Un soir nous avons assisté à une représentation de danses locales, dont le ‘Itik Itik’ qui imite le mouvement des canards. On s’accroche les mains et on verse tantôt à gauche, tantôt à droite.
Les filles, dont nos copines de travail, portent une robe en carreaux damiers. J’ai eu de très bons amis parmi les Philippins, surtout les fille ; l’une d’elle, Lina, me plaisait particulièrement. Ces filles avaient une douceur étonnante. Elles avaient bien la langueur des espagnoles, mais avec l’air sérieux et énigmatique des malaises ou des indonésiennes. J’ai participé un autre soir à une fête spéciale pour déguster le rôti de porc entier qu’on tournait à la broche.
En 1980, nous avons encore déménagé, cette fois pour revenir à Quatre-Bornes, à l’avenue des Giroflées. La maison était petite, mais la grande cour était bien clôturée. Je devais passer des années dans cette maison et les travaux perpétuels dans le jardin ont petit à petit transformé l’apparence de la cour. Le garage sans porte devait être plus tard muni d’une porte métallique à coulisse. Malheureusement, le mouvement vertical d’une structure aussi lourde devait me provoquer des douleurs abdominales.
Nous avons reçu un nombre important de visiteurs dans cette maison. Par ailleurs les anniversaires et fêtes annuelles étaient dignement célébrés.
En 1983, Dominique et sa femme sont venus nous visiter. En 1984, nous avons reçu Gérard Félix et son inséparable ami Roger. Marie France et Jacques se sont rendus à la Réunion où Jacques devait travailler pour l’armée pendant deux ans. Denise a profité pour aller les visiter dès 1980. Cette même année, le 5 septembre, nous sommes partis en voyage d’agrément pour l’Europe accompagné de Jean. On était de retour à Maurice le 18 décembre. Nous avons d’abord séjourné chez les Maulguet à Londres. Ils habitaient alors à Carysford Street au nord de Londres, près d’un grand parc. Les voisins, les Meflins avaient jadis habité la même rue que nous à Beau-Bassin. Nous avons bien vite fait le tour de la cité pour montrer à Jean tous les sites importants. J’ai profité pour voir un match de foot à Arsenal. Jean était content d'avoir l'occasion de voir jouer son équipe favorite, qui a gagné ce jour-là. Nous avons visité les musées, dont le National Gallery et les musées d’histoire Naturelle et de Science à Kensington.
Denise ne nous a pas accompagnés quand nous avons visité le Zoo et nous avons longtemps ignoré que les autorités du Zoo nous avaient filmés dans une présentation officielle pour la publicité. Dany Félix, qui passait ce film anglais sur le Zoo pour les lycéens, nous avait reconnus et avait signalé la chose à Max. Nous avons quitté Denise chez Maud, pour entreprendre une courte visite en France. C’était la première fois que Jean allait découvrir les merveilles de Paris. Je me souviens qu’après avoir visité le muséum d’histoire Naturelle, nous avons flâné du côté de la rue Monge. Nous avons pris notre repas dans un bon restaurent chinois. Etant toujours allergique aux champignons j’avais commandé un autre plat que celui de Jean.
A notre étonnement, il y avait des champignons dans tous les plats. Jean n’a eu aucune peine avec son appétit d’adolescent pour ingurgiter les deux plats. Le 16 septembre, nous avons été au sommet de la tour Eiffel. Il faisait très beau et nous avons pu contempler Paris dans sa splendeur. En décembre, Denise et moi-même sommes repartis par avion pour la Réunion ou on devait passer la fête de Noël. Marie France et Jacques ainsi que Carine qui était toute mignonne, habitaient à Saint Denis dans les casernes réservées aux français sur la colline. Le 22 décembre, Marie France était restée avec Carine qui souffrait de grippe. Jacques nous a fait faire un tour de l’île en passant par Cilaos. Nous avons grimpé une petite colline à l'orée du village pour déjeuner. Au retour, nous avons coupé un beau sapin pour Noël, en dépit des objections de Jacques qui craignait les inspecteurs forestiers. Le soir du réveillon de Noël, nous avons quitté les invités de la famille Koerkel, pour assister à la messe de Noël à 10 heures.
C’était à Notre Dame de la Délivrande, qui se trouve tout près des casernes. C’est une belle église avec à mon avis, des peintures d’une couleur trop vives. Marie-France a accomplie plusieurs voyages avec vers Maurice avec Carine. Lors d’un des voyages, nous avons été à L’île aux cerfs.
En 1981, j’avais eu une querelle avec Ricaud. Les choses se sont aggravées et à ma requête, Antoine, le Directeur, m'avait fait transférer à la division d’Entomologie, dirigé par l’Anglais Williams, un ami de longue date. Après un an d’exil, j’ai pu obtenir une autre situation à Anthurium Export. J’ai pris ma retraite à la MSIRI en 1981. L’ancien directeur Antoine, qui avait suivi de près les problèmes précédemment rencontrés par mon prédécesseur Mamet à Anthurium Export m'a alors dit sans ménagement ‘Vous êtes entré dans une calèche cassée’. Il est vrai que le flétrissement bactérien affectait dramatiquement les plantations d’Anthurium et on enregistrait à Flacq des pertes de 40,000 plants par arpent. A Queen Victoria, 50% des plantes avaient disparu. J’avais donc à faire face à un vrai défi! Pour l’accomplissement de ma tâche, je jouissais d’une assez grande liberté, car j’avais tenu à faire comprendre au comité que je voulais être indépendant et avoir la faculté de choisir mes méthodes et mes options. L’avenir de l’entreprise d’exportation de fleurs d’Anthurium paraissant très compromise, il a été convenu que j’allais avoir la faculté de travailler en paix. Il m’a fallu travailler avec acharnement tant au laboratoire que chez les planteurs pour arriver à trouver une option de travail. Celle-ci devait éventuellement déboucher vers une méthode de lutte à moyen et long terme contre la maladie qui menaçait cette culture. Il a fallu plusieurs mois, avant que je réussisse à faire accepter mes conseils. Ma position devenait moins aléatoire dans un milieu parfois rétrograde et imperméable aux changements. La compagnie Anthurium Export, avait loué un bureau de la MSIRI à Réduit.
J’occupais donc, le confortable bureau d’un employé qui venait de prendre sa retraite. Mon statut s'est vite amélioré au fil des années et j’avais tout à fait la confiance des propriétaires des entreprises et des dames qui y travaillaient, soit dans les situations de surveillance ou dans l’emballage des fleurs. J’allais devenir un technicien à tout faire, qui devait entreprendre des recherches pour tout réformer dans les compartiments les plus éloignés possible de la Pathologie végétale. Les cultivateurs me faisaient confiance. Il me fallait être à tour de rôle, l’entomologiste ou l’agronome du groupe. Je devais donc connaître une grande satisfaction dans mon travail, car je me sentais un peu comme un des piliers de l’industrie. En 1983 Jean et Nicole avaient été admis à l’université de Montpellier en France. Les revenus des pensions et mes salaires nous ont permis de faire face aux dépenses mensuelles pour leurs études.A Maurice, nous menions une vie simple et sans grandes dépenses, hormis les dimanches, quand nous avions la table bien garnie avec de bons vins. Un jour qu’Irénée se sentant mal, avait fait mander le docteur. Après l’avoir ausculté, il constata qu’elle n’avait rien de grave. Irénée avait le même jour insisté pour qu’il donne son avis sur l’état des pieds de Roland qui montraient des blessures non cicatrisées, séquelles de son diabète. Le docteur a été étonné de constater que Roland était assez mal en point. Son diabète s’était aggravé et il avait commencé à avoir des problèmes de circulation. Il semblait qu’un pied avait un début de gangrène. Il conseilla l’hospitalisation immédiate. Après quelques jours, il devenait inévitable de songer a une amputation, étant donné le progrès de la gangrène. Le docteur lui a donc expliqué que son cas était sans solution mais qu’il lui fallait lui-même décider de l’opération.
Nous lui avons demandé d’accepter. Après deux jours de réflexion, il donna son consentement. Le pauvre Roland devait perdre une jambe. Il accepta son sort avec courage, sans se plaindre. Pour un homme de sa corpulence, il avait à faire face à une situation difficile. En effet, il lui a fallu plusieurs mois de réadaptation avant d’être en mesure de se déplacer à l’aide de béquilles. S’il ne sortait plus beaucoup, il recevait toujours ses vieux amis et, quand je venais le voir, il avait en réserve une bouteille de whisky qu’il pouvait remplacer par une autre. En 1985, nous avons accompli un nouveau voyage en Europe, pour fêter mes 60 ans.
Je devais d'abord me rendre aux Etats Unis en mission à Hawaii. J’ai pris l’avion quelques jours avant Denise pour me rendre à Londres. Après une courte visite aux Maulguet, au Nord de Londres, j’ai pris l’avion pour Los Angeles.
J’ai pu constater que cette ville n’était pas si peuplée qu’on aurait pu le croire. Le climat est très agréable, mais on ne peut s’empêcher de songer aux meurtriers tremblements de terre. En effet San Francisco et Los Angeles se situent sur l’importante faille San Andreas de l’écorce terrestre. On sait que le frottement des plaques tectoniques provoque des tremblements de terre parfois catastrophiques. De l’aéroport, j’ai téléphoné au propriétaire d’un petit hôtel qui est venu me prendre à l’aéroport dans une petite camionnette. L’hôtel, au bord de la route, n’était qu’a deux pas d’un petit restaurant ou on pouvait s’acheter ses repas, et emporter des fruits.
On mange à l’excès aux USA, et on peut constater que de nombreux américains se gavent à en juger par le nombre d’individus corpulents. Hommes comme femmes ont des tendances d’obèses. Je me souviens d’avoir rencontré au restaurant toute une famille d’obèses: le mari, la femme, les enfants et les amis. Le voyage de quelques heures vers Hawaï a été agréable. J’étais assis à côté d’une romancière qui m’avait fait voir un de ses romans. Etonnamment, un célèbre écrivain américain Herman Wook, auteur de La Mutinerie de Caine se trouvait en première classe dans le même avion. Par coïncidence, j’avais acheté le livre en Angleterre pour le voyage. Le spectacle des volcans d’Hawaï qui émergent de la masse nuageuse est inoubliable. Nous avons été à l’île de Kuai pour déposer des touristes, avant de repartir pour Hawaï avec d’autres touristes.
Mon séjour à Hawaï a été très agréable et j’ai logé dans un excellent hôtel à Hilo, la ville principale de la grande île. L’hôtel était bien situé en face de l’océan Pacifique, et j’avais une grande chambre avec toutes les aménités, et même la télévision. Les grandes plantations d’Anthurium se trouvent à Hilo. Il y avait à Hawaï, une épidémie d’une maladie bactérienne de l’Anthurium, inconnue à Maurice. J’ai eu donc l’occasion d’étudier à loisir cette maladie. J’était piloté par la famille Gervais qui possédait des entreprises de production et d’exportation de fleurs. J’ai profité de mon séjour pour visiter un dimanche, les sites volcaniques d’Hawaï. J’étais aussi à Hawaï pendant la fête nationale annuelle de Thanksgiving, un jour férié. Invité chez les Gervais, j’ai pu goûter leur meilleur vin californien, qui à mon avis est inférieur au vin correspondant français. J’ai tellement été absorbé par mes visites et mes études que j’avais oublié la date exacte de mon départ. Heureusement que je m’en suis rendu compte quelques heures avant le départ de l’avion pour Los Angeles.
Les Gervais avaient organisé un dîner d’adieu mais ont secoué la tète avant de me conduire à l’aéroport. Il m’ont pris pour quelqu’un de très distrait. De Los Angeles on s’est arrêté à San Francisco et j’ai pu admirer le fameux pont. Le retour vers l’Angleterre a été long et il avait commencé à faire nuit quand l’avion a atterri. J’ai pris le métro pour me rendre chez Eugène. Après une nuit de fêtes, je suis parti le lendemain par le train vers la côte ouest de l’Angleterre pour visiter un grand laboratoire de culture de tissus.
Quelques jours après, je repartais pour la France où m’attendaient Denise, Jacques et Marie France. Ayant fait des économies pendant le voyage aux USA, j’ai pu faire venir Jacqueline que nous avons accueilli à Roissy. Nicole et Claude sont aussi venus nous rejoindre chez Marie-France. Comme Jean était déjà en France, étudiant à Montpellier, nous devions tous nous réunir à Wassy. C’était une année exceptionnellement froide et il avait neigé avant Noël. A la fin de l’année, tout le paysage avait blanchi, en particulier les forêts avoisinantes de Wassy.
Le 31 décembre, Jacques nous a conduit à Verdun. Le soir, on a été étonné de voir Jacques s’isoler à la cave pour hacher son bois de chauffage. Nous avons compati avec Claude qui se refusait de venir à son aide, le jour du réveillon. Nous avons bu du champagne et du Whisky et Jacques, fatigué et in habitué aux mélanges de boissons alcooliques, était tombé malade. Le lendemain 1er janvier, Denise et moi-même avons été à la messe à l’église Notre Dame de Wassy. Il faisait un froid glacial sous la nef.
On devait ensuite préparer le repas du Jour de l’An. Quelques jours pus tard, Jacqueline m’a accompagné à Paris avec Laine et Fernand qui retournaient à Versailles. Nous avons failli mourir cette nuit, quand dans les environs de Bar le Duc, un camion a dérapé sur le verglas et nous avait tout juste frôlé, au bord d’un précipice. Nous avons visité Jenny et Léon chez Lysel à Torcy. De retour à Wassy nous avons fait un court séjour avant de nous rendre encore à Paris, d’où nous avons pris le train pour Marseille. Nicole et Claude occupaient un appartement à la Juliette, non loin des bureaux de la SNCM où Claude travaillait. Nous avons profité pour refaire connaissance avec cette grande ville. Nous habitions le quartier du port et nous pouvions aller à pied à la Cathédrale de Marseille.
Nous avons pu constater dans certains quartiers, une présence tapageuse d’Arabes et autres Nord Africains. La Parti National n’existait as encore, mais nous avons pu constater l’hostilité des français qui avaient la conviction d’être envahis par des étrangers. Claude nous a fait visiter Cannes et Monaco. Nous avons pris le train pour Montpellier avec Nicole et avons rejoint Jean et Patricia. Jean habitait un appartement au dernier étage d’un vieil édifice assez central, comme on en trouve souvent dans les grandes villes. Il avait comme voisin un commerçant ‘Chez Bedos’. Dans la même rue, on pouvait voir une voiture rouge encastrée dans le mur d’un bâtiment. C’est une curiosité assez rare.
Non loin se trouvait la Place de la Comédie, et en face, un bloc d’appartements dont celui occupé par Chantal Serpillon l’amie de Jean et de Nicole, qui étudiait également à l’université. Elle était déjà venue en vacances à Maurice et nous avait proposés d’habiter chez elle. C’était une fille gentille et très intelligente qui nous avait semblé souffrir de boulimie, ayant un appétit hors du commun. Nous avons passé de bons moments à Montpellier, profitant du bus rouge gratuit pour sillonner la ville. Nous avons été plus tard avec Jean au Zoo de Montpellier. C’est à Montpellier que nous avons appris le 8 janvier, la mort d’Irénée, la maman de Denise. Elle avait eu une vieillesse pénible, ayant souffert semble-t-il de la maladie d’Alzaimer. Une agressivité étonnante avait submergé sa douceur naturelle. Elle était même arrivée à dire sèchement au pauvre Fernand qui avait un grand respect pour elle « Pas faire l’imbécile dont. Pas faire C. » Quand à moi, je crois qu’elle me lorgnait avec ce qui me semblait un air de mépris où de dégoût en émettant simplement un ‘hune caractéristique, carrément désapprobateur.
Nous avons prié pour elle à la cathédrale de Montpellier, un édifice historique mais un peu caché, réputé pour la belle musique d’orgue. Nous avions déjà eu la chance d’entendre dans cette belle cathédrale très ancienne, des compositions d’orgue interprétées par un inconnu très doué. Nicole et Claude sont venus se marier religieusement à Maurice le 29 décembre 1986. Ils s’étaient mariés civilement avec faste à Marseille et Gladys, Max, Laine, Fernand et la famille Maulguet sont venus rejoindre toute la famille Devichi, Raymond et ses enfants. A Maurice, c’est le père Etienne de la paroisse Saint Jean de Quatre-Bornes qui a célébré le mariage. On avait invité le résidu de la famille qui n’avait pas émigré en Australie ou en Europe, mais Claude avait insisté pour inviter les parents du chanteur Caramédon. Nous avions profité pour inviter mon cousin Françou qui était à Maurice avec sa femme Jacqueline que je connaissais de longue date, ainsi que son frère Mimiche. Nous avons reçu les invités dans un nouvel hotel de Quatre Bornes. Mes copains de la MSIRI avaient aussi été invités et Pépé Ferré a prononcé le discours. Il s’était souvenu que j’avais jadis rempli le même rôle lors de ses propres noces. Le lendemain, les mariés avaient été dans un campement à Baie du Tombeau.
Ne voulant pas être seuls, nous les avions donc rejoints le lendemain. Nous avons pu manger des langoustes que l’on vendait encore à la criée dans les rues. En raison de la forte chaleur qui nous incommodait, nous sommes retournés à Quatre Bornes, sans profiter de la mer. Le laboratoire de micro propagation a été crée par le groupe Anthurium Export, en association avec de nombreux planteurs du groupe, après l’approbation du plan que j’avais développé. . Il m’a fallu convaincre les promoteurs avant d’aboutir à une entente. Le laboratoire devait propager uniquement l’Anthurium dans un premier temps. Il m’a fallu fournir les estimations du coût des l’équipements et des dépenses. Une société a été crée et je devais être modestement actionnaire à 2%. Ayant convaincu le directeur d’employer Jean comme principal technicien pour entreprendre les travaux de propagation, il a accepté et Jean, encore étudiant à Montpellier, est allé suivre des cours avec le docteur Febvre. Celui-ci est venu à Maurice pour nous aider à installer le laboratoire sur une bonne base professionnelle, selon les critères conventionnels. Il a passé plus d’un mois chez nous, jusqu'à l’achèvement des travaux de l’installation. Il devait devenir un ami de la famille et passait ses moments de loisirs chez nous.
Pendant une visite de Gladys et de Ludovic, il nous avait accompagné lors d’une ballade de l’ascension du Pouce. Nous avions loué une maison à l’Avenue Flamant Sodnac, pour installer le laboratoire. Aujourd’hui, Jean est devenu le manager du laboratoire et Jacqueline est devenue une des techniciennes depuis ces dernières années.
Pour moi, ce n’est plus qu’un lointain souvenir d’une certaine réalisation et de pas mal de ténacité. Je ne suis pas toutefois mécontent de la part que j’ai jouée dans cette réalisation. L’évêque de Port Louis, Monseigneur Margéot, a été fait Cardinal la même année que Maud était venue à Maurice avec Maisie pour fêter ses 70 ans. C’était le 26 décembre 1988. Je devais fêter mon anniversaire à minuit le 27 décembre.
Nous avions loué pour un mois le campement Louison à Peyrébére.
La famille Koerkel au complet qui avait fait le déplacement pour assister au mariage était avec nous. La chaleur torride, les moustiques et les douleurs du Zona m’ont fait passer des heures pénibles et fort désagréables. J’étais malade et n’avais aucune envie de faire la fête. Claude, sa sœur Nicole et l’ami de celle-ci, venus à Maurice pour les fêtes du mariage, avaient loué un autre campement plus confortable que le nôtre, toujours à Peyrébère. Maud et Maisie habitaient dans un troisième campement à Grand Baie, avec la famille Poisson.
Un ancien collègue de travail qui avait pris l’habitude de nous rendre visite le 27 décembre était présent, avec sa femme, pour la bruyante fête. Ces fidèles amis, Yolla et Jocelyn ont salué mon anniversaire à minuit avec des pétards. Les voisins français furieux d’être incommodés par le bruit ont vivement protesté. En dépit des douleurs du Zona, il m’a fallu passer la soirée à boire et à fêter. Maud, toujours coquette, ne voulait pas que l’on mentionne son âge et prétendait naïvement être moins âge que moi. Le lendemain, jour de mon anniversaire, nous sommes repartis à Quatre Bornes avec Maud et Maisie, car on ne voulait pas manquer la messe.
Le nouveau cardinal Jean Margéot, devait honorer de sa présence une messe pour commémorer la fête de St Jean dans notre église paroissiale. C’est la première fois que la fanfare de la Police au complet venait animer la messe. Après la messe nous avons arrosé l’événement avec du Champagne et Mady Comty qui était venu nous rendre visite a été enchantée de partager la bouteille de Veuve Cliquot. Le mariage de Jean et Patricia a eu lieu le lundi 19 décembre 1988. Je souffrais encore du Zona. Le mariage a eu lieu à l’église de Saint Jean par le prêtre Billot qui semblait souffrir d’une grippe ce jour là. Le père Renker, notre ami Jean Luc, un Alsacien, qui était un enfant de la maison, car il venait souvent chez nous même avant d’aller étudier au séminaire en France, a prononcé l’homélie.
Le père Billot avait une curieuse diction qui donnait l’impression qu’il articulait parfois chaque mot d’une phrase, ce qui lui a valu le sobriquet de Robot. La fête a eu lieu à Curepipe dans une grande résidence coloniale. Il y avait un modèle de la tour Eiffel dans la cour. Maud s’est fait très remarquer par son exubérance particulière. Elle était bien le boute en train et a même donné un spectacle de Tango en solo avec Gilbert Poisson, son cavalier pour la circonstance. Carine a elle aussi été remarquée dans une danse de son temps en solo. C’est Jacques qui a pris le toast. Son discours se voulait humoristique avec des plaisanteries à mes dépens. Jean et Patricia s’étaient connus depuis pas mal de temps et avaient été ensembles parfois à Montpellier, parfois en Ecosse. Ce jour là, ils avaient l’air tout à fait inoffensifs. Je crois qu’ils devaient partir que le lendemain pour la lune de miel. En 1990, j’ai cessé d’être actif à Anthurium Export et je suis devenu un consultant du groupe.
Max et Mathé sont venus en séjour à Maurice en 1990. Ils sont repartis pour la France le 31.9.90. Nous avons accompli un autre voyage en Europe en 1992. Nous sommes cette fois partis le 24 juin pour revenir à Maurice le 19 septembre. L’évènement de ce voyage a été le baptême de Marie-Claire à Wassy, le 12.Juillet. Plus tard, nous avons été avec Jacques à Londres en voiture, pour dix 10 jours. Une amie de Carine nous avait accompagnés. Nous avons quitté Douvres, le 22 août pour rentrer en France. A Paris nous avons logé chez Nicole Lacube, la sœur de Claude, avec Carine, avant de nous rendre chez Laine et Fernand à Versailles. Je me souviens d’une belle promenade par le train à Strasbourg avec Marie-France et Stéphanie. Nous avons visité la célèbre cathédrale et avons pu entendre les sons et voir les articulations saccadées de la fameuse horloge. Nous avons plus tard effectué un voyage en voiture à Reims avec Dominique, le voisin de Marie-France, qui avait le même emploi que Jacques.
Avant de visiter la ville, il nous a fallu aller à l’hôpital pour les examens médicaux de Marie-Claire. Marie-France ne voulait pas prendre le risque de perdre un deuxième enfant par la mort subite de nourrisson. Nous avons quitté la famille Koerkel pour aller à Versailles. Nous avons alors pris un train de nuit avec couchette pour nous rendre dans le sud de la France chez la famille Febvre. Celui-ci nous a fait visiter Tarbes avant de nous conduire à Lourdes où nous avons passé une agréable journée. Notre séjour à Ajaccio devait être particulièrement agréable. Nous avons visité Corte, Porto-Vecchio, Bonifacio et Bastia. Maisie est venue nous rencontrer en Corse pour une semaine et nous avons multiplié les bains de mer. J’étais avec Nicole dans la voiture pour aller chercher Maisie. Nicole nous a fait entendre de la musique folklorique pour touristes. C’était de l’authentique musique corse avec les intonations bien italiennes. Maisie est repartie avant les festivités pour marquer l’anniversaire de la fondation de la ville d’Ajaccio. Les rues étaient illuminées et nous nous sommes mélangés à la grande foule pour assister à un concert en plein air du chanteur Bachelet, qui était alors très en vogue. J’ai été impressionné par son professionnalisme et par l’excellente qualité de son orchestre. De Bastia, nous sommes revenus à Marseille par un autre paquebot. Denise et moi-même, avons pris le TGV pour Paris, d’où on a regagne encore une fois Wassy.
Après les dernières fêtes et les adieux, nous avons de nouveau pris le train pour Paris. Deux jours plus tard Laine et Fernand nous accompagnaient à l’aéroport pour prendre l’avion vers Maurice. Mort de Roland. Iryse avait un assez grave problème de la circulation sanguine. Elle pouvait faire des caillots qui auraient pu occasionner des embolies mortelles.
Le docteur lui avait conseillé d’aller faire régulièrement analyser son sang, pour déterminer le taux de fluidité. Pendant une de ces crises, elle avait été admise à la clinique Bon Pasteur. Très mal en point, elle semblait avoir été mortellement atteinte. Roland a solennellement fait venir le mari de la servante Annie, du nom de Bic et lui a dit : ‘Faire ène bon nettoyage la cour avant qui lé corps arrivé. ‘
Il était convaincu que c’était une question de jours. Iryse s’est cependant rétablie et à son retour à Beau Bassin, elle a repris ses habitudes normales et a à continué de tourmenter le pauvre Roland avec ses projets de vente de la maison. Roland était fermement opposé à toute idée d’abandonner la maison maternelle. Il voulait seulement que l’on lui permette habiter la vieille maison. ‘Si je quitte cette maison, je vais mourir’, nous disait-il avec émotion. Très stressé par les chicaneries familiales, la santé de Roland s’était sensiblement détériorée depuis quelque temps déjà. Il buvait encore de l’alcool mais avait pris l’habituer de manger moins. Il avait toujours un fort taux de diabète et avait commencé à se soigner par des piqûres journalières d’insuline. Il se procurait un whisky bon marché à la boutique du coin, appartenant à un chinois nommé Carré. Il en consommait régulièrement, modérément, pendant la semaine mais à grandes gorgées en fin de semaine. Je pense qu’il était encore capable de prendre une demi- bouteille au moins. Il se déplaçait rarement et coincé dans un fauteuil en rotin placé toujours dans le même coin de la varangue, il réclamait d’une voix basse particulière qui laissait devenir une certaine incapacité de se servir lui-même : « Annie, mo senti moi fatigué servi ène ti grog. »
Le pauvre Roland déjà diabétique, avait aussi donné des symptômes d’une affection d’urée. Le 2 novembre1989, il était mort à la clinique Bon pasteur. Ironiquement, il était dévolu à Iryse d’accueillir les dépouilles de son frère, dans la maison que Roland n’avait pas pu revoir.
Nous avions perdu Roland. Il m’a souvent manqué pour son humour particulier et son goût pour les réunions familiales bien arrosées que je partage d’ailleurs. Le lendemain, pour les funérailles, la famille et les amis se sont afflués. C’était le désir de Roland d’avoir beaucoup de monde pour ses obsèques Il a été enterré dans la même tombe que la tante Andrina Crouche, morte le 15 septembre 1969, sa fille Hilda, morte accidentellement à l’âge de 9 ans le 8 juillet 1928, et la douce tante Elina Crouche que l’on, appelait Lina, morte le 3 janvier 1971.
En 1991, nous avons appris avec peine que Maud avait été frappée d’une congestion cérébrale en Nouvelle Zélande. Elle n’avait pas été paralysie mais avait eu un grave problème de la gorge.
Elle avait des difficultés à glutiner et faisait des crachats en abondance. Cela lui peinait d’être ainsi handicapée et d’incommoder les gens autour d’elle. Elle avait été obligée de quitter son appartement et d’aller habiter chez Maisie. Comme elle avait exprimé le désir de revenir à Maurice je lui ai écrit avec l’accord de Denise pour l’inviter à venir habiter chez nous à Quatre Bornes. Il nous avait semblé que la famille Poisson ne voulait pas prendre la responsabilité d’accueillir Maud étant donné que Michel habitait chez Marcel et Lily et avait déjà une mésentente avec son mari. Nous sommes allés la chercher à l’aéroport et nous avons été chagrinés de la voir arriver dans une chaise roulante. Elle avait vieilli, portant maintenant manifestement son âge. La pauvre Maud avait toujours jalousement voulu conserver le secret de son âge véritable. Nous l’avons donné une chambre individuelle, d’accès facile, à l’arrière de la maison. Elle n’aimait pas trop la musique classique et montrait son émerveillement de mon engouement pour cette musique, que je ne cachais pas. Il m’avait semblé qu’elle avait même hoché la tête en constatant que j’étais si heureux d’écouter du Bach ou de la musique religieuse. Elle se mettait souvent sous la petite varangue ouverte, pour me regarder faire la taille de la haie de bambous. Elle m’indiquait les endroits particuliers où il fallait corriger les défectuosités avec les cisailles. Il faisait chaud et j’étais en sueurs. Il est possible, que n’ayant pas suffisamment absorbé d’eau, j’avais endommagé quelque peu mon système urinaire. Un dimanche de Pâques, nous sortions de la Messe et nous sommes allés prendre la tension de Maud et de Denise.
Je ne pensais pas qu’il fallait prendre le mien. Nous avions comme d’habitude un menu digne de l’événement, et je me souviens qu’il était composé d’un poisson capitaine en daube, d’un rôti de langue de bœuf et d’un curry de porc et d’embrevades. C’était un menu fort apprécié chez nous pour les grandes fêtes. Je n’avais pris qu’un apéritif et j’allais manger le poisson avec un peu de vin, quand j’ai subitement éprouvé une grande faiblesse. Ayant déjà été atteint d’hémorragie du duodénum, je pensais avoir récidivé. Mon état s’étant empiré, Jean m’a conduit à l’hôpital Candos. Un médecin inexpérimenté a accepté mon diagnostique et m’a conseillé l’hospitalisation. Il avait pourtant constaté que je ne saignais pas. Jean a jugé qu’il serait préférable pour moi de me faire admettre plutôt à la clinique de Bon Pasteur et de consulter un spécialiste. Celui-ci a fort heureusement découvert qu’il s’agissait d’une septicémie et a ordonné des analyses bactériologiques du sang tout en me donnant des injections d’antibiotiques.
Après quelques jours de traitement de Selexid, un puissant antibiotique, la fièvre avait baissé et après moins d’une semaine, je m’étais senti mieux. Malgré les injections de médicaments, j’ai pu regagner Quatre-Bornes le dimanche suivant et avec l’autorisation du médecin, j’ai pu me réconforter en prenant deux bons whiskies. J’étais sur la voie de la guérison. Pendant ma maladie Maud avait habité chez Lily. Ma santé ayant semblé alors plutôt instable, le manque de sécurité pour la famille nous avait désormais interdit de secourir Maud. Comme la famille Poisson n’avait pas de place pour l’accueillir, elle a décidé de repartir pour la Nouvelle Zélande. Elle devait revenir avec Maisie un an plus tard et cette fois avait été accueillie par la famille Poisson. Elle avait de la peine pour s’adapter au sein de cette famille, et une fois de plus elle a pris la résolution de retourner définitivement en Nouvelle Zélande. Je me souviens parfaitement de son regard attristé, lors de ce départ à Plaisance. Je pense qu’elle n’avait pas bien soupesé les risques de s’établir chez nous, car dans l’ignorance des causes de ma septicémie, ma disparition l’aurait laissé complètement dans l’abandon. Le propriétaire de la maison de Quatre-Bornes, ayant eu le désir de s’enrichir davantage, avait illégalement construit une bâtisse à l’arrière de la maison que l’on habitait. Il avait pris une arrogance de nouveau riche qui me déplaisait. Il devenait difficile d’habiter plus longtemps chez lui.
Nous avons donc loué une maison à étage à côté de celle du propriétaire. Claude et Nicole en voyage à Maurice avaient visité la maison encore inoccupée en notre compagnie, et l’avait trouvé assez coquette et tout à fait convenable. Notre nouveau propriétaire était un parfait gentleman qui malheureusement souffrait d’emphysème et avait de graves problèmes respiratoires. Sa maladie le rendait impatient au point de ne pas ménager des reproches à sa femme Solange. Nous avons déménagé, pour occuper la nouvelle maison le 15 mai 1993, jour de la naissance de Marie Claire.
On a tenu à bien pendre la crémaillère selon les traditions de fête bien ancrées dans la famille. Iryse, malade, ne pouvait monter l’escalier et n’est jamais venue dans cette maison. Mort de Maud. En Nouvelle Zélande, Maud s’était adaptée à vivre dans un ‘home’ et avait de nombreux amis.
Elle était très populaire et rendait des services à d’autres locataires du Home. Un soir, elle avait reçu dans sa chambre, Maisie, Clair et quelques amis. Elle avait pris un ou deux whisky et avait l’air plutôt en bonne santé. Elle devait cependant mourir cette nuit dans son sommeil. Elle est donc morte seule dans sa chambre le 10 janvier 1993, et Maisie n’a été informée que le lendemain matin. Cette nouvelle nous a fortement attristés ; car tous aimaient Maud pour son caractère facile et sa joie de vivre. Ses funérailles ont eu lieu à Wellington. Mort d’Iryse. Le jour du 70eme anniversaire d’Iryse, Denise, Jacqueline et moi-même nous avions apporté quelques provisions pour l’occasion. Il y eut donc une petite fête conviviale et simple pour commémorer l’événement. Sa santé s’était quelque peu détériorée. Quelques mois plus tard, souffrant des complications de sa maladie, elle avait été admise en clinique. Cette fois son état allait vite s’aggraver. Elle avait un taux élevé d’urée et de diabète, et avait des problèmes cardiaques. Elle avait fini par avoir, comme Roland, un problème de cicatrisation aux pieds.
Elle est retournée chez, se croyant en convalescence. Nous avons donc eu la difficile tâche de lui dire toute la vérité. Si elle voulait vivre encore, il fallait amputer. Le docteur nous avait toutefois révélé qu’elle n’avait pratiquement pas de chance de subir l’opération, ayant un cœur défaillant. Elle était donc condamnée. Je vois la malheureuse allongée sur son lit et frappé d’étonnement et d’incrédulité. Elle s’est tournée de l’autre côté du lit, pour éviter notre regard et s’est mis à pleurer tout doucement. Elle avait vite réalisé qu’il n’y avait pas d’espoir de guérison et a refusé d’être amputée.
Quelques jours plus tard, son pied noircissait, affecté par la gangrène. Malgré l’étonnant optimisme d’Annie, elle devait mourir le 1er mai. C’était le jour de la fête du travail et aussi de l’anniversaire de Laura. Elle a été enterrée au cimetière de Souillac dans la tombe de ses parents Irénée et Anatole. Irénée était morte depuis le 9 janvier 1986. Après son décès les membres de la famille Crouche se sont retrouvés à Maurice pour la vente de la maison. Claude et C’est à cette période, pendant une visité des Devichi à Maurice que l’idée m’avait germé de demander à Nicole de m’initier à l’informatique. L’idée pris bien vite de l’ampleur et on a été à Port Louis pour examiner les offres. On a fait l’acquisition d’un Modeste appareil de 100 Mo.de disque dur et de seulement 4 Ram de mémoire. C’était alors considéré comme étant assez satisfaisant. Au moment ou j’écris, en 2001, j’ai un ordinateur Pentium 800 de 40 gigas et de 196 Mo de mémoire ! Initié avec célérité à Word et Excel, le professeur Colo, très exigeante et expéditive, devait me faire ce que l’on appelle en anglais un ‘crash course’- On comprend ou on s’abrutit. ‘ça passe ou ça casse !’
Je crois que j’avais probablement un don pour l’informatique, car je pense avoir gravi assez vite la distance entre le débutant et l’initié. Ce premier ordinateur est toujours chez Jean et Laurent s’en sert . Jenny, l’aînée de notre famille avait volontairement choisi d’aller vivre avec ses enfants. Elle avait été d’abord en France où Jacqueline et moi-même l’avions rencontré chez Lysel à Torcy. On avait été étonné de constater qu’elle vivait avec Léon dans une unique chambre assez exiguë. Je n’ai jamais pu comprendre pourquoi elle avait vendu sa grande maison à la Rue Pope Hennessy, Beau Bassin où elle vivait confortablement. Lysel, qui avait des problèmes matrimoniaux, avait abandonné temporairement son deuxième mari, un médecin de caractère plutôt bizarre, pour s’attacher à un jeune chômeur, fort antipathique selon moi, qui se disait de surcroît raciste, étant chaud partisan du front national de Le Pin. Les propres enfants de Lysel, semblaient désapprouver la vie menée par leur mère. Jenny et Léon ont je pense pris le prétexte du climat trop froid et ont pris la décision d’aller s’établir cette fois en Australie. Rosemay, l’autre fille de Jenny et Léon, avait épousé Jean René Moutia et vivait avec ses enfants à Melbourne. Jenny semblait se plaire à Melbourne malgré le climat rigoureux.
Elle avait cependant des problèmes d’arthrite et un peu de diabète. On pense que son diabète aurait occasionné des problèmes cardiaques. Elle avait souffert d’une angine, ensuite d’une deuxième et semblait s’être rétablie de cette dernière attaque quand elle est morte le 15 avril 1995. Ayant curieusement opté pour le four crématoire, Jenny n’a aucune tombe à Melboune. Ici encore, le destin d’une personne ayant toujours eu des vues conservatrices fait rêver. Jenny s’était vivement intéressée aux tombes de la famille, et avait jadis choisi d’être inhumée à sa mort, dans la tombe familiale des Ithier. Elle avait insisté pour que notre mère y soit inhumée. Pourtant, notre père avait été inhumé à St Jean dans la tombe où j’aurais un jour ma place pour le repos éternel. Je peux ajouter que nous avons aussi fait l’acquisition d’un terrain libre à côté de la tombe de Maxime Félix.
Un jour, Denise et moi-même, nous allons nous trouver côte à côte dans nos deux tombes respectives. Quelque mois seulement après avoir déménagé, nous avons entrepris un nouveau voyage en Europe. Voyage en Europe avant mes 70 ans en 1995. C’était au mois d’Avril. Nous sommes arrivés à Paris par un temps vraiment glacial. Température 0°C. Gladys, Jacques et Carine étaient venus nous rencontrer et nous avons été à un restaurent de l’aéroport. J’avais bien subi, cette fois la longueur du déplacement par avion et me sentais en forme. Denise paraissait plus fatiguée. Nous avons voyagé en voiture avec Jacques et Carine de Roissy à Wassy. Carine qui venait d’avoir son permis de conduire avait pris le volant. Marie-France étant au travail, on l’a attendu pour le déjeuner.
Le soir, pour le dîner familial : Whisky Black Label et vin blanc Muscadet. Au menu : Rôti de Porc et Camarons. Nous avons pris le train de nuit avec Marie-France et Carine à St Dizier pour nous rendre par Dijon vers Rome à Rome le lundi 24 Avril, et nous avons logé à l’hotel Serena Delle Rosa. Nous avons été visiter le Vatican le même jour par le bus. A Rome, les passagers voyagent souvent debout, entassés dans le véhicule Le lendemain, c’était la grande tournée générale pour visiter la ville Nos sites privilégiés : Ste Marie Majeure, le Colisée, le Forum, le monument Victor Emmanuel, la fontaine de Trévi, et une fois encore le Vatican. Nous avons aussi tenu à visiter le musée du Vatican et la Chapelle Sixtine. Le soir, très fatigué, pour avoir beaucoup marché, nous avons pris nos repas au restaurant : Pâtes et pizzas accompagnés de Birro (Bière).
Le 26, nous sommes retournés à Ste Marie Majeure et en route, nous avons acheté les produits en cuir. A l'hôtel, "Entrata et Uscida,"- entrée et sortie. Nous avons pris la route d’Oscida où se trouve une autre gare de chemin de fer. Nous sommes partis, vers 4 heures pour Livourne. Le train longe la côte en fin de trajet, et on peut alors admirer les grosses vagues de la Méditerranée. A Livourne, Claude et Nicole sont venus nous accueillir en voiture. Surprise! La famille allait se diriger en voiture vers Florence où on loge dans un hôtel luxueux au centre de la ville à l’hôtel Duomo, situé au Piazza Duomo, devant la grande cathédrale. Le lendemain, jeudi 27, nous avons été visiter la célèbre ville, en passant par Ste Marie des Fleurs, la cathédrale, puis St- Laurent.
En sortant de St- Laurent je me fais enlever le porte feuille par une troupe de gitans. Une vieille femme était entourée de quelques gamines. Une fillette me tire par un côté de mon veston pendant que les autres s’affairent pour me voler. Du travail propre, professionnel. « Grâce à toi une nichée de gitans vont pouvoir manger pendant un mois ! » me disait Claude en guise de consolation. Et comme il lisait le doute et l’incrédulité sur mon visage, il a ajouté. « C’est de l’aumône obligatoire! » Il nous a fallu informer la police pour annuler la carte de crédit. Heureusement que Claude pouvait parler couramment l’italien avec la policière. Nous avons néanmoins poursuivi notre plan de visites, et j’ai pu découvrir avec émerveillement, les meilleurs sites de Florence. Nous avons par exemple admiré le pont des bijoutiers et l'église Marie. Au retour, nous avons été à Pise, où nous avons visité le dôme et la célèbre tour penchée. Le voyage vers Livourne a été agréable, et nous avons eu l’occasion d’apprécier la campagne italienne.
A Livourne nous avons passé la nuit dans un beau paquebot de croisière italien. Denise et moi-même avons eu l’occasion de danser pendant la fête de nuit sous les regards de Nicole dont les yeux pétillaient de malice. Le lendemain le bateau est parti pour Bastia. Nous avons accosté le port de Bastia le vendredi 28. Raymond, le père de Claude et Nicole Lacube sont venus nous accueillir à l'arrivée. Le temps était maussade, et la température assez fraîche. Nous avons été bien vite à l’aise dans l’appartement de Claude et de Nicole. Le samedi 29 avril, nous avons tous été à St. Florentin. De Bastia, la route serpente vers un col et redescend vers la mer de l’autre côté de l’île.
Le 30 avril, c’était une authentique réunion familiale, avec le couple Malbéto, les Devichi, Raymond, Nicole Lacube et nous deux. Après la messe et les baptêmes à Notre Dame des Victoires, nous avons visité la foire aux Fleurs et une exposition de voitures antiques à Bastia. Le 1er mai, pour l’anniversaire de Laura ( 5 ans.), nous avons fait un excellent déjeuner en famille. Denise a participé en préparant son plat de crevettes. Menu 1 Mai 1995. Salade garnie et Nimbe. Crevettes sauce rouge. Gigot d'Agneau et pomme sautée. Dessert. Gâteau d'anniversaire. Champagne Vins Bordeaux Blanc et Rouge Corses. Dans l’après-midi, nous sommes allés en promenade à l'étang de Biguglia, et visité l’ancienne capitale de la Corse Pisane avec ses ruines antiques Romaines. Au village de Furiani sur les hauteurs, nous avons vu le célèbre stade de football qui avait été le site d’un drame affreux après l’écroulement d’une partie des loges. C’était pour une rencontre contre Marseille. Il y eut plusieurs morts et aussi des sportifs grièvement blessés dont plusieurs sont demeurés estropiés. Le lendemain, mardi 2 mai, on a visité la montagne pour voir le panorama de la ville de Bastia du relais de télévision. Le mercredi 3 mai, Nicole avait organisé une fête d'enfants pour les 5 ans de Laura. Nous avons été étonnés du charme saisissant de la fillette, dans sa belle robe de fée. Nous avons été un autre jour à la cathédrale de Bastia, Ste Marie et prié au Crucifix du miracle à l'église Sainte Croix de la Citadelle dont c'était la fête.
Le jeudi 4 mai Raymond est reparti sur le paquebot ‘Napoléon’. Il nous avait conduit à Bastia dans sa camionnette emménagée pour se coucher comme une caravane. Auparavant, on avait été sur une plage par un soleil brûlant, et un bain de mer nous avait revigorés. Le samedi 6, nous avons accompli le long trajet vers le Cap Corse. J’ai été content d’avoir eu l’occasion de visiter l’église Lavasina, où avait eu lieu, un miracle de guérison de la Sainte Vierge. Tout près de l’appartement de Nicole, on pouvait encore visiter St Antoine de Padoue. Il y avait alors dans l'église, une exposition des reliques du saint. Le dimanche 7, c’était les élections présidentielles. Chirac devait en sortir victorieux. Nous avons été le même jour en Pique-nique à Biguglia. Le bain de mer était plutôt glacial. Mardi 9. Dîner chez André Seta, un pharmacie ami des Devichi. Les Parents d'Aidée, la femme d'André habitent à la Réunion. Seta a étonné tout le monde en me demandant si j’étais un malabar. Il prenait les mauriciens de couleur brune pour des malabars.
Je voulais par mon silence laisser passer la remarque, mais Nicole a tenu sur un ton de protestation de donner une autre version au pharmacien. Cette histoire de malabar ne nous a pas empêchés d’apprécier le fameux curry poulet massalé des Réunionnais. Le jeudi suivant nous avons visité l’île Rousse et Calvi. Au retour Nicole voulait nous faire voir la fameuse foire de la Fouille. Le soir nous avons dîné avec Claudia, une mauricienne ayant épousé le facteur français André Saint Jour. Le Dimanche 21, après un long trajet en voiture, nous avons été à Bonifacio. C’est une promenade qui me plaît particulièrement. Bonifacio est ville féerique et le site des falaises blanches en face de la Sardaigne est inoubliable.
Sur la route du retour vers Bastia par Porte Vecchio, nous nous sommes rendus à Ghisonascia chez le facteur Saint Jour. Claude et Nicole nous ont donné l’occasion d’apprécier la charcuterie corse. On trouve en abondance des saucisses et saucissons. La coppa, (échine roulée), le Lanzu,(filet poivré),et U. Salcicciu (saucisson). Le poisson est bien plus abondant qu’en France. On a consommé des rougets, loups, rascanes, thons et dorades entre autres. Des liqueurs corses sont excellentes. Ils sont souvent de haute teneur d’alcool. Nous avons quitté Bastia par bateau, le mardi 23. Ces croisières sont fort confortables. Les paquebots transbordeurs peuvent avoir des capacités passagères dépassant 2500 personnes.
Le lendemain, nous avons rendu visite à Gisèle. Claude nous a emmené à Martigues pour voir Max et Mathé. Max est venu nous chercher dans sa propre voiture avec Marie Laure une fillette de Mick. Nous l’avons suivi jusqu’a la mer à Martigues dans les faubourgs de Marseille. Il logeait avec Mathé dans un petit campement appartenant à Mick. A 10 heures du matin Mathé voulait que je boive un whisky! Autoritaire, elle m’a admonesté :‘Tu le boiras !’ Ils étaient déçus que l’on n’allait pas passer toute la journée chez eux, car Claude voulait prendre le chemin de Lourdes avant midi. Mathé était devenue toute ronde avec un embonpoint causé par sa boulimie. Max disait qu’elle mangeait beaucoup trop. Max voulait nous offrir sa grosse voiture pour le voyage, mais Claude a préfère la sienne qu’il connaissait mieux. Nous sommes donc partis vers Lourdes où nous sommes arrivés fatigué le soir. Nous avons pu réserver un bon hôtel non loin du sanctuaire. Marie France et Jacques étaient venus nous rejoindre le lendemain et après les pèlerinages nous avons un peu fait la fête au restaurant.
Après Lourdes, nous avons une fois encore retrouvé Paris pour prendre l’avion et retourner au pays. Du côté de Jean, il y avait un projet pour transférer le laboratoire dans un autre site, car il n’y avait plus de place pour les développements. Le laboratoire est installé de nos jours à Bel Etang où se trouvent les plus grandes superficies de culture de l’Anthurium. Jacqueline qui avait perdu son emploi à Auction Mart, quand l’entreprise avait fait faillite, a été employée par Microlab comme laborantine. Elle se rend chaque jour avec Jean en voiture à son lieu de travail. Chaque dimanche, la famille s’est retrouvée à Quatre-Bornes, chez nous, pour le déjeuner familial. Mathé qu pensait pourtant que Max était gravement est morte en 1996. Lors de notre précédent voyage en 1995, je lui avais parlé, une dernière fois au téléphone public qui se trouve près de l’Arche de La Défense.
Le 5 mai 1996, le pays a appris la mort de Gaétan Duval, le grand politicien qui se disait ‘Roi des créoles.’ Il a eu droit a des funérailles nationales et les partisans , comme les adversaires politiques, se sont rendu en grand nombre pour lui rendre hommage. On n’avait jamais vu autant de monde à Maurice pour des funérailles. Nous avons décidé de nous installer à la mer pour profiter de nos vieux jours. Comme on aimait Flic en Flac nous avons consulté un courtier, une jeune dame nommée nommé Kokill.
Un appartement situé dans le centre a Building, le Flamboyant, nous a paru excellent. On était au deuxième. Il y avait trois chambres, dont la principale, assez grande avait sa propre salle de bain et son WC privé. Nous étions installés très confortablement dans cette nouvelle demeure, tout en conservant l’usage de la maison de Q.Bornes. Nous avions réussi à avoir notre résidence secondaire pour quelque temps.Le départ pour Flic en Flac a eu lieu le 27 janvier 1996. Le déménagement s’est effectué avec l’aide de Jean et de mon cousin Mimiche. Celui-ci s’est dévoué pour installer les rideaux les glaces etc. J’avais dû acheter de nouveaux meubles. Une voisine habitant le même étage nous a vendu son ameublement de salon et un petit réfrigérateur. Nous avons invité la famille de Mimiche à pendre la crémaillère, un dimanche matin.
Les années passées à Flic en Flac ont je le pense été les plus belles de ma vie. Je prenais 4 à 5 bains de mer par semaine et on allait parfois la nuit contempler le magnifique coucher du soleil. Nous pouvions d’ailleurs voir le coucher du soleil de notre propre petit balcon. Un gardien de nuit que nous avions connu, est mort subitement dans sa cahute, encastrée au bas de l’escalier. La veille de son trépas, je lui disais, en plaisant, que les vieux pouvaient aller à la messe en retard ‘Grand bonhomme là tout sel capave dire!’ devait-il me rétorquer avec sérieux. Quelque temps après, un autre jardinier-gardien est venu travailler dans le bâtiment. C’était un petit homme maigre, aimant la boisson. Il quémandait chaque semaine à Denise ‘Ene ti cache pou cigarette’.
Nous avons reçu beaucoup de visites des parents et amis dans ce campement. D’abord Claude et Nicole, puis Marie-France et Stéphanie en juillet 1996. L’année suivante Mazy, Gladys et Max. L’arrivée de Max a été un évènement car avec son emphysème et ses ennuis de poumons il lui fallait absorber de l’oxygène en permanence.
Le jour de son arrivée, Jean et Gilbert Poisson l’ont porté sur une chaise à l’étage. Il a fallu transporter son appareil d’oxygène qui était très lourd. Quand Frédéric et sa femme Mélissa sont venus rejoindre Maisie, ils ont loué un campement qui n’était pas trop confortable à Flic en Flac près de La Pirogue. Max a été les rejoindre pour quelques jours, mais a préféré revenir chez nous. Il aimait se rendre sur une vaste varangue à l’arrière du bâtiment pour fumer une demi-cigarette et admirer la vue, en s’accoudant sur la balustrade. Il transportait toujours le fil conducteur du gaz. Max n’aimait pas la même musique classique que moi. Il préférait les chants, les opéras, les ouvertures sonores, la musique française de Verdi ou de Berlioz.
Il disait que j’étais comme son fils Dany et que j’étais toujours enclin à écouter la musique de Bach!. Il a été étonné des travaux sur des thèmes religieux que je faisais sur l’ordinateur. «Gros boulot! » Disait-il. Laine et Fernand ont entrepris un voyage à Maurice en 1997. Ils ont logé chez Myrielle, mais sont venus souvent à Flic en Flac. Fernand avait la patience de suivre Laine quand celle-ci lui lançait pour ainsi dire, une sommation pour l’accompagnait au Casino.
Il s’exécutait sans protestation. C’était un doux ! Ils ne profitaient nullement des bains de mer, mais participaient aux réunions familiales et aux fêtes à la mer au crépuscule. Fernand, Myrielle et Gaby, étaient venus un matin, nous rendre visite et nous avons reçu la famille à déjeuner.
Gaby Edouard Betsy est mort le 15 Novembre 1996. C’était le mari de Myrielle et un grand joueur de domino. Il avait travaillé chez Mamet à Port Louis et connaissait bien le commerce des spiritueux. Il avait été dans sa jeunesse, un jouer de football de la Fire Brigade, où il occupait la position de gardien de but. Lors d’une rencontre, il s’était blessé à l’arcane sourcilier et montrait avec fierté ses cicatrices. Malgré des problèmes cardiaques, il avait des méthodes peu orthodoxes pour se soigner. Il semblait éviter les médecins. Je l’ai vu un jour dans son jardin en compagnie de Fernand qui lui rendait visite.
Il se déplaçait péniblement, les pieds étant nettement enflés. Nous avons déjeuné ensemble en famille chez Myrielle, ce qui devait être notre dernier repas dans cette maison. Quelques mois après, Laine et Fernand étant repartis pour la France, Gaby, qui était allé consulter un oculiste, a été frappé d’un infarctus. Il avait été admis dans une clinique et on pensait qu’il avait été rétabli quand il a fait un deuxième infarctus. Mal conseillé par un médecin, Myrielle, Dany et Gérard, ont commis l’imprudence de le transporter dans cet état en voiture. C’était fatal. Gaby est mort en route avant d’arriver à l’hôpital. Nous sommes venus le soir nous recueillir devant la dépouille du pauvre Bolo. Je lui avait jadis promis, de déposer un domino, le double 6, dans son cercueil. Il avait été, il faut le dire, un véritable expert de ce jeu qui l’avait passionné. J’ai déposé discrètement une simple petite rose.
Il a été enseveli dans la même tombe que Roland au cimetière de Souillac. J’ai été déçu de ne pas avoir eu toutefois une pension adéquate de Anthurium Export. Ils m’ont certes donné strictement mon dû, une somme de 150,000 roupies. C’était tout. J’avais du jour au lendemain un manque à gagner considérable, mais ce problème était déjà arrivé dans ma carrière et je devais y faire face. Malgré mon obstination de conserver les deux maisons, il m’a fallu me ranger de l’avis de Jean et de Jacqueline.
Nous avons donc avec regret abandonné le campement de Flic en Flac pour revenir à Quatre-Bornes. Le drame de Londres. Accident et mort de Fernand, le 12 Août 1997. Après s’être réunis pour la conversation, dans la cuisine, toute la famille s’est dirigée dans la cour pour prendre des apéritifs. Ils ont dîné sur place à l’entrée de la maison.
Fernand était resté dans la salle à manger et avait enlevé ses chaussures. Laine, Joëlle et Maud étaient dans la chambre à l’étage pour préparer les lits quand ils ont entendu un grand fracas. Joëlle souligne que c’était un effroyable bruit. Comme Fernand se déplaçait avec des chaussettes, il aurait glissé près de l’escalier, et aurait pu avoir dégringolé jusqu’au bas. On ignore encore toutefois comment l’accident s’est produit. Sa tête semblait avoir été enfoncée, et il saignait de l’oreille gauche. Il respirait encore. Transporté en ambulance à l’hôpital, les médecins ont essayé de le réanimer. Il y avait 4 à 5 médecins dont des spécialistes. Un peu avant minuit son cœur s’est arrêté, mais les médecins ont réussi à le réanimer.
Le cœur n’a cependant pas tenu et il est mort entre minuit et une heure du matin. Les médecins ont annoncé la nouvelle à la famille, qui était à l’hôpital. L’autopsie devait confirmer que la mort avait été causée par une grave fracture du crâne. Il y avait de gros dégâts au crâne et au cerveau. Il n’y avait aucune trace de problèmes cardiaques ou des caillots. Il semblait avoir joui d’une assez bonne santé. Il a été inhumé au cimetière de Montreuil, Versailles Copié d’un message E- mail de cette période :-« Jacqueline a été habiter Sodnac dans un appartement acheté par Jean pour Laurent.
(Voilà un Félix qui a le goût de la propriété ! .) La petite Christine qui reste toute menue est maintenant une habituée de Mémé et Pépé. C’est un caractère tapageur mais gai. Le gros Laurent, est costaud et grandit de jour en jour. C’est un grand dessinateur qui fait aussi beaucoup de sports. Il prend aussi des leçons de nage et d’équitation. Malgré les prévisions de la météo, il n’y a eu que des bandes de nuages sans cyclones.
Tant mieux pour Flic en Flac qui demeure intacte. La plage est vraiment magnifique en ce moment. » Un autre deuil, a affecté la famille, Cyril Crouche est mort en Novembre 1997. Jean et sa famille étaient alors en voyage à Melbourne. Malheureusement Jean qui est parti pour Sydney n’a pas eu l’occasion de voir son parrain en vie. Nous avions revu Cyril en 1994 quand toute la famille Crouche s’était réunie à Maurice pour la vente de la maison d’Irénée. Il avait passé ses vacances dans un campement à Peyrébère, avec Fernand, Laine, Gaby, Myrielle, ainsi que la famille Maulguet. Un fait surprenant : trois des quatre hommes qui étaient au campement sont décédés depuis. Cyril n’avait que peu vieilli, mais il buvait régulièrement une forte quantité de bière. Il en buvait à toute heure et Lizzie nous a même dit qu’en Australie il s’envrait parfois avec de la bière. Un soir, après avoir bien bu, Cyril est tombé violemment au sol, frappé d’une congestion cérébrale. Il est resté au coma plusieurs jours jusqu'à sa mort. Jean devait faire le trajet de Melbourne à Sydney en voiture, pour les funérailles. Nous avons appris par lui, que les mœurs australiennes permettent de faire la fête après les funérailles. Il y avait donc, une grande assemblée de parents et d’amis, partageant les souvenirs de bons moments avec Cyril, en trinquant allégrement. Cyril avait été un bon garçon un peu rude de manières, qui avait un don pour la charpenterie et la menuiserie. Il avait été instituteur de métier et c’est peut-être cela qui le rendait si nerveux. Il était tout à fait différent de son frère Roland.
Tous ses enfants sont mariés en Australie et cette souche de Crouche, inspirés par une moralité traditionnelle qui vient de la bonne éducation, fera sans doute honneur au pays. Message E-Mail. Lundi 2 Novembre 98. « Denise est maintenant complètement rétablie. Plus de bronchite, plus de diabète, plus de tension! Elle a opté pour 'se reposer' " Capab fronté" comme prédit Jacqueline. Hier c'était la Toussaint, le déjeuner de famille a été animé par Christine. Nous avons eu droit à un bon salmis de canard et une bouteille de Saint Emillion que Jean a ramené de la Réunion. Jean avait participé la veille à un show Halloween à Albion. Mes travaux de théologie pratique progressent petit à petit et on trouvera bien un moyen pour publier. C’est du boulot agréable avec l’ordinateur. Jacqueline vient souvent chez nous et elle passe deux jours au moins chaque semaine. C'est qu'il y a le marché et la foire à côté. Je me suis coupé le pouce à tel point qu’il a fallu une petite opération à la clinique. Nous avons eu des émeutes après la mort d’un chanteur Rasta qui avait été emprisonné pour consommation de drogue. Les pilleurs et autres malfaiteurs ont profité pour dévaliser les boutiques, etc.
L’émeute avait même commencé à dégénérer en bagarre communale entre Ti Créoles et Hindous.
La situation est redevenue normale mais instable. Un spécialiste Réunionnais a confirmé que le chanteur avait bien été battu à mort, on peut s’attendre à des réactions. Le mythe du pays modèle où les communautés vivent en harmonie, a pris un sale coup.
Je me suis débarrassé de la vieille Renault, devenue vraiment trop vieille. Nous allons donc trois jours par semaine à Flic en Flac par le bus. Fameux bain! » En 1999 nous avons entrepris un nouveau voyage en Europe. Voyage 1999. du 30 Avril au 19 Juillet. Nous avons été comme toujours à Wassy, en Corse à Lourdes et en Angleterre avec Nicole et Laura. Marie-France et Jacques sont venus nous rencontrer à Roissy. Le dimanche 2 mai, nous avons assisté à une messe à Notre Dame de Wassy. Il y avait une cérémonie pour deux baptêmes. Le 5 mai, Marie-France et Marie-Claire sont venues avec nous pour faire une grande tournée à l’Est. Marie France a quitté sa voiture à Bar le Duc et nous avons pris le train. A Nancy, nous avons pu visiter la cathédrale et la place Stalingrad. Denise ne connaissait pas Strasbourg et a été contente de visiter ce même jour, la fameuse cathédrale et la place Gutenberg. Sur le chemin de retour, à Bar le Duc, nous avons été chez Carine avant de reprendre la longue route pour Wassy. Pendant que l’on déjeunait à Strasbourg, un marchand ambulant Sénégalais est venu nous accoster pour vendre des ceintures. Il m’en a offert un à bon marché.
Il a aussi vendu des colliers à Marie-France et Denise. Cet étrange personnage avait alors demandé Marie-France en mariage. Il nous avait dits qu’il avait déjà deux femmes. Le vendredi 7, j’ai été content de visiter Reims par voiture, avec Marie-France et Denise. Nous avons aussi visité la cathédrale de St- Denis. Le même jour on était à l’Arc de triomphe et au palais de Chaillot pour contempler le magnifique panorama vers la tour Eiffel. Un grand écriteau au milieu de la tour, indiquait le nombre de jours pour l’an 2000. Nous avons cette fois beaucoup voyagé par bus, ayant acheté la carte Orange pour une semaine. Chez Laine, nous nous sommes mis à vivre à sa cadence pour ne rien changer de ses habitudes. Il m’a même fallu me mettre à jouer au tiercé et au Quarté. Laine n’a pas voulu nous accompagner à Paris.
Après une visité à la tombe de Fernand, nous avons été à Montparnasse, puis à chapelle de la Médaille Miraculeuse. Il y avait une Messe des pèlerins de Lourdes.. Le mercredi 12 après la traditionnelle visite à Notre Dame de Paris, Denis a acheté une paire de bonnes chaussures à la fontaine St-Georges. Gladys est venue nous rencontrer et nous avons déjeuné ensemble. Nous avons alors été au Sacré Cœur de Montmartre. Le jeudi 13 nous avons été avec Laine chez Jocelyn Edouard Betsy. Bertille nous a préparé un excellent repas : Pintade en daube et plateau des saucisses françaises. Jocelyn nous a fait visiter un immense hypermarché, le Carrefour où j’ai pu voir les derniers développements dans l’informatique. DVD, scanner, Photo numérique. Après le dîner, nous avons été à Paris pour admirer les lumières de la ville. Jocelyn nous a fait prendre l’avenue des Champs Elysées que nous avons enfin pu contempler la nuit, dans toute sa splendeur. Le vendredi 13, nous avons pris le bus en direction de la Bourse pour visiter Notre Dame des Victoires, la célèbre Basilique. J’ai été content de revoir la Statue de la Vierge et le bébé Christ les pieds sur un globe terrestre. Nous avons été à St-Eustache à pied et passé l’après-midi au Forum. Nous avons appris au téléphone que Marcel Poisson était mort à la clinique. Il avait été admis pour une simple bronchite, mais son cœur a fait défaut dans son sommeil. Il a été enterré dans la tombe de tante Julie Moutia, au cimetière St Jean. Une co-habitation assez incongru, si l’on peut dire.
Le 25, nous sommes partis par le train pour Grenoble, pour voir Max qui était toujours assez malade. Dany est venu nous rencontrer à la gare en compagnie de Maisie vers 9 heures du soir. Le lendemain nous avons fait le pèlerinage de La Salette. Longue promenade de montagne en voiture, avec Frédéric, Dany, Annie et Maisie. Le lendemain, jeudi 27, nous nous sommes rendus chez Max qui habitait une bonne maison de retraite. Le 28 nous avons pris le train vers 11 heures pour Marseille et Nicole et famille nous ont rejoints à la gare vers 3 heures de l’après midi. Nous avons tout de suite pris la route vers Lourdes, et nous nous sommes arrêtés à Narbonne pour passer la la nuit.
Après avoir déjeuné à l’hôtel, nous avons bu le whisky Chivas offert par Max et l’euphorie du voyage m’a fait composer un séga pour Claude ’Narbonne pleine line, Missié Dévichi boire civas.’ Le Samedi 29, nous avons fait le pèlerinage de Lourdes pour la dernière fois du siècle. Notre hôtel se trouvait assez proche du sanctuaire, mais il y avait un attroupement de militaires. Il y avait aussi des réunionnais en face de notre hôtel. Le dimanche 30, la messe pour les militaires à la cathédrale souterraine a été mémorable. Au chemin de retour nous avons été à Montpellier ou nous avons passé la nuit. Nous avons dîné à la fameuse place de la Comédie ou nous avions jadis habité dans l’appartement de Serpillon. Nous avons aussi retrouvé l’appartement de Jean et de Nicole, dans une rue avoisinante. La voiture rouge encastrée dans un menu était en place.
Le lundi 31, nous avons pris le bateau pour Bastia. Nous étions confortablement installés dans la nouvelle maison des Devichi à Furiani. On avait une chambre avec une télévision et une vidéo pour passer les films collectionnés par Claude. Les Devichi ont une grande cour et j’ai participé quelque peu à l’entretien. Ils ont aussi quelques arbres fruitiers : pommiers, abricotiers, et Orangers qui rapportent. J’ai consommé pas mal d’abricots mûrs tout en maniant un tuyau d’arrosage. Ils n’avaient pas encore d’ordinateur. J’avais commencé ma propagande en faveur de l’acquisition par Nicole d’un ordinateur qui devait, selon moi, être indispensable à Claude et aux enfants. Nicole qui travaillait dans une firme informatique, ne voulait pas s’endetter pour faire l’achat d’un ordinateur. Elle se disait rassasiée de l’informatique et ne voulait pas importer dans sa propre maison l’emblème de son boulot. J’avais en vain essayé de convaincre Jocelyn à Paris et Dany à Grenoble, pour qu’il fasse l’acquisition d’un ordinateur. Marie, la fille de Dany, avait l’ambition d’avoir son propre ordinateur. Elle disait que toutes ses copines en avaient un. Elle m’avait semblé s’intéresser davantage à des poly copieurs de C.D.que de tableur. Le jour de mon départ, je pensais avoir convaincu Dany. Elle m’a alors dit d’un ton d’étudiant bien de son temps : « Mon oncle, merci pour la défense de mon cas. Mais tu pisse dans un violon. ! » Ayant suffisamment harcelé Nicole et Claude, j’ai eu une grande surprise, un après-midi, d’être invité par Nicole : « Allons au supermarché Géant pour acheter un ordinateur. Ainsi, tu ne pisseras pas encore, cette fois, dans un violon. »
Le soir même, elle s’était procurée un ordinateur flambant neuf de 450 Mgz avec DVD. Il nous a pourtant fallu attendre le lendemain pour l’inauguration, car on recevait le même soir la famille d’un ami Corse de Claude, un mécano qui s’occupait de la réparation de leur voiture. Je me souviens d’avoir passé une bonne soirée en compagnie de ces gens sympathiques, tout en appréciant les crevettes et le Riesling alsacien. Nous avons entrepris une longue tournée au Cap corse et on s’était arrête à Lavasina que j’avais déjà visité cinq ans auparavant. Nous avons également visité la tour génoise qui était en très bonne condition. On se souviendra de la promenade à Erballunga. Il s’y trouve ses antiques maisons aux grandes portes antiques en bois massif, et les petites ruelles.
Nous avons contemplé les plages grises à Nouza ou il y avait, des années auparavant, des mines d’amiante, de nos jours obligatoirement désaffectés. Nous avons joui d’un pique-nique sous un pin maritime. Nous avons pris le thé à Massinggio, un petit port pittoresque avec une forêt de voiliers. Loin au large, on pouvait distinguer l’ile d’Elbe et la côte d’Italie. Nous avons un jour accompagné Claude à Ajaccio, en allant par la route de Corte. Paysages de montagnes portant parfois une cape de neige. Nous avons revu les belles plages d’Ajaccio, après avoir visité la ville et prié dans la cathédrale.
A la fin de notre séjour nous avons été de l’autre côté de l’ile à St.Florentin. Nous avons un jour marché le long d’une route abrupte et sinueuse pour aller au village de Furiani.. Les maisonnettes sont identiques à ceux que l’on trouve à Cardo, le patelin des Devichi. A la place de l’église, les gens se rencontrent, pour faire la conversation. Il y a un sentier au bout de la route qui va à Ste Marie où les gens vont en pèlerinage. Marie-France et Marie-Claire sont venus nous rejoindre en Corse, et nous avons passé deux semaines ensemble. Ayant probablement abusé de saucisson, et de vin rouge, j’ai eu deux attaques de goutte. La deuxième fois il m’a fallu aller voir une femme médecin avec Nicole. Elle m’a fait prendre de la colchicine, un médicament drastique qui m’a fait un peu de bien, et soulagé la douleur. Le retour à Marseille a été agréable, car nous avons voyagé à bord d’un plus grand paquebot, le Napoléon. Nous avons cette fois accompli le trajet pendant la journée.
Je boitais un peu en raison de mes douleurs au pied gauche, mais j’ai été quand même content d’aller contempler les paysages des côtes, d’abord le Cap corse, puis les Calanques de Marseille. La vue sur l’île d’If était saisissante. Nous sommes arrivés par beau temps chez Gisèle où nous avons passé la nuit. Le lendemain matin, nous avons fait nos adieux à Claude, Gisèle et Michael et nous avons pris le TGV pour Paris. Nous avons été à la Gare du nord pour prendre le train Eurostar pour Londres par le tunnel. Laine nous a rejoint à la gare et devait nous accompagner en Angleterre. Le voyage est vite fait, on ne voit même pas la Manche et on se retrouve après 20 minutes d’obscurité dans les campagnes du sud de l’Angleterre. Le train va directement à la gare de Waterloo. Maud et Joëlle étaient au rendez-vous. Comme c’est la coutume nous avons eu droit à une fête spéciale dans la soirée Eugène qui fait la cuisine, s’était surpassé pour nous faire un repas gargantuesque, bien arrosé avec du Cardhu, un whisky de malt, vieilli de 12 ans. Dès le lendemain, nous avons quitté Laine et sommes partis, en groupe visiter Londres.
La carte spéciale des autorités du transport de Londres, pour un jour de voyage, nous a permis de voyager par métro et par bus à volonté. La présence d’un enfant nous a fait bénéficier d’un rabais. S’il y avait un deuxième enfant le rabais aurait été plus conséquent. ‘You should have borrowed one.---Vous auriez du en emprunter un ! » Nous disait, facétieux, le préposé des ventes de billets. Nicole voulait entreprendre des visites dans tous les sites important de Londres. Nous avons donc eu un programme particulièrement harassant. Nous avons été à la messe du dimanche à la Cathédral de Westminster, puis à St Paul, , plusieurs fois à la National Gallery, au British Museum, à la Tour de Londres au Tower Bridge, à Albert Hall, au Soho, plusieurs fois à Trafalgar square, au Buckingham Palace. Elle voulait tout voir. Il nous a fallu faire le shopping à Tottenham Court Road, à Oxford Street et aussi à Wood Green. Chaque soir, Eugène nous attendait pour faire la fête. Chaque fois, il fallait boire un nouveau whisky. Un soir, nous avons été invités chez Annick et Colin. Nous avons été contents de voir évoluer la petite Sophie, qui parle trois langues déjà.
A mon étonnement Colin était comme un bon cuisinier. Il avait également, comme Eugène, une bonne capacité de boire plusieurs verres d’alcool. J’ai eu l’occasion de faire usage avec Colin, de l’humour britannique que j’affectionne parfois. Nous avons entrepris en voiture, en compagnie de Joëlle, une mémorable randonnée dans la campagne britannique pour visiter Cambridge. La ville des universités est très pittoresque, avec ses vieux bâtiments et les églises datant du moyen âge. Le retour en France a été sans problème, mais il y avait le surcroît de bagages qui nous a incommodés. Nicole est partie pour d’autres vacances au sud de la France et on du encore faire des adieux. Nous allons retrouver Nicole et Laura et les autres membres de la famille en l’an 2000. A Paris, nous avons alors été chez Laine, pour préparer la fête du 14 juillet. Nous avons acheté une autre carte orange pour voyager par métro et bus et nous avons profité de ce séjour pour visiter beaucoup de sites à Paris. Nous sommes allés rencontrer Maisie, Gladys et André Georges en deux occasions. C’est au Fnac de Montparnasse que j’ai acheté mon appareil de photographie numérique. Denise a acheté d’autres chaussures et des cadeaux pour la famille. Maisie a été invitée le 14, pour le déjeuné familial.
Au menu on avait un grand plat de grosses crevettes, des sausisses en daube et le carri de poule traditionnel. Nous avons quitté Paris pour Wassy en compagnie de Maisie. Après deux jours de fête à Wassy, la goutte m’a encore pincé et je suis reparti pour Maurice heureux mais appuyé sur une cane que Marie-France m’avait offerte. On a sans doute eu des égards pour un vieil handicapé à l’aéroport, car nous avons eu droit dans l’avion à quatre sièges.
Je suis donc retourné en bon état à Maurice. Mes bouteilles d’alcool hors taxe ont été destinées aux fêtes de l’an 2000. Nous avons retrouvé avec plaisir, les enfants et petits enfants à Maurice. Le jour de notre arrivée, Jean m’avait proposé de prendre un bain de mer à Flic en Flac. J’ai ainsi retrouvé bien vite mes habitudes. ‘Home sweet homme’ comme dit l’Anglais. Ayant encore quelques économies, nous avons acheté une nouvelle télévision de 29 pouces et une vidéo Sony. Denise qui s’est abonnée à Sky Vision, a maintenant les programmes de Canal Satellite, grâce au parabole installé sur le toit. Nous avons aussi des radios en pur son digital dont Hector la chaîne de musique classique qui fait mes délices. J’ai acheté un scanner qui complète mon appareil de photo numérique et possède un Ordinateur de 19 pouces .
Ces équipements qui me sont maintenant tout à fait familiers, m’ont permis de constituer un véritable album familial et d’illustrer ces mémoires. Nous avons perpétué les réunions familiales, chaque dimanche, avec Jaqueline, Jean et ses enfants. La correspondance par E-mail, a pris, en cette fin de siècle, de plus en plus d’ampleur et s’est même internationaliser. Nous envoyons le plus souvent, des messages collectifs à plusieurs correspondants
J’ai pu souhaiter son 78eme anniversaire à Max. Il était entouré de tous ses enfants. Après avoir eu une rechute, il a été de nouveau hospitalisé. Son moral était cependant demeuré inébranlable. De retour à la maison des vieux, il s’est quelque peu affaibli et a cessé de parler.
Il est mort paisiblement le 29 novembre 1999. Ses cendres rapportées à Maurice sont dans la tombe de mon père à saint Jean. Il y avait un événement familial le 30 novembre, car nous avons eu un centenaire dans la famille. En effet, Esmeralda Félix, a eu 100 ans. Elle habite toujours la rue Shand Beau-Bassin. La tante Da est la sœur de Haydée Félix qui avait épousé Fils Terrière. Elle avait d’autres sœurs et un frère Eliel qui avait été imprimeur du gouvernement et que je connaissais bien.
Nous avons le même arrière-grand-père, Jean Félix. Deux autres membres de la famille ont failli devenir centenaires. Tante Janine, morte à 99 ans et Ignace Félix mort au début de 1999, après avoir étrenné ses 90 ans. Le troisième millénaire.
L’an 2000. Nous avons passé la nuit du 31 décembre 1999 avec Myrielle à Quatre-Bornes. La famille s’est retrouvée presque au complet en 2000 avec les voyages de Marie France, Marie Claire et les Devichi. Frédéric Félix et son amie sont aussi venus chez nous, ainsi que Dany Annie et Marie.
Du point de vue santé j’ai eu une très mauvaise année ayant subi deux opérations. La première fois à la Clinique de Lorette pour enlever des excroissances de la cuticule, encombrantes, et la deuxième pour un problème de fistule. J’avais d’abord souffert d’une déchirure de l’anus très douloureuse et ensuite d’une fistule qui m’a rendu inconfortable pendant plusieurs mois en dépit d’antibiotiques à doses massives. Je suis allé voir quatre médecins différents avant de subir l’opération le 5 décembre à la clinique de Bon Pasteur.
J’avais alors proposé moi-même que l’on me donne le sobriquet de ‘fesse cassée’ Nous avons dignement fête Noël et le nouvel an. Le 31 décembre 2000, nous avions acheté une bouteille de Campagne Veuve Clicquot, que nous avons bu en compagnie de Jacqueline. La famille Maulguet est venueà maurice en Mars et Avril. Ils étaient logés dans un campement à Choisy, et comme il y avait une piscine Jean avait emmené ses gosses pour les bains de piscine avec Sophie. Annick, Colin, Joelle, son ami Chris et les grands parents Peter et Carol étaient du groupe. Nous avons loué le campement Nautilus au bord de la mer à Albion pour recevoir tout ce monde le jour de Pâques. C’était une bonne fête bien arrosée.
Le jeudi suivant, ils sont tous venus à Quatre-Bornes pour un cocktail. Les enfants voulaient que nous soyons tous (sauf Jacqueline, qui ne peut pas faire le déplacement) en France pour fêter les noces d’or. On serait alors en compagnie de tous les petits enfants. Carine a accouché de notre arrière petite fille Axelle au début de juillet. Nous avons pu aller la voir à la clinique.
La fête des noces d’or du 14 Juillet 2001 a eu lieu à Taverny, 61 Rue de Beauchamp, près de Paris.
Ajout en 2011
Nos noces de diamant ont eu lieu le 14 juillet 2011 à Maurice.
La fête a eu lieu dans un campement à Flic en Flac.
Marie France, Nicole, Michael ,Eugene et Maud, Lily et famille,Jean Marc et sa femme, Gilbert Xavier, la famille de Madie étaient présents.
Voir deux videos sur You Tube
Sténio
L'histoire de cinquante ans de vie commune. Message du pape Jean-Paul II aux familles, Ste Anne d’Auray, septembre 1996. A l'esprit de gratuité...Esprit-Saint, toi qui es l'amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, tu es présent dans l'amour des époux, du mari pour sa femme et de la femme pour son mari. C'est toi qui leurs souffles qu'ils doivent être le Christ l'un pour l'autre. Grâce à toi, ils savent que l'absolu est sous leurs yeux, et non dans les abstractions délirantes. Leur fugue à deux voix crée l'absolu chaque jour et cet absolu au quotidien leur donne force et joie. L'infini, c'est la lumière infinie des visages qui s'aiment d'un amour généreux et durable. Le pouvoir, c'est d'un mot, d'un geste, D’éclairer, d'illuminer un visage, et non de faire ramper devant soi les gens. Esprit Saint, tu es l'esprit de profusion secret des atomes, des cellules, des galaxies. C'est toi qui unis, dans la confiance partagée, les époux, les parents et les enfants. Grâce à toi brille le diamant de la gratuité, cœur de l'univers, âme du monde.
Introduction.
" Merci, Seigneur, pour mon époux, pour mon épouse, pour nos enfants ! Merci pour l'amour que tu mets dans mon cœur ! Merci pour celui que tu mets dans le leur ! " J’ai écrit ce livre, pour que nos enfants et nos petits enfants et qui sait ? nos arrières petits enfants, puissent, s’il le désiraient, avoir accès à des informations nous concernant. Ce récit d’une vie commune des cinquante dernières années a été rédigé particulièrement en commémoration de ce 14 juillet 2001, à Paris, où les enfants et petits enfants se sont rassemblés autour de nous, avec des parents et des amis.
Nous avons voulu démonter l’étonnante variété des évènements qui jalonnent une vie, avec ses bons et mauvais moments, avec ses peines, ses difficultés, ses tristesses et ses joies.
A d’autres le soin de juger si le destin nous a bien servi et si nous avons pu jouir de ces cinquante années données par le Seigneur. Je pense que nous avons eu de grands moments, mais que dans cette vie, nous avons commis, nous aussi des erreurs.
Nous avons certes éprouvé des défaillances, mais on trouvera ici ni doute ni regret. Je plains ceux qui n’ont rien à raconter, qui ne veulent pas se souvenir de ce qui a été bien ou mal dans leur vie. Je serai heureux d’avoir pu, selon mes moyens, léguer à mes enfants et petits enfants et aux générations futures de la famille, un témoignage des faits marquants qui ont jalonné cette période importante de nos 50 années de vie commune.
J’ai eu de grands et de petits bonheurs : la lecture, la musique classique, les bons repas de famille, les visites des parents et des enfants, les bains de mer, le bon whisky et le bon vin, l'euphorie des dimanches après la messe et enfin, ma femme ronde ! Loin de moi l’idée de dénigrer. J'ai épousé quelqu'un de différend et tout s'est bien passé, comme vous l'avez toujours deviné. ” Souvenirs des 50 dernières années.
Notre histoire peut prendre naissance vers 1945. J’habitais alors avec ma mère, et mes sœurs Jenny, Maud, Lily, Gladys et Maisie, a Beau-Bassin. Mon frère Max s’était établi à Madagascar. C’était l’année du fameux cyclone qui a enlevé le toit de la chambre où je couchais ! La famille de mon ami Roland Crouche, qui s’était établi à Port-Louis à la mort de son père Anatole, est venue habiter une maison qui les appartenait à la Rue Pope Hennessy, avoisinant celle de Roger Crouche, et non loin de celle de la tante Andrina et de Pierre Crouche. Je connaissais déjà deux sœurs de Roland, Iryse qui semblait loucher d’un oeil, et Myrielle qui était alors plutôt mince et affichait ouvertement ses sentiments pour un habitant de Port Louis, Gaby Betsy, qu’elle devait épouser.
Quand je me rendais chez Roland à son invitation, il s’y trouvait également un petit frère, tout à fait inoffensif et deux autres sœurs, Ghislaine et Denise. La première était vive et enjouée et avait les répliques insolentes, la seconde, plus jolie mais plus réservée n’avait que 15 ans, et avec un air de sainte nitouche, se mettait à m’étudier, sans rien dire. Comme j’étais encore chômeur, malgré mon diplôme tout neuf d’Agriculture, la mère de Roland, Irénée se contentait de spéculer. C’était une famille assez dépourvue et elle devait faire des plans pour attirer et retenir des prétendants convenables pour ses filles. Je crois que c’est à la suite d’un pique-nique avec la famille Crouche à Bel air St Félix, que mes relations avec Denise ont été scellées. Ce pique-nique dans le cadre enchanteur de Bel-Air était mémorable.
Nous avions pris place dans un petit bus conduit par Clément Manuel. Le pauvre Clément devait mourir de leucémie quelques années plus tard, un peu après son mariage avec Arlette Némorin. On était assez nombreux, avec la présence des familles Adolphe et Pitchen, ainsi que les Betsy. Roland était accompagné de son inséparable ami Marcel Audibert, qui courtisait Ghislaine.
On avait accès au campement qui se trouvait au sommet de la falaise, et il y avait une piscine au bas de celle-ci avec accès à la mer. Nous sommes souvent revenus à Bel Air, tentés par le plaisir de prendre un bain de mer dans cette piscine, ainsi que par celui de contempler le spectacle grandiose des vagues s’écrasant au milieu d’écumes blanches sur les falaises.
Le 30 décembre 1949, mon frère Max et Mathé étant à Maurice, nous avions été au même endroit avec notre famille, en voiture. Max a trouvé alors ce qu’il croyait être une bonne tactique pour se doucher en s’accroupissant sur un rocher fréquemment balayé par les vagues. Une de ces vagues a failli l’emporter, mais il est tombé dans l’eau et s’est blessé au pied. Ce sport dangereux qui nous avait toutefois séduit, a failli me coûter la vie plus tard, quand j'ai été emporté en haute mer à Pointe aux Roches.
C’est à cette période que mon parrain André Moutia qui était Entomologiste au Département D’Agriculture, m’a invité à prendre du service dans sa section, sans paye. Après quelque mois de ce service comme stagiaire, on m'a proposé un emploi temporaire comme « Technical Assistant » à la section d’Entomologie. C’était un travail assez spécifique dans le cadre de la coopération internationale pour la lutte biologique contre les insectes nuisibles. Ma tache consistait à parcourir l’île pour collectionner des coccinelles de diverses espèces. André Moutia faisait alors l’intérim comme chef de la section. Etant diabétique, il se donnait, chaque jour, des piqûres d’insuline, et cette maladie avait eu chez lui des conséquences inattendues sur son comportement avec son prochain. Rarement de bonne humeur, il avait le don de passer des rebuffades d’une violence étonnante. Il trouvait toujours moyen de vous prendre en faute et soulignait avec véhémence vos manquements, même les plus bénins.
Convenons donc que j’ai débuté durement et péniblement dans ma carrière. Mes émoluments étaient alors de Rs.150. Une importante somme car les fonctionnaires dits commis de l’état ne touchaient que 60 roupies. Après avoir payé une pension à ma mère, je me mis gaillardement à dépenser mon pactole. Il y avait le cinéma, les courses de chevaux, les surprises parties, et l’achat de livres et des disques. Je ne crois pas avoir pris la peine d’épargner un sou pendant cette période, mais j’avais déjà eu l’habitude de collectionner des livres, habitude que J'aurais conservée jusqu’à ce jour.
Mon ami Roland, a mené alors grand train et fréquentait surtout les salles de jeu. Il rentrait chez lui à deux heures où quatre heures du matin, ce qui donnait des soucis à sa famille. Ses sœurs m’ont révélé, qu’il avait souvent les poches pleines à craquer de pièces d’argent. Mon beau frère Max était aussi un fervent des jeux de chance, dont le quatre-quatre. C’était un jeu très simple qui consistait à déposer un bol sur des tas de pièces de monnaie et de compter le contenu en éliminant les pièces quatre par quatre. Les pièces restantes constituaient le chiffre gagnant.
C’était une manière facile de gagner ou de perdre de l’argent. J'ai été bientôt contaminé par le démon du jeu et me suis rendu également le soir dans diverses salles de jeu à Port Louis et à Rose Hill. Après avoir gagné une fois ou deux, la désillusion s’est installée bien vite et j'ai perdu suffisamment d’argent pour me trouver en difficulté financière, ne pouvant, par exemple, faire face aux frais de Taxis.
Max me dépannait tant bien que mal et je pris conscience à temps que la fréquentation des jeux de chance puisse mener à de graves problèmes. Les débordements de la jeunesse prennent des voies périlleuses, surtout quand on est entraîné par des amis qui ont déjà pris la mauvaise tournure. Roland ne se contentait pas de jouer tous les soirs à Quatre-Quatre, il prenait plaisir d’entreprendre des sorties nocturnes dans des endroits mal famés en compagnie de mauvais amis Ils entraînaient souvent d’autres jeunes. J’avais décidé de faire la cour à Denise, la jeune sœur de Roland, je mis fin à ces sorties nocturnes, pour mon grand bien. Je menais dorénavant une vie tout à fait rangée et respectable.
Mariage et naissance des enfants.
Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sur le ciel. Quoleth 3 :1
Pour faire la cour à une fille en ces temps là, il fallait que ce soit une opération délicate, réglée avec minutie par les parents. On était tout bonnement sous surveillance, et la future belle-mère n’était jamais trop loin. On ne pouvait aller au cinéma qu’en compagnie d’une sœur ou du petit frère. Je devais souvent me révolter contre cet état de choses et les relations devaient s’envenimer avec la famille.
Ayant eu une altercation avec Roland à ce sujet, je compris qu’il allait falloir avoir recours à une décision immédiate. Je n’étais certainement pas prêt financièrement à affronter les risques d’une liaison matrimoniale, mais comme on était assoiffé de liberté, il n’y avait pas d’autre issue que le mariage.
Avec des salaires de Rs. 385 par mois, je me vis ce 14 juillet 1951, grimpant les marches de l’église du Sacré Cœur de Beau Bassin pour me marier avec Denise. La cérémonie a été suivie par une simple réunion familiale ‘ en petit comité ’ selon les termes d’usage courant. Le père Rivalland qui officiait s’était étonné que nous n’ayons qu’une seule alliance, et avait prononcé son homélie qu’il a éclairée particulièrement en direction de la patience que doit avoir la femme dans son ménage.
Elle devait accepter l’humeur souvent changeante du mari et pouvait tomber sur un caractère difficile. Il m’avait jaugé et jugé à sa manière et les invités présents à l’église, avaient l’air de comprendre et d’approuver en hochant la tête.
Tant pis, c’était achevé et nous étions mariés. Une mini-fête a été organisée à Beau-Bassin dans la maison des Crouche. Cette réunion familiale, en dehors des normes habituelles, s'était tenue en l'absence de ma propre mère et de Roland. En dehors de Maud et Max, on avait invité Roger et Pierre Crouche et leurs familles, ainsi que Bernadette et André Moutia.
On a servi modestement du rhum, mais il y avait un gâteau de mariage et une bouteille de champagne. Le terme ‘ Ti dimoun ’(petites gens.) n’existait pas encore, mais on peut dire sans se tromper que nos noces pouvaient se classer dans la catégorie des mariages ‘ Ti dimoun ’. Ayant loué la maison de Paul Dantier, un oncle de Denise à Quatre-Bornes, on s'était rendu vers minuit accompagné de presque tous les convives qui étaient peut-être curieux de voir comment on s’était débrouillé pour l’installation et surtout le mobilier. C’était bien entendu tout ce qu’il y avait de plus rustique. On ne s’en souciait guère ayant fièrement adopté le slogan ‘ Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre ! ’ Nous avons été plus tard dans un campement de Souillac en Pseudo lune de miel avec Lily et Marcel qui venaient de se marier. Nous avons habité la grande mais vieille maison de Quatre Bornes pendant environ deux ans. Il y avait aussi une très grande cour, et j’ai profité pour planter des fleurs annuelles, en particulier des oeillets. L’œillet Chabaud était alors assez méconnu des mauriciens, et j’étais ravi de voir les visiteurs s’émerveiller et admirer les fleurs jaunes dans nos plates-bandes. On cultivait alors des fleurs pour le plaisir et pour offrir à des parents et amis. Je me souviens en avoir offert à Tecko de Chalain, l’inséparable ami de Max Melotte.
Il m’avait alors fait part de son opinion défavorable sur ma table de ‘ping pong’ qui, faute d’autres meubles avait été disposé au milieu d’une grande chambre. Cette table en bois de lilas, mal séché, avait été fabriquée à la hâte et sans aucun effet de bonne menuiserie par Jimmy, le fils aîné de la servante Germaine de ma mère. En effet, on avait abattu un gros plant de Lilas qui se trouvait dans la cour de la maison de Beau-Bassin. Ayant fait scier ce bois en planches, j’avais chargé Jimmy de fabriquer une armoire, un lit, un tréteau pour le tennis de table, et un baffle épais pour les haut-parleurs. J'en avais fait l'acquisition d'un technicien du nom de Tranquille, en même temps qu'un ampli maison, sans boîtier, ayant de grosses lampes spectaculaires, en échange d’une vieille radio. Le travail bâclé de Jimmy était tout à fait rustique.
Nous avions une longue cave située d’un côté de la maison et on y élevait une souche de canards de Barbarie, dite canard ‘ Manille ’ à Maurice. J’ai pu obtenir un grand coup de main de la part de Denise pour effectuer cet élevage, qui réussit si bien que la première femelle n'a produit pas moins de 18 canetons et la seconde 15 canetons. On avait donc 36 canards dans la cour. Pour bien nourrir cette population vraiment spontanée, je faisais grand usage d’escargots qu’on écrasait avec une pierre. Le gros mâle se précipitait avant les autres pour happer une poignée de ces mollusques gluants, suivi par les deux femelles et la nichée de petits canetons. On a obtenu bien vite des gars bien ventrus, prêts pour la casserole. Je ne pense pas avoir mangé autant de canards dans ma vie que pendant cette période. Quand nous recevions les parents ou des amis, le grand seigneur, propriétaire d’élevage que j’étais, faisais signe à Denise de faire goûter un plat de canard.
Elle se mettait alors à la besogne, sans protester. J'avais une petite femme tout à fait désireuse de plaire à son mari et à tous, sans exception. C’était une fermière bien disposée à faire profiter aux visiteurs les produits de son élevage. Nous n’avons pas vendu un seul volatile ce qui suggère véritablement q’entre nous deux nous avons décapité pas moins de 36 canards. Cyril, le frère de Denise a eu la délicate besogne de tuer et de plumer le gros mâle quand nous avons abandonné l’élevage en raison des attaques répétées de rats. Cette même année, la section d’entomologie m’a envoyé en mission à L’île Plate afin d’introduire les oeufs d’un papillon pour la destruction des cactus qui envahissaient l’île.
Denise m’avait accompagnée, et pour prolonger la lune de miel, nous avions été autorisés de passer une semaine dans cette île idyllique. On avait eu accès à un grand campement, apparemment, celui du gouverneur de Maurice, et on était choyé par le seul habitant, un Brebner, qui était responsable de cette partie de l’île Plate. Tout en haut, sur la colline, habitait trois autres personnes, le couple Dick, gardiens du phare, et un employé. Je n’ai jamais été aussi comblé en approvisionnement de poissons et de fruits de mer. Brebner et Dick, se reléguaient pour nous présenter de beaux spécimens de Cateaux, de Licornes, de Gueules pavées, et de Dames Berry, sans mentionner les crabes et les bigorneaux. Je me vois au bord de notre varangue, projetant avec force les poissons qu’on n'avait pas la possibilité de consommer le plus loin possible dans la brousse. C’était du gaspillage dans le sens le plus pur du terme! Nous avons été un matin visiter l’îlot Gabriel, en compagnie de Brebner. Ayant surveillé le retour au nid d’un oiseau, Paille en queue, nous avons capturé l’oisillon qui venait de recevoir de sa mère un poisson entier. Denise a ramené cet oiseau vivant à Maurice. Ne pouvant survivre, nous l’avons alors confié à mon ami Courtois, taxidermiste amateur pour être empaillé. On peut voir le haut parleur pour basse et l’oiseau ‘Paille en quue’ rapporté de l’ilot Gabriel. Le propriétaire de notre première maison, Paul Dantier dit Pop par son fils, avait décidé de venir habiter sa propre maison.
Nous avons commencé un long exode qui nous a graduellement poussés à de nombreux déplacements de maisons en maisons. En quittant la maison de Paul Dantier, on s’est installé dans une petite maison en tôle et bois. Celle-ci se trouvait à côté de la maison des Crouche à la rue Pope Hennessy, appartenant à une parente de la famille Crouche. Malgré toute notre bonne volonté, nous ne pouvions qu’être inconfortable dans cette case exiguë que je n’aimais d’ailleurs pas. Denise s’en accommodait cependant, très bien, étant logée à côté de ses parents. A mon avis cela constituait un désavantage certain.
Il fallait dire adieu à la tranquillité auquel j’aspirais, car on allait dorénavant recevoir beaucoup de visiteurs. Marie France et Jacqueline devaient naître dans une cabane à côté de la maison des Crouche. Marie France est née le 3 janvier 1953. Maud et Max Mélotte, sa marraine et son parrain, sont venus fêter l’événement avec Roland, Laine et Cyril. Nous avons bu du brandy français Neyraud, pour l'occasion. Marie France avait la figure toute fripée à sa naissance, ce qui faisait dire à Roger Crouche qu’elle était née plutôt laide.
Quelques jours plus tard c'était de l'avis de tous, un très beau bébé. Marie France étant aînée des enfants a été la plus photographiée de la famille, car j'étais alors très féru de photographie, et imprimait moi-même mes clichés. Nous avons encore un album dans lequel on peut retrouver les photos de son enfance. . Dans un vieux carnet, datant de l’époque, que j’ai confié à Marie France. On peut lire « Nous avons été au cinéma hier soir, et aujourd’hui je me suis querellé avec Laine, comme d’habitude. Nous avons reçu la visite de Max et Maud, et Roland est venu nous rejoindre pour faire la fête. On a bu beaucoup de rhum . » Nous vivions très simplement, mais les fins de mois étaient difficiles. Il fallait emprunter 10 à 20 roupies de Laine ou de Maud pour le ménage. A cette période que J'ai été nommé Assistant Phytopathologiste temporaire pour remplacer Antoine qui faisait ses études en Angleterre.
Le patron Orian, avait voulu qu’on offre la situation à son propre fils, mon ancien ami Fédo. Il m'a fait un mauvais accueil, ne me considérant point compétent à occuper cette fonction. Malgré les pressions du directeur, un anglais hypocrite, j’ai accepté d’occuper ce poste dans d’aussi pénibles circonstances. Ayant emprunté le coût de la voiture du gouvernement, j’en fis l’acquisition. C’était ma première voiture, une Morris Minor verte, No. 6228. On allait donc pouvoir voyager dans toute l’île pendant le week end. Jacqueline est née, deux années après Marie-France. Elle est venue au monde sans problèmes. La sage femme était toujours Mme Marguerite Dada.
Elle avait la réputation d’être très volubile. Pour passer le temps elle nous a racontés comment elle avait été mutilée par son bébé Philippe qui lui avait mordu un sein pendant la période d'allaitement. Ayant joint le geste à la parole, j'ai dû constater de visu, qu’elle disait la vérité. Comme on habitait à côté de la famille Crouche, toute la famille était présente, sauf Laine et Roland qui travaillaient.
Malgré le fait que c'était un Vendredi Saint, c'était une belle occasion pour faire la fête. Le parrain était Roland et la marraine Gladys. Jacqueline était un assez gros bébé, bien formée dès sa naissance et qui n'a guère tardé pour sourire aux visiteurs. Etant d'une forte constitution, elle ne pleurait que rarement, ce qui faisait dire à Denise qu'elle allait avoir un bon caractère. Ayant été remercié à la section de Pathologie quand Antoine, contre toute attente, a repris son poste. J'ai été embauché une fois de plus à la section d’Entomologie comme Technical Assistant, poste que j’ai occupé jusqu’à 1955, quand J'ai été nommé Phytalus Officer une situation permanente.
La voiture a été vendue pour faire face aux difficultés financières qui devenaient intolérables. Comme on était mal logé dans la cabane de la rue Pope Hennessy à Beau-Bassin, on réussit à louer une coquette maison neuve à la rue Hitchcock, Quatre-Bornes, appartenant à Bouchet. Nous avons habité cette maison pendant quatre ans et y avons mené une vie heureuse, en regardant grandir nos deux filles. Celles-ci fréquentaient une petite école maternelle de la famille Bouton, tout près de la boutique Castel. Jacqueline y allait pour dormir, mais Marie-France, très têtue, donnait du fil à retordre à son surveillant. Un jour, elle s’enfuit de l’école et est revenue seule à la maison. Comme c’était de coutume alors de corriger les enfants fautifs, elle a eu droit à une bonne fessée à mon retour du travail. En 1957, j'ai été transféré à la section de Phytopathologie comme ‘Plant Inspector.’ J’avais un bureau à Port Louis pour contrôler les importations de plantes et végétaux. Il me fallait me rendre en douane à l’arrivée des bateaux et à l’aéroport pour celui des avions.
Comme ceux-ci atterrissaient alors au milieu de la nuit, je m’y rendais en taxi avec le planton Marday. Marday travaillait à Réduit ou il était un peu l’homme à tout faire. Je l’avais connu au Collège D’Agriculture quand il venait offrir aux étudiants une décoction qu’il qualifiait de thé.
Il s’agissait des 6e ou 7e infusions. Le planton de Port Louis, Samboo, un grassouillet, nous téléphonait à Quatre-Bornes pour me mettre au courant des arrivages. « Moi Samboo ça, Madame », c’était invariablement son entrée en matière, quand il tombait sur Denise. Il avait pris l’habitude de ‘prélever’ des échantillons de pomme de terre d’oignons et d’ail, des cargaisons qu’on inspectait, et en disposait selon sa convenance. En 1958, J'ai fait une mauvaise affaire en faisant l’acquisition d’une vieille voiture noire qui avait été maquillé avec de la peinture fraîche. Une Austin A40, No 7246. C’était de toute évidence une bagnole esquintée, ayant un moteur défectueux. J’ai eu beaucoup d’ennuis avec cette voiture et les coûts de réparations ont fondu mes rares économies.
On vivait cependant gaiement, recevant beaucoup de visiteurs. On s’amusait follement et il y avait des fêtes pour le déjeuner du dimanche et même parfois en semaine. Je me souviens que Roland et Edley Macquet, bien amochés ont dansé un soir, une ritournelle bien cadencée nommée Zambézi.
J’avais comme voisin, l’Assistant pathologiste Orieux, un individu loufoque qui était pour dire le moins un original d’une rare espèce. Il s'était présenté à Denise un matin dans son accoutrement de jardinier avec un seau contenant des plantes, en disant le plus naturellement possible « je viens planter des plantes d’ornement dans votre jardin, car je constate que Sténio n’a rien mis en terre jusqu’ici. » Le 2 Novembre 1958, on était en pique-nique à Pointe aux Roches avec Edley Macquet, sa femme Jacqueline et ses enfants ainsi que Cyril et sa famille.
Je me suis ce jour là sérieusement blessé en mer en pratiquant le sport dangereux de la douche sur les rochers balayés par de grosses vagues. Après avoir été sommairement pansé à l’hôpital de Souillac, j’ai du conduire moi-même la voiture, pour revenir à Quatre Bornes, car mes amis ne savaient pas conduire. Je suis resté trois mois alité à la suite de mes blessures au rein. Le docteur que je connaissais depuis longtemps, car il était sorti boursier de l’école primaire en même temps que moi, a trouvé alors que j’avais été chanceux de m’en être tiré à si bon compte.
En1959, André Moutia et sa femme Bernadette, sont partis en congé pour l’Europe et le Maroc. Ils m'ont demandé de venir habiter chez eux pendant leur absence, à la rue Volcy Goupille, Beau-Bassin.
La maison d’André Moutia était une assez vieille maison, qui avait été cependant bien entretenue et aménagée pour donner un certain confort. La cour était assez vaste et la devanture faisait valoir une jolie pelouse avec un magnifique letchi à côté de la maison. A l’arrière de la maison, on pouvait voir la porte d'entrée de la maison des Philogéne. C’est dans cette maison que nous nous sommes provisoirement installés. On avait accès à son salon et sa varangue; ainsi que dans sa chambre et une autre grande chambre qui était réservée aux enfants. Je me souviens des fêtes que nous avons organisées dans cette maison. On jouait de la bonne musique quand on recevait Nadeau, un ami de mon travail qui était mélomane.
Un soir, on était tous un peu éméchés en écoutant du Beethoven avec, quand les voisins ont fait venir un policier pour faire taire le bruit. Un autre jour, mon ami Lagaité est venu me rendre visite après m’avoir accompagné à faire une promenade à la cascade de Beau- Bassin. Nous avons souvent reçu les dimanches le frère de Denise ainsi que la famille Macquet. Des surprises parties ont réuni pas mal d’amis. Le violent cyclone Carol s’est abattu sur nous en janvier 1960. Nous avons vraiment eu peur en subissant les menaçantes rafales. Pendant le calme qui a duré plus d’une heure, Cyril, dont la maison avait été abîmée est venu se joindre à nous.
Le lendemain, c’était la désolation et il n’y avait plus de feuilles sur les arbres. Dans la cour, c’était une grande dévastation, et on ne voyait que des branches déchiquetées. Chez les voisins, c’était pire. Dans la ville de Beau Bassin tout était plus ou moins détruit. On a toujours, la photographie de Denise en robe rouge qui a été prise sur les perrons de la varangue de cette maison. Jean y est né le mercredi 6 Avril.1960.
Encore une fois Madame Dada, qui connaît bien la famille Crouche a aidé Denise à la perfection, tant et si bien que la naissance eut lieu en présence de nous trois, sans l'aide des parents. Le bébé et Denise se portant à merveille, on se mit tous au lit en attendant le lendemain. « Tu peux attendre demain pour aller claironner la nouvelle ! » me disait alors Mme Dada ! C'est précisément ce que je fis, car, l’événement c'était la naissance du premier garçon. Celui-ci avait une bonne tête et des joues où perçaient des fossettes. C'était l'année du cyclone Carol.
Les arbres dénudés qui avaient survécu, commençaient à peine de montrer du feuillage vert et sain. Le baptême eut lieu le jeudi 7 avril à l'église Sacré-Coeur de Beau Bassin. Jenny a été la marraine et Cyril Crouche, le parrain. Bien arrosé avec le Whisky Ushers et du champagne Veuve Cliquot, la fête du soir fut mémorable, et on était tous bien gais et éméchés pour l'occasion. Vers la fin de 1960 on a déménagé pour aller vivre dans la maison que Mazy occupait à la rue Henri Lemaire, à côté de la maison de Ignace Félix
Clair Bancilhon se remettait d’une grave maladie et Mazy était partie seule en Europe. pour un court séjour.Tout comme Jacqueline, Jean était un bébé toujours de bonne humeur, qui s’accommodait bien dans sa famille avec ses deux sœurs pour qui, il représentait une nouveauté, quelqu'un de différent. Mon beau-frère Clair était un personnage haut en couleurs, un vrai phénomène! Il était féru de littérature française et de poésie. Je me suis bien amusé à l’entendre réprimander ses serviteurs, Jenky et Dookmine. Jenky la cuisinière lui préparait des bouillons de poisson avec des têtes de Licorne. Nous étions tous consternés de constater qu’il donnait l’impression d’apprécier cette cuisine ! On a eu droit un jour, à une vraie scène de théâtre quand il se rendit compte que Dookmine avait mis du sel dans son café. Cette cohabitation avec la famille de Maisie, Clair, Dominique et Pascale n'a duré qu'une année et nous avons habité une maison neuve à Belle Rose.
Encore un autre départ pour Quatre Bornes à la rue Balgobin ou Nicole devait naître, quand Jean avait un peu plus d'un an. La maison construite en béton, située non loin du Collège saint Esprit, avait pourtant l’aspect rustique, et on n’avait pas le confort espéré. J’ai fait bientôt l’acquisition d’une Ford Prefect Nicole est née le mardi 29 Août 1961. La naissance se passa très bien, la sage femme était toujours Marguerite Dada, mais contrairement à la naissance de Jean qui s'était effectuée tranquillement entre Mme Dada,
Denise et moi-même ; Il y avait cette fois pléthore de gens, dont la maman de Denise, Laine, Maud, et quelques visiteurs amis, Cyril et Lizzy, et enfin, Edley et Jacqueline Mackey. Notre dernière-née, que j'avais appelé Colo, dès sa naissance, était plus menue que les autres enfants à leur naissance. Elle fut baptisée en l'église de Notre Dame du Rosaire à Quatre Bornes. Maisie a été sa marraine, et Gaby Edouard Betsy, son parrain. En 1962 on déménagea de nouveau pour aller à Belle-Rose, Avenue Ollier, dans une assez coquette maison appartenant à Brelu-Brelu. C’est à cette période qu’on fit le projet d’entreprendre notre premier voyage en Europe.
La voiture fut vendue en 1963, et on déménagea de nouveau pour habiter la maison familiale à Beau-Bassin. Le jour de notre déménagement a été marqué par un incident qui aurait pu me coûter la vie. Croyant que mon beau-frère Clair avait fait supprimer l’électricité je me suis équipé d’une pince ordinaire en métal pour couper un fil qui se trouvait à l’endroit du compteur. J’ai saisi un des fils et l’avait sectionné d’un mouvement brusque. Consternation! Le courant passait. Songez que si j’avais coupé le second fil je n’aurais pas été vivant en ce moment pour écrire mes mémoires.
A cette période nous allions chaque fin de semaine en pique nique avec des amis. La voiture sillonnait l’île et c’était chaque dimanche un festin au bord de l’eau. Notre voyage en Europe fut sommairement préparé. Nous n’avions d’autres ressources que mon maigre salaire de Rs. 800 au service du gouvernement. Je devais, chaque fin de mois me rendre à MillBank, pour toucher mon maigre salaire en monnaie anglaise. Nous sommes arrivés exténués à Londres Pendant le voyage, nous nous sommes occupés d’une fillette qui voyageait, non accompagnée. Ses parents sont venus la prendre à l’aéroport et nous ont indiqué une adresse d’hôtel à Somerset Gardens, près du Mayfair, quartier trop bourgeois pour notre bourse. Nous avons donc passé deux nuits seulement dans cet hôtel et ayant été chez les Wilden, ou Mme Dada était logée. Elle nous conseilla de prendre une chambre à Holloway, en attendant de trouver mieux.
A l’hôtel, on a eu droit à une spacieuse chambre en face de celle du Dr Vellin qui était installé avec sa femme et son fils. Louis Honoré et sa fille Christiane, habitaient le même hôtel ; On prenait le petit déjeuner seulement à hôtel, et je me souviens encore de la serveuse qui prenait les commandes en me demandant « Bacon and couple eggs love! » On s’habitua bien vite à cette existence et je me rendis même aux courses à Ascot, en compagnie de Gérard Vellin. L’hôtel d’Holloway était encore trop cher pour nous et on trouva une modeste chambre à 37, Sommerfield Road, Finsbury Park, plus loin au Nord de Londres. On devait habiter à Finsbury Park pendant cinq mois. On a mené d’abord une vie de touriste, en visitant la cité, parfois à pied. Je passais beaucoup d’après midis à Highbury, le célèbre stade de foot pour voir jouer Arsenal.
J’ai vu jouer de grandes vedettes qui sont depuis devenus des entraîneurs de clubs. Il y avait à côté de Finsbury Park, une grande étendue de pelouse avec un charmant lac qui était fréquenté par des cygnes, dont le cygne noir d’Australe et une multitude de canards. Pour assister aux courses à Alexandra Park, il fallait marcher pendant deux heures pour atteindre le château qui était situé au niveau de Wood Green. Nous nous mettions confortablement sur une pente pour voir les courses de chevaux. Les meilleurs jockeys de l’Angleterre, participaient à ces épreuves, mais je me souviens d’une course particulière ou l’on ne faisait courir que deux chevaux, comme à Maurice! Un des chevaux était cependant monté par Lester Pigott. Jenny, Léon et les deux fillettes, Lysel et Rosemay étaient en vacances à Londres et logeaient à Victoria en même temps que la famille Hennequin. Nous avons donc rejoint la famille Julien pour les visites traditionnelles à Hampton Court, Greenwood et Windsor. N’ayant pas encore visité le château de Versailles, nous avons été impressionnés par les peintures et décorations intérieures des chambres.
Quelque part dans les jardins d’Hampton Court, on peut admirer une vigne qu’on dit millénaire. On était fier d’avoir pu contempler l’authentique Cutty Sark, sur les berges de la Tamise à Greenwood en se souvenant qu’on se tenait à la longitude zéro! Le château de Windsor, plus près de Londres était encore habité parla famille Royale, mais on permettait les visites dans plusieurs chambres, dont le’Waterloo Chamber’, où se dresse une table de banquet, chaque année, le 18 juin, jour anniversaire de la bataille de Waterloo. J’avais alors 38 ans, et Denise, 33. On se plaisait, pour s’instruire, ou par simple curiosité de visiter tous les musées.
On était tantôt au musée de Science ou de science naturelle South Kensington, ou dans les galeries d’art de la National Gallery ou de Tait Gallery. On a visité plusieurs musées moins connus comme la Wallace Collection. Ces visites étant gratuites, nous avons profité pour visiter plusieurs fois la plupart des musées. Nous avons été émerveillés de découvrir les meilleurs tableaux connus, ceux de Rembrandt, de Greuze, de Renoir, de Raphaël, et même de peintres anglais comme Turner. Un matin la vieille Mme Dada, nous a accompagnés lors d’une de ces visites à la British Museum. Elle semblait perdue au milieu des blocs gigantesques venant d’Egypte, de Mésopotamie ou de Perse. Elle a eu un frisson devant les momies Egyptiennes, et a contemplé sans commentaire la roche de Rosette qui avait permis à Champollion de découvrir les secrets des hiéroglyphes d’Egypte. En présence des exhibitions de poteries et autres sujets en porcelaine elle proclama son mépris en disant « Qui faire to carquille to lizié coum ça couillon, ça benne cachepot là ramasse ec la pelle dans Riviére des Anguilles cotte vieux matantes. » Maud, la petite sœur de Denise arriva en Angleterre pour s’y établir et j’eus la surprise de la voir en compagnie de Marcel Audibert, un soir ou Denise était restée chez Jenny à Waterloo. Elle devait habiter chez les Wilden avec Mme Dada et chercher du travail. Nous avons cependant pu visiter ensemble, plusieurs sites intéressants, dont le jardin de Kew. Nous avons retrouvé des plantes exotiques dans les serres à grandes superficies. Nous nous sommes installés à coté de la pagode chinoise pour le déjeuner sur l’herbe. Ce simple repas consistait invariablement en des sandwichs de jambon, de saucisses ou de poulet et des fruits. Nous n’avions guère de moyens pour aller dans les restaurants que l’on inspectait de loin, sans envie. Nous nous contentions de peu, ayant de la reconnaissance pour le très- haut de nous avoir permis de visiter une cité aussi célèbre et de contempler ses merveilles. Après trois mois de cette vie de farniente, nous avons pris la décision de travailler étant donné que nous avions des fins de mois plutôt pénibles. Denise fut la première à trouver un emploi dans une imprimerie. Après trois semaines au travail il devint évident q’elle n’allait pas pouvoir s’y faire.
Elle s’obstinait à penser que les autres filles la surveillaient, et qu’on parlait d’elle derrière son dos. Après une courte maladie, elle abandonna ce travail. Malheureusement après quelques semaines, elle décida de travailler de nouveau dans une entreprise de fabrication de sacs à main pour dames. Le propriétaire est venu à Sommerfield Road pour me proposer du travail également. C’est ainsi que tous deux, on se rendait à Holloway le matin pour passer une longue journée de travail manuel dans une vielle bâtisse, à l’architecture typiquement vieille anglaise. Après un mois, Denise qui ne s’adaptait toujours pas, a souffert d’une dépression nerveuse. Elle a démissionné de son travail et s’était enfermé dans la chambre d’hôtel pendant que j’étais au travail. La santé de Denise devait se détériorer et on l’emmena en compagnie de Jenny et Léon à l’hôpital français de Londres. Le médecin, une jeune femme, ne diagnostiqua qu’une simple dépression nerveuse et lui avait prescrit des calmants. Ces médicaments devaient lui rendre plus relaxe, mais assez morose.
Elle devait demeurer dans cet et ne profita nullement du reste du voyage. Pourtant, après six mois en Angleterre, on s’est rendu en France où on devait rejoindre les Julien. On avait obtenu une petite chambre d’hôtel à côté de celle des Julien à la Rue Lange, dans le quartier latin. Comme on était à Paris nous avons rendu visite à Ludovic et Gladys, celle-ci était alors enceinte. Après avoir visité un peu Paris, nous avons de nouveau pris l’avion pour Marseille ou on devait passer quelques jours chez Max. Ma maman en visite en Europe à ce moment habitait chez Max avec les Julien. Nous avons toujours une photographie qui la montre dans un vignoble, ravie de tenir entre ses mains du raisin fraîchement cueilli. Max avait loué à notre intention un appartement de l’hôtel très connu de Marseille, construit parle célèbre architecte le Corbusier. Mon frère semblait alors très prospère et avait déniché le contrat de réparer les canaux de la cité.
J‘étais impressionné par sa flotte de grands camions et de ses tracteurs. Après un court séjour à Nice, on est reparti pour Rome. C’est difficile de raconter l’étonnement des habitants d’une petite île, devant les merveilles de Rome. Nous n’avions plus guère d’argent à la fin de notre long périple, mais avec un repas de sandwich par jour et des fruits, nous avons parcouru à à pied la partie la plus célèbre de cette métropole.
La visite à Saint Pierre de Rome nous avait émerveillé, et quand Denise se pencha à la fontaine Trévi pour jeter quelques pièces sans valeur, on savait au fond de nous même qu’on allait réellement revoir Rome. Nous avons en effet accompli deux autres voyages à Rome. Denise retrouva ses enfants avec soulagement, mais retint toutefois des séquelles de sa dépression. Elle n’avait plus tout à fait le même caractère et pour la première fois depuis notre mariage, elle prit du poids. De retour dans la vieille maison familiale de la rue Téléphone, Je repris mon travail comme Assistant Pathologiste au département d’Agriculture en m’intéressant spécialement à la Mycologie. Mon chef hiérarchique était Luc Orieux, un personnage bizarre qui s’était converti au Chritian Scientist et comme tel ne croyait pas aux infections, donc aux méfaits des bactéries. Il me délégua ses pouvoirs et je me comportais de plus en plus comme le vrai responsable de la section.
Je pense avoir acquis beaucoup d’expérience non seulement dans ma discipline mais dans l’administration et l’organisation du travail. C’est pendant cette période que j’ai écrit parfois seul ou en collaboration avec Orieux un certain nombre de papiers scientifiques, la plupart, je pense, de peu d’importance. Nous avons publié une brochure sur les maladies des plantes et une deuxième, qui fait état d’une liste des maladies des plantes à Maurice, édité par la presse britannique du Commonwealth Mycological Institute. Cinq ans avant la fin du siècle ce sont encore les deux seuls ouvrages du genre pour Maurice ! Entre copains, on s’amusait beaucoup en s’adonnant au syndicalisme. Grand Baron un des frères Burrenchobay avait créé le syndicat, une association de bons lurons avec Pablot, Guérandel dit Pipo, France Nadeau, et Lagaieté dit Sonny. et le chef financier Bhagat. On se rendait fréquemment à l’hôtel le soir pour boire du whisky et même du rhum, et dans un brouhaha de gens éméchés, on parlait de tout : littérature, sport et politique.
Pour Baron on était tous des cons et il répétait toujours « Ne dites pas des bêtises. ». Un soir où j’étais aussi éméché que les autres, et que je conduisais la voiture, j’ai insisté auprès de Bhagat pour qu’on aille voir au flanc du Corps de Garde, le site où on brûlerait Bhagat à sa mort, comme tout bon Maraz. Tous ces copains sont aujourd’hui morts… Baron, qui avait été fait vice-chancelier de l’uiversité par son protecteur le Premier Ministre Ramgoolam, est mort à Londres. Pablot, Bagat et Pipo, après la retraite.
Nadeau est mort très jeune. Enfin Sony, célibataire endurci est mort en 1998.
Edmond, notre charpentier de la section de Pathologie, qui m’aimait bien, nous avait construit un garage d’un côté de la maison, pour abriter la Ford Prefect B755, car un lundi de Pâques on avait volé la voiture. La voiture fut retrouvée trois jours après, quelque peu abîmée et sans batterie! Nous avons déménager encore pour occuper une maison àla rue Brodie, Beau Bassin. C’était une vieille bâtisse en béton mais avec des portes en bois mal lambrissé. Il n’existait pas d’antivols. ce qui nous a valu un jour la visite d’un cambrioleur, probablement asthmatique. Il réveilla Jacqueline en passant près de sa chambre avec sa respiration haletante Il réussit à enjamber la fenêtre, quand, réveillé, je me mis à le poursuivre en l’invectivant de forte manière. Il réussit à nous emporter une belle pendule murale et à donner une grande frayeur à Jacqueline.
Ayant déclaré le vol à la police de Quatre-Bornes, le chef policier, ne trouva rien d’autre à me déclarer que « C’est terrible! » N’étant pas un vrai gradué d’université étrangère je n’avais pas de possibilités de devenir le Chef pathologiste. Le directeur d’alors Ffrench Mullen, me fit cependant offrir une bourse pour un cours de trois mois en Australie pour étudier la Quarantaine.
Il me recommanda en plaisantant de ne pas entreprendre des études sexuelles comme certains! Il faut rappeler, que le pathologiste en voyage en Australie une année auparavant avait été arrêté et à l’amende pour avoir introduit des photos pornographiques en Australie. Il devait déclarer avec une candeur étonnante à un juge d’Australie : « I am a student of sex! »
J’ai entrepris le voyage en Australie en 1966 dans le petit avion de la South African Airways, un avion qui avait souvent la réputation d’avoir des problèmes. Mon ami D’Espaignet qui était de service à l’aéroport, m’a fait observer que j’avais opté pour le « cercueil volant. » L’avion faisait à l’île Cocos où la piste d’atterrissage couvrait pratiquement toute la superficie de l’île avec des rubans de cocotiers de chaque côté et des barbiches de broussailles dans certains endroits. L’île était balayée par des vents assez forts. J’étais étonné de la lenteur avec laquelle on traversait le continent qui se défilait à nos yeux, par un temps sec et pratiquement sans nuages.
La cité de Sydney, avec ses faubourgs m’a apparu spectaculaire avec ses amas interminables de petites lumières. Voyager seul dans un grand pays peut être éprouvant, mais tout s’arrange si l’on est bien accueilli. Les autorités australiennes ont établi un excellent programme d’accueil pour ses invités étrangers qui bénéficient de bourses d’étude. je dois dire que j’ai été fort bien accueilli, car pour les trois prochains jours j’étais logé, ainsi que d’autres étudiants, dans un hôtel au bord de la plage à Bondi Pacific. Le lendemain matin, j’ai pu tremper mes doigts pour la première fois dans l’eau froide du Pacifique. J’ai été content de visiter Sydney en compagnie d’un Philippin, Simeone Estocapio, et nous avons parcouru a pied les rue de la cité allant de King’s Cross au célèbre pont de Sydney à côté de la grande et magnifique rade de Sydney. Nous avons pris l’avion pour Canberra où devaient se tenir les cours théoriques.
Canberra st une cité moderne, construite avec des plans futuristes. On y a construit des ponts avant de détourner une rivière pour a circonstance. Certains bâtiments comme l’institut d’anatomie sont nettement d’une architecture futuriste.
Le City Square était en 1966, une place pratiquement vide, et devant la statue d’Eros, on n’était que quelques étudiants à contempler le paysage. Nous étions logés à l’hôtel Kurrajong, ou nous avons bénéficié des grandes mbres fort confortables. A cette période Canberra était encore au stage de l’ébauche et les bâtiments du ministère des affaires étrangères où on suivait les cours, ne se composaient que de quelques baraques. Les zones résidentiels étaient parsemées dans l’enceinte de la cité, avec des délimitations commerciales. Le Anzac mémorial, en l’honneur des combattants de la dernière guerre était cependant achevé et après avoir traversé un long boulevard, fort pittoresque encadré de mimosas et de rosacées florifères., on pouvait y accéder et visiter le sanctuaire qui étai imprégné d’une musique douce, vraisemblablement perpétuelle. Le Restaurant Carrousel Hill domine la cité Il st surmonté d’une tour originale de forme pyramidale. Nous avons visité un Dimanche, le Cotter Dam ,une digue qui se trouve à 20 milles de Canberra. La cascade est magnifique et de loin on peut voir la neige sur les pentes des montagnes. Le soir, dans la salle de séjour commune; on se mettait devant la télévision avec des gosses d’Australiens qui habitaient l’hôtel et la présentatrice prononçait en anglais australien « This is Tv Canberra Cooma Béga ». Après un séjour d’environ un mois à Canberra, nous sommes partis en avion pour Sydney, où nous avons habité non loin de la cathédrale à Yarrong Street. En grimpant une route abrupte, jonchée de restaurants de cuisine exotique ou italienne, on accédait à Kings’Cross, un peu le pendant du Soho anglais. Il y avait le Pink Pussy cat , Le Kia Ora shop. Dans un coin la fontaine « El Alamein », avec ses jets d’eau en forme de roue. Il semble qu’en Australie les fontaines sont fonctionnelles, ce qui n’est pas le cas à Maurice, ou après une courte période d’essais, tout est a sec.
Ce coin de Sydney ne vole pas sa réputation, car dés mon premier soir j’ai été accosté par une petite australienne boulotte et passablement agréable qui m’a invitéà sa manière. « Want a girl? » En 1966, l’Opéra House de Joern Utzon, étalé sur une superficie de 7 arpents si célèbre de nos jours, était en voie de construction. Nous avons tenu, Simeone et moi même de grimper en ascenseur le AMP building, d’ou l’on peut admirer le centre de Sydney et la rade. Nous avons alors fait la connaissance d’une famille Australienne, la mère et ses deux grandes filles. Simeone a voulu faire des photos. Mes copies ont été depuis détruites par Denise dans un de ces élans caractéristiques de méfiance. Nous avons pris un Coach à Sydney pour un long périple qui devait nous conduire à Adelaide.. A Wagga-Wagga, nous avons pris logement dans un coquet petit hôtel. La nuit, on se divertissait comme on pouvait en parcourant les rues presque désertes de la petite ville. Un commerçant qui nous avait vu venir feignit d’être très étonné et nous dit en riant. « Where do you come from, the moon? » Deux jeunes filles de bonne humeur nous ayant croisés en riant, Simeone qui ne manquait pas d’audace, trouva la bonne formule pour faire connaissance en disant « Allo, may we share your happiness! ». De Wagga Wagga, on est parti pour Leeton, où on était logé à l’hôtel Riverina, avec un confort étonnant ; les chambres du motel sont de radio et des douches personnelles. Nous avons logé dans d’autres motels, dont le Deakin que l’on voit dans la photo. J’ai écrit une longue lettre à la famille, ventant les merveilles de ce long périple. Jean venait de subir un accident déplorable quand Marie-France qui cuisinait lui a versé un plat de lentilles bouillant, venant du réchaud sur le crâne, et Nicole était tombée dans un canal au bord de la rue Téléphone, et avait perdue quelques dents. J’ai retrouvé une vieille carte postale avec une photographie du fameux Kookaburra, l’oiseau qui imite la voix humaine. On entend son cri tous les jours à Radio Australie et partout dans le monde ou on est à l’écoute de ses émissions.
J’ai écrit : « A Jean, attention a la cuisine de Marie-France, ne te fais pas cuire le crâne. A Nicole: Attention quand tu marches dans la rue. il ne faut pas perdre toutes tes dents. » Un voyage par train nous a conduit à Melbourne, où une partie importante des cours devait avoir lieu. Il faisait cependant froid, au bord de la mer à un hôtel de Saint Kilda ou on était logé. Malgré tout, nous avons visité le centre ville, ainsi que les faubourgs. Simeone et moi-même avons été invités un dimanche matin chez une famille de planteurs qui habitaient un ranch, assez loin de la cité. C’était des gens fort aisées et même riches. Toute la famille était à table pour nous demander des nouvelles de nos pays respectifs. Ils nous ont emmenés ensuite faire une longue tournée dans les forêts avoisinantes.
C’est ainsi que j’ai pu voir des Kangourous, de plusieurs espèces dans leur habitat naturel, ces animaux étaient plus farouches que ceux qu’on peut toucher dans le Zoo de Taronga Park, au bord de la rade de Sydney. Des familles de Koala s juchaient tout au sommet des eucalyptus qui s’étiraient tout droit vers le ciel. Le jour de la fameuse course hippique, La Melbourne Cup, est congé férié à Melbourne. Ayant obtenu des billets de tribune, je me suis rendu par train avec le représentant indien. On y rencontre moins de monde que pour le Maiden à Maurice, car les Australiens préféraient alors jouer confortablement aux Tabs. On en trouve dans tous les coins des villes et des grandes cités. Le voyage de Melbourne à Brisbane, une nuit et une matinée, est très éprouvant, les trains ne sont pas aussi confortables qu’en France et on arrive difficilement à prendre sommeil. On voit se dérouler à perte de vue des étendues de forets d’eucalyptus, parfois même des plages immenses de plantes brûlées par le feu de brousse. Dans certains endroits, on pouvait voir quelques paddocks d’herbe verte avec une multitude de moutons.
Mon ami Monty, qui étudiait l’entomologie à l’université de Brisbane était venu m’accueillir à la gare. Nous avons logé dans les appartements de la YMCA, non loin du centre. J’ai eu l’occasion de retrouver le docteur Emmanuel Rochecouste, qui avait émigré en Australie avec sa famille. Il m’a invité à un copieux déjeuner, bien arrosé par du vin rouge australien. Il m’avait ensuite fait visiter une réserve d’oiseaux avant de me faire visiter la magnifique plage de Gold Coast. Cette plage qui ressemble à celle de la Baule, en France, est cependant plus grandiose, s’étendant sur plusieurs kilomètres. On peut voir des avions atterrir et décoller d’une piste d’atterrissage pour les avions de touristes. Nous avons visité Toowoomba, où il a fait très chaud. Les mouches pullulaient et une australienne nous a fait le commentaire dérisoire « They just sit on you ». Nous sommes retournés par avion à Sydney pour un jour, avant de repartir pour Canberra. C’était le moment de résumer les cours et de préparer son rapport. J’ai alors revu l’hôtel Kurrajong avec plaisir. Nous étions devenus des habitués. Après un autre court séjour à Sydney, je me suis revu seul allant en direction de l’Ouest et de Perth. J’ai pu avoir un jour entier pour visiter cette cité, un peu différente des autres, avec des maisonnettes datant des années 1800. La South African Airways m’a ramené à Maurice ou m’attendait la famille.
En 1967, nous avons habité à la rue Stevenson à Quatre Bornes. La maison était située à côté d’une vaste plaine à l’arrière d’une autre maison qui faisant face à la rue.
Elle appartenait à Osman, une haute personnalité de la politique. On pouvait accéder à une terrasse se trouvant en haut de la maison par un escalier externe. Il fallait surveiller Cyril, le frère de Denise, quand il prenait cet escalier après avoir bu une demi-bouteille de rhum. J’ai fait un autre voyage dans un pays étranger, cette fois à Madagascar en compagnie de Ricaud. J’étais toujours employé au ministère d’Agriculture, mais j’avais eu une offre pour joindre la MSIRI, et on faisait des démarches pour le transfert. N’ayant pu nous procurer des billets de classe touriste, la compagnie nous a offerts de voyager en première classe.
J’ai donc voyagé en compagnie du Garde des Sceaux de Somalie, un homme sans doute important et d’une certaine maturité qui me questionnait sur mon pays d’une manière toute condescendante en buvant du champagne. Il m’avait alors dédié une missive dûment signée que je n’ai pas conservé, n’étant guère amateur de souvenirs de personnages passablement célèbres. En 1969, nous avons logé à Cascade Road, Beau Bassin, dans la maison du ministre Bussier. C’était une maison assez confortable du style jumelé.
Les enfants s’adaptaient bien dans cette nouvelle maison, car il y avait de la place pour jouer et plusieurs amis. J’avais eu un chien avec mon ami Carmagnole, et les enfants l’avaient adopté. Il s’avéra que Carmagnole s’était trompé, car le petit toutou était en réalité un chien de chasse. Les voisins n’aimaient donc pas quand il se défoulait en parcourant les pelouses d’une grande vitesse.
Nous avons été malheureux quand il mourut empoissonné. Nous avions un garage, qui quand il était inoccupé, servait de piste pour le petit train que j’avais rapporté d’Angleterre. Un voleur nous a soustrait les rails de ce train en laissant la locomotive et les wagons. Tant pis, le garage fut bientôt occupé par la voiture K 216 ,une Austin de couleur verte. C’était une excellente bagnole, qui ne donnait aucun problème et qui nous a permis de faire de longues randonnées et des pique nique avec des amis. Je me souviens que l’oncle Fils Terrière était venu nous voir un soir et qu’il avait apprécié un cari d’ourite, arrosé alors par du rhum blanc. Nous avons assisté au mariage de la fille Dulaurent, un autre voisin, avec un français. Je les connaissais que très peu et avais été consterné quand la mère de la mariée me téléphona dans la journée pour me demander de faire le discours conventionnel, car Bussié qui devait le faire avait eu un empêchement majeur. J’ai donc fait les éloges de deux personnes amoureux, que je ne connaissais guère.
En 1971, J’ai pu étrenner ma première voiture neuve quand j’ai rejoint la MSIRI, comme Assistant Pathologiste. J’avais été choisi par le directeur Antoine pour m’occuper particulièrement des cultures vivrières notamment la pomme de terre et l’arachide. Le chef Pathologiste Ricaud, avait l’habitude, tout comme Antoine de travaille pendant la deuxième partie de la journée, ce qui fait que c’est à l’heure du départ vers 4 heures qu’il disait « Je vous vois dans quinze minutes. » Les deux collègues Sullivan et Ferré, subissaient le même sort, non sans maugréer. II fallait travailler dur pendant cette période pour faire aboutir les recherches, et je suis resté à Réduit avec Ricaud parfois jusqu’a 7 heures du soir, avant de reprendre ma voiture neuve pour regagner ma maison. Bussier voulant vendre sa maison, il nous a fallu partir, et nous avons déménagé, cette fois pour aller à Rose Hill au No.6 Rue Lamartine, une maison appartenant à un chinois.
C’était une assez grande maison moins confortable sans doute que la précédente, mais que les enfants aimaient en raison je pense de la proximité au Plaza. C’est dans cette maison que j’ai souffert un matin d’un saignement de nez assez conséquent. Ma sœur Maud était venue me voir, en compagnie de Mme Dada et s’exclamait «C’est inouï comme il peut saigner! » Elle faisait référence sans doute à mon premier accident d’hémorragie du duodénum, autrement sérieux.
On m’admit donc à la clinique du bon pasteur et la religieuse en charge pensait que j’avais de la chance de saigner après une attaque. Diagnostique incorrect car je n’avais qu’une infection au nez qui a nécessité une brûlure des narines en salle d’opération, par un spécialiste. Un lundi matin, ayant une tête de bois après avoir bu la veille en compagnie de Cyril, j’ai eu des douleurs inhabituelles dans le bas ventre. Nous avions fait la grande tournée de la Rivière Noire et à travers le Morne, vers le sud et Souillac. Le docteur diagnostiquera l’appendicite et m’a fait admettre de nouveau à la clinique; le chirurgien me révéla qu’il allait m’opérer « Quand?.- dans une semaine, »- Il rit « Aujourd’hui même, cet après midi !- Mais j’ai bu de l’alcool hier pendant toute la journée »- « il faudra s’en accommoder » je fus bel et bien opéré mais il a fallu un peu plus de gaz pour m’endormir, d’ailleurs j’ai pris un temps assez désagréable sentant des raideurs et ayant un bourdonnement inhabituel aux oreilles, avant de m’endormir.
Le lendemain matin, tout raide et souffrant de mes blessures, je plaisantais avec une garde infirmière dont la frimousse me revenant bien. J’ai pu retourner chez moi après quelques jours, un peu expulsé par le docteur qui n’appréciait pas mes sessions de rire avec l’infirmière. Jaloux? J’ai pu conduire moi-même la voiture, non sans peine pour revenir plus tard à la clinique, pour enlever les fils. Nous avons pendant cette période reçu les visites de Max et Mathé et nous avons eu l’occasion de faire de nombreux piques-niques. Pendant les visites à Maurice de mon frère Max et sa femme Mathé, on allait un peu partout dans l’île surtout dans les endroits réputés pour la qualité de la plage et les bains de mer. C’est ainsi que l’on était souvent à Belle Mare, Peyrébère et Flic en Flac.
Gladys et son mari Ludovic, un notaire, en voyage à Maurice ont participé à ces sorties au bord de la mer. En 1973, nous sommes retournés dans la bonne vieille maison de mon enfance à Beau Bassin. Denise et moi-même sommes partis pour l’Europe, cette fois avec plus de plaisir.
Le voyage devait durer environ 3 mois. Après un séjour en France, ou on avait fait la fête avec Marie Rose et Albert Le Hoeddec, et bu du bon cru à même sa cave de vins, nous avons fait mieux connaissance avec la superbe cité de Paris. Le voyage par avion de Paris à Amsterdam a été très court et nous avons pris le train le même jour pour Ede. Comme il n’y avait pas de logement disponible à Wageningen , où je devais étudier, on s’installa dans un luxueux motel à Ede. Il n’y avait pas grande chose à visiter à Ede mais on était logé convenablement et je pouvais quitter Denise devant la Télévision en allant à Wageningen. Un Hollandais parlant bien le français, avec son accent barbare, me prit en charge et me fit visiter le nord de la Hollande. C’est un pays plat avec des lacs et des moulins à vent. Nous avons été jusqu’au Zuyderzee au bord de la mer du Nord pour voir les Polders et prendre le pouls du peuple Hollandais dans sa lutte contre les marées, pour préserver les terres acquises avec une étonnante patience à travers des méthodes qui semblaient plutôt simples. Denise aimait bien l’accueil de l’hôtel, mais la cuisine ne nous convenait guère et elle disait que la langue ressemblait fort à un gargarisme.
Le climat était plutôt froid mais agréable. Délaissant Ede, nous avons été passer deux jours à Amsterdam dans un petit hôtel au bord d’un des multiples canaux de cette curieuse cité. Nous avons eu du bon temps à flâner dans les ruelles d’Amsterdam, contemplant les maisonnettes fort coquettes mais aussi le palais Royal avec sa superbe façade et avons même visité un cirque, assez tapageur, non loin de notre hôtel. En prenant l’avion pour Londres j’ai été étonné des fouilles de valises et même des personnes. C’était le tout début d’un accueil nouveau de voyageurs à travers le monde.
Il est vrai que les attentats étaient de plus en plus nombreux et meurtriers à Londres. On trouva la famille Maulguet à l’aéroport et on s’était rendu à Carysford Street où ils louaient une maison. Jocelyn Betsy et Alain Crouche habitaient alors chez Maud et c’est en leur compagnie que nous avons célébré certains soirs en faisant la tournée des pubs et en consommant de multiples brocs de bière. On avait alors des spectacles de Strip tease gratuits dans certains pubs. Il fallait voir ces satanées danseuses se tortiller sur une scène improvisée dans une atmosphère de fumée de tabac et de vapeurs de bière. Dans le pénombre on voyait ces têtes d’hommes attentifs, aux yeux calculateurs, groupés autour des tables. Jocelyn, marié à une Réunionnaise, s’étant recyclé en informatique, s’est établi finalement en France où il a une coquette maisonnette dans les environs d’Orly. Il a un fils et une fille. Alain plus malchanceux est mort en Australie. Il venait d’avoir 40 ans. J’ai quitté Denise à Londres pour diverses missions au Surrey et au Kent. J’ai ensuite pris l’avion de nuit à la gare de King’s Cross. J’avais comme compagnon de voyage un Ecossais qui est arrivé tardivement, et paraissait éméché, ayant bu pas mal de bière. Il s’excusa cependant, admit avoir quelque peu bu et me raconta même son histoire. Il se rendait a Aberdeen pour régler une succession, car ses proches parents venaient de mourir.
Le lendemain matin il se révéla un homme cutivé, un peu honteux de sa conduite de la veille, qui s’efforça de me mettre à l’aise. Je devais voyager jusqu’a Dundee pour voir un professeur mauricien et visiter l’université. J’ai été impressionné par la quiétude de la rivière Kee se trouvant à l’entrée de Dundee. L’eau paraissait noire avec une présence marquée de groupes de phoques. Ma première impression a été que le site était lugubre. Triste Dundee! J’ai habité chez Pérombelon et sa femme qui se sont montrés très accueillants. Je les connaissais pourtant qu’à peine. Après la visite de la cité, j’ai pu entreprendre les discussions avec des chercheurs de l’université. Trois jours plus tard, j’ai pris le train avec plaisir pour visiter Edimbourg. Cette ville plus coquette que Dundee était ce jour là balayé par des vents violents. Je m’étais habitué au système de transport d’Edimbourg, et j’ai pu visiter plusieurs sites intéressants, y compris un Zoo.
C’est nombre de phoques et de pingouins de plusieurs variétés. J’ai aussi visité le palais de Hollyrood et le château d’Edinburgh. Dans un coin du jardin prés du château, il s’y trouve le célèbre cimetière de chiens avec les petites tombes et les épitaphes de chiens. « To my beloved and affectionate Bobby. Eternal regrets » Paradoxalement, dans cette ville où le whisky est roi, j’en ai bu très peu. Le train du jour m’a ramené à Londres avec des souvenirs en cachemire pour tous. De retour à Paris, nous avons été chez Gladys et nous avons téléphoné à mon ami Delanoe qui nous avait invité a venir chez lui en Bretagne pendant qu’il était en stage à Maurice.
Il nous a accueilli à la gare de Nantes et nous a fait une tournée touristique de la ville en voiture. On se rendit ensuite à Corcoué, un petit patelin bien caché, au milieu des vignobles dont certains appartenaient à sa famille. Nous avons fait la connaissance des parents de Dominique ainsi que de ses nombreux amis, et de ses clients qui venaient acheter des bouteilles de vin . Les Delanoe sont parmi les producteurs du Gros Plan, un vin blanc très sec. Ayant visité les vignobles et goûté les belles grappes de raisin, nous avons pu étudier les différentes étapes de la vinification. Et j’ai même participé au contrôle chimique de la production. La famille Delanoe nous avait alloué une maisonnette rustique en pierre, ayant un style de construction typique de la localité.
Le soir devant un repas plantureux, on écoutait avec ravissement le père Delanoe parler de ses souvenirs viticoles. Plus tard, Dominique est venu nous retrouver pour parler de la MSIRI et des copains de jadis. Il se souvenait en riant de l’aide qu’il m’avait accordé pour écrire le discours de mariage de Férré. Notre ami Ferré avait épousé la fille d’un ancien camarade de jeunesse et celui-ci m’avait choisi pour le traditionel discours. Tous les copains voulaient profiter de l’occasion pour faire des facéties sur le compte du pauvre Jules. Avec ma complicité on a rédigé de commun accord un discours sur mesure pour mettre en évidence, mais avec humour son rude caractère et ses petites habitudes.
En 1974, nous avons quitté la maison de Beau Bassin pour prendre hâtivement une mauvaise demeure à la Rue Blondeau, Rose Hill. Je ne devais y demeurer qu’un mois et a été poursuivi par le propriétaire pour rupture de contrat. Il n’eut comme compensation qu’un demi-mois de loyer et on s’installa a Belle Rose près de l’église St Jean dans une bonne maison appartenant à un officier de police Celui-ci, fort aimable au début, devint plus tard agressif et nous dégoûta d’habiter sa maison. J’appris quelques années plus tard qu’il s’était pendu. N’anticipons pas. Nous avons passé de belles années dans cette maison et nous y avons même fêté nos 25 ans de mariage. La messe dite par le père Lajoie a été chantée par Jean Luc Renker qui devait plus tard se faire prêtre. On avait invité avec toute la famille, Pierre et Roger Crouche ainsi que Bernadette Moutia. Le whisky Ushers a coulé librement. On allait souvent faire des séjours au bord de la mer surtout dans le campement Didier à Poste Lafayette.
C’est lors d’un de ces séjours avec Eugène et Maud qui était à Maurice que Jacqueline eut à son tour une dépression. Soignée par plusieurs psychiatries, elle a fait plusieurs séjours en clinique sans aucune amélioration de son état. Elle souffrait d’une nervosité extrême avec des angoisses. Cet état dépressif dura plusieurs années, les plus belles de sa vie et petit à petit elle redevint normale mais avec des séquelles de nervosité. Je crois avoir pris alors un coup de vieux, en raison de ce grave problème, qui paraissait alors sans issue. Pour le quinzième anniversaire de Jean, on organisa une petite fête en compagnie de Roland. Celui-ci conduisit la Simca pour la randonnée traditionnelle à Rivière des Anguilles, chez les tantes de Denise et la famille Comty. Il perdit contrôle de la voiture à Britannia et on se retrouva dans un canal assez profond. Le 29 Décembre 1975, on acheta une autre voiture neuve, la Renault At 804 pour Rs. 42500.
Nous avons depuis conservé la même voiture qui est demeuré en ma possession pendant 22 ans. Nous l’avons vendue en Décembre 1998. Elle valait encore Rs. 50000. En 1977, on est retourné dans la maison de Maman à Beau Bassin. On devait entreprendre un voyage en Europe pour le mariage de Marie France. Celle-ci avait connu un militaire français, Jacques Koerkel, par correspondance et l’ayant rencontré lors d’un précédent voyage avait décidé de l’épouser. Nous avons passé d’abord quelques jours à Londres où nous avons habité chez Eugène qui vivait alors avec sa mère Solange, ayant le sobriquet de Sosso.
Elle avait un caractère jovial et nous avons passé de bons moments ensemble. De retour à Paris nous avons fait la connaissance de Jacques et avons eu une chambre à Trappes ou il habitait. Nous avons fait un long voyage à Lourdes en voiture avec Marie-France et Jacques pendant notre séjour. Nous avons été également en Bretagne, pour voir les parents de Jacques. Paulette et Georges Koerkel .Le jour du mariage il y avait les parents de Jacques, sa sœur, ses frères et belle sœur. De notre côté, Laine et Fernand, Gladys, Albert et Marie-Rose, et Patrick Crouche. Pendant ce séjour à Trappes, j’ai pris le train pour Grenoble pour revoir Max. Celui-ci me fit visiter la région ainsi que le Vercors et l’Alpe d’Huez. Nous avons dignement fêté notre anniversaire de mariage à Trappes, le 14 juillet. Le soir nous avons pu admirer les feux d’artifice aux Champs Elysées. Avant de repartir pour Londres Jacques et Marie-France nous ont fait visiter le sanctuaire de Lisieux.
En 1878 on m’a nommé Scientific Officer en pathologie à l’Institut de Recherches. J’avais compris que c’était pour la direction mon bâton de maréchal, car on ne devait jamais me nommer Senior Scientific Officer. La même année on déménagea de Beau Bassin pour aller à la rue Brodie. C’était une demeure modeste en partie en bois appartenant à une chinoise qui possédait une boutique à Rose-Hill. Nous avons reçu dans cette maison la visite d’un voleur qui n’a heureusement rien pu emporter. En 1979, l’Institut de Recherches me délégua pour assister à un congrès de 12 jours aux Philippines.
Comme il n’y avait pas de transport direct, j’ai pu profiter de l’occasion pour visiter Bombay en deux fois ainsi que Bangkok et Singapour. Manille est une grande métropole avec sa population de métis malayens et espagnoles. De Manille nous sommes partis pour l’université ou se tenait les conférences. Nous avons visité Banang La Union, une plage des Philippines et le volcan Mayon qui surplombe le lac artificiel de Nagong. Les Philippins sont des métis d’espagnol de malais et de chinois. Ils aiment la fête, les fiestas. Le transport public est vraiment folklorique. Les jeepneys, ornés de fanfreluches métalliques rutilantes, crèvent les yeux sur les routes. La tournée aux Pangasanjan falls a été mémorable. Je me revois filant à toute vitesse dans un étroit canoë à travers les méandres d’une rivière avant d’atteindre la haute cascade.
Le canoë, piloté par de vrais experts, va frôler les chutes, périlleusement, avant de revenir vers la rivière bordée de grosses roches. Nous avons accompli un long voyage à travers la montagne par une route poussiéreuse et en lacets au bord des précipices, avant d’atteindre Baguio City à 5000 pieds d’altitude. Nous avons logé à Baguio City Pines Hotel, à côté de la Cathédrale. Un soir nous avons assisté à une représentation de danses locales, dont le ‘Itik Itik’ qui imite le mouvement des canards. On s’accroche les mains et on verse tantôt à gauche, tantôt à droite.
Les filles, dont nos copines de travail, portent une robe en carreaux damiers. J’ai eu de très bons amis parmi les Philippins, surtout les fille ; l’une d’elle, Lina, me plaisait particulièrement. Ces filles avaient une douceur étonnante. Elles avaient bien la langueur des espagnoles, mais avec l’air sérieux et énigmatique des malaises ou des indonésiennes. J’ai participé un autre soir à une fête spéciale pour déguster le rôti de porc entier qu’on tournait à la broche.
En 1980, nous avons encore déménagé, cette fois pour revenir à Quatre-Bornes, à l’avenue des Giroflées. La maison était petite, mais la grande cour était bien clôturée. Je devais passer des années dans cette maison et les travaux perpétuels dans le jardin ont petit à petit transformé l’apparence de la cour. Le garage sans porte devait être plus tard muni d’une porte métallique à coulisse. Malheureusement, le mouvement vertical d’une structure aussi lourde devait me provoquer des douleurs abdominales.
Nous avons reçu un nombre important de visiteurs dans cette maison. Par ailleurs les anniversaires et fêtes annuelles étaient dignement célébrés.
En 1983, Dominique et sa femme sont venus nous visiter. En 1984, nous avons reçu Gérard Félix et son inséparable ami Roger. Marie France et Jacques se sont rendus à la Réunion où Jacques devait travailler pour l’armée pendant deux ans. Denise a profité pour aller les visiter dès 1980. Cette même année, le 5 septembre, nous sommes partis en voyage d’agrément pour l’Europe accompagné de Jean. On était de retour à Maurice le 18 décembre. Nous avons d’abord séjourné chez les Maulguet à Londres. Ils habitaient alors à Carysford Street au nord de Londres, près d’un grand parc. Les voisins, les Meflins avaient jadis habité la même rue que nous à Beau-Bassin. Nous avons bien vite fait le tour de la cité pour montrer à Jean tous les sites importants. J’ai profité pour voir un match de foot à Arsenal. Jean était content d'avoir l'occasion de voir jouer son équipe favorite, qui a gagné ce jour-là. Nous avons visité les musées, dont le National Gallery et les musées d’histoire Naturelle et de Science à Kensington.
Denise ne nous a pas accompagnés quand nous avons visité le Zoo et nous avons longtemps ignoré que les autorités du Zoo nous avaient filmés dans une présentation officielle pour la publicité. Dany Félix, qui passait ce film anglais sur le Zoo pour les lycéens, nous avait reconnus et avait signalé la chose à Max. Nous avons quitté Denise chez Maud, pour entreprendre une courte visite en France. C’était la première fois que Jean allait découvrir les merveilles de Paris. Je me souviens qu’après avoir visité le muséum d’histoire Naturelle, nous avons flâné du côté de la rue Monge. Nous avons pris notre repas dans un bon restaurent chinois. Etant toujours allergique aux champignons j’avais commandé un autre plat que celui de Jean.
A notre étonnement, il y avait des champignons dans tous les plats. Jean n’a eu aucune peine avec son appétit d’adolescent pour ingurgiter les deux plats. Le 16 septembre, nous avons été au sommet de la tour Eiffel. Il faisait très beau et nous avons pu contempler Paris dans sa splendeur. En décembre, Denise et moi-même sommes repartis par avion pour la Réunion ou on devait passer la fête de Noël. Marie France et Jacques ainsi que Carine qui était toute mignonne, habitaient à Saint Denis dans les casernes réservées aux français sur la colline. Le 22 décembre, Marie France était restée avec Carine qui souffrait de grippe. Jacques nous a fait faire un tour de l’île en passant par Cilaos. Nous avons grimpé une petite colline à l'orée du village pour déjeuner. Au retour, nous avons coupé un beau sapin pour Noël, en dépit des objections de Jacques qui craignait les inspecteurs forestiers. Le soir du réveillon de Noël, nous avons quitté les invités de la famille Koerkel, pour assister à la messe de Noël à 10 heures.
C’était à Notre Dame de la Délivrande, qui se trouve tout près des casernes. C’est une belle église avec à mon avis, des peintures d’une couleur trop vives. Marie-France a accomplie plusieurs voyages avec vers Maurice avec Carine. Lors d’un des voyages, nous avons été à L’île aux cerfs.
En 1981, j’avais eu une querelle avec Ricaud. Les choses se sont aggravées et à ma requête, Antoine, le Directeur, m'avait fait transférer à la division d’Entomologie, dirigé par l’Anglais Williams, un ami de longue date. Après un an d’exil, j’ai pu obtenir une autre situation à Anthurium Export. J’ai pris ma retraite à la MSIRI en 1981. L’ancien directeur Antoine, qui avait suivi de près les problèmes précédemment rencontrés par mon prédécesseur Mamet à Anthurium Export m'a alors dit sans ménagement ‘Vous êtes entré dans une calèche cassée’. Il est vrai que le flétrissement bactérien affectait dramatiquement les plantations d’Anthurium et on enregistrait à Flacq des pertes de 40,000 plants par arpent. A Queen Victoria, 50% des plantes avaient disparu. J’avais donc à faire face à un vrai défi! Pour l’accomplissement de ma tâche, je jouissais d’une assez grande liberté, car j’avais tenu à faire comprendre au comité que je voulais être indépendant et avoir la faculté de choisir mes méthodes et mes options. L’avenir de l’entreprise d’exportation de fleurs d’Anthurium paraissant très compromise, il a été convenu que j’allais avoir la faculté de travailler en paix. Il m’a fallu travailler avec acharnement tant au laboratoire que chez les planteurs pour arriver à trouver une option de travail. Celle-ci devait éventuellement déboucher vers une méthode de lutte à moyen et long terme contre la maladie qui menaçait cette culture. Il a fallu plusieurs mois, avant que je réussisse à faire accepter mes conseils. Ma position devenait moins aléatoire dans un milieu parfois rétrograde et imperméable aux changements. La compagnie Anthurium Export, avait loué un bureau de la MSIRI à Réduit.
J’occupais donc, le confortable bureau d’un employé qui venait de prendre sa retraite. Mon statut s'est vite amélioré au fil des années et j’avais tout à fait la confiance des propriétaires des entreprises et des dames qui y travaillaient, soit dans les situations de surveillance ou dans l’emballage des fleurs. J’allais devenir un technicien à tout faire, qui devait entreprendre des recherches pour tout réformer dans les compartiments les plus éloignés possible de la Pathologie végétale. Les cultivateurs me faisaient confiance. Il me fallait être à tour de rôle, l’entomologiste ou l’agronome du groupe. Je devais donc connaître une grande satisfaction dans mon travail, car je me sentais un peu comme un des piliers de l’industrie. En 1983 Jean et Nicole avaient été admis à l’université de Montpellier en France. Les revenus des pensions et mes salaires nous ont permis de faire face aux dépenses mensuelles pour leurs études.A Maurice, nous menions une vie simple et sans grandes dépenses, hormis les dimanches, quand nous avions la table bien garnie avec de bons vins. Un jour qu’Irénée se sentant mal, avait fait mander le docteur. Après l’avoir ausculté, il constata qu’elle n’avait rien de grave. Irénée avait le même jour insisté pour qu’il donne son avis sur l’état des pieds de Roland qui montraient des blessures non cicatrisées, séquelles de son diabète. Le docteur a été étonné de constater que Roland était assez mal en point. Son diabète s’était aggravé et il avait commencé à avoir des problèmes de circulation. Il semblait qu’un pied avait un début de gangrène. Il conseilla l’hospitalisation immédiate. Après quelques jours, il devenait inévitable de songer a une amputation, étant donné le progrès de la gangrène. Le docteur lui a donc expliqué que son cas était sans solution mais qu’il lui fallait lui-même décider de l’opération.
Nous lui avons demandé d’accepter. Après deux jours de réflexion, il donna son consentement. Le pauvre Roland devait perdre une jambe. Il accepta son sort avec courage, sans se plaindre. Pour un homme de sa corpulence, il avait à faire face à une situation difficile. En effet, il lui a fallu plusieurs mois de réadaptation avant d’être en mesure de se déplacer à l’aide de béquilles. S’il ne sortait plus beaucoup, il recevait toujours ses vieux amis et, quand je venais le voir, il avait en réserve une bouteille de whisky qu’il pouvait remplacer par une autre. En 1985, nous avons accompli un nouveau voyage en Europe, pour fêter mes 60 ans.
Je devais d'abord me rendre aux Etats Unis en mission à Hawaii. J’ai pris l’avion quelques jours avant Denise pour me rendre à Londres. Après une courte visite aux Maulguet, au Nord de Londres, j’ai pris l’avion pour Los Angeles.
J’ai pu constater que cette ville n’était pas si peuplée qu’on aurait pu le croire. Le climat est très agréable, mais on ne peut s’empêcher de songer aux meurtriers tremblements de terre. En effet San Francisco et Los Angeles se situent sur l’importante faille San Andreas de l’écorce terrestre. On sait que le frottement des plaques tectoniques provoque des tremblements de terre parfois catastrophiques. De l’aéroport, j’ai téléphoné au propriétaire d’un petit hôtel qui est venu me prendre à l’aéroport dans une petite camionnette. L’hôtel, au bord de la route, n’était qu’a deux pas d’un petit restaurant ou on pouvait s’acheter ses repas, et emporter des fruits.
On mange à l’excès aux USA, et on peut constater que de nombreux américains se gavent à en juger par le nombre d’individus corpulents. Hommes comme femmes ont des tendances d’obèses. Je me souviens d’avoir rencontré au restaurant toute une famille d’obèses: le mari, la femme, les enfants et les amis. Le voyage de quelques heures vers Hawaï a été agréable. J’étais assis à côté d’une romancière qui m’avait fait voir un de ses romans. Etonnamment, un célèbre écrivain américain Herman Wook, auteur de La Mutinerie de Caine se trouvait en première classe dans le même avion. Par coïncidence, j’avais acheté le livre en Angleterre pour le voyage. Le spectacle des volcans d’Hawaï qui émergent de la masse nuageuse est inoubliable. Nous avons été à l’île de Kuai pour déposer des touristes, avant de repartir pour Hawaï avec d’autres touristes.
Mon séjour à Hawaï a été très agréable et j’ai logé dans un excellent hôtel à Hilo, la ville principale de la grande île. L’hôtel était bien situé en face de l’océan Pacifique, et j’avais une grande chambre avec toutes les aménités, et même la télévision. Les grandes plantations d’Anthurium se trouvent à Hilo. Il y avait à Hawaï, une épidémie d’une maladie bactérienne de l’Anthurium, inconnue à Maurice. J’ai eu donc l’occasion d’étudier à loisir cette maladie. J’était piloté par la famille Gervais qui possédait des entreprises de production et d’exportation de fleurs. J’ai profité de mon séjour pour visiter un dimanche, les sites volcaniques d’Hawaï. J’étais aussi à Hawaï pendant la fête nationale annuelle de Thanksgiving, un jour férié. Invité chez les Gervais, j’ai pu goûter leur meilleur vin californien, qui à mon avis est inférieur au vin correspondant français. J’ai tellement été absorbé par mes visites et mes études que j’avais oublié la date exacte de mon départ. Heureusement que je m’en suis rendu compte quelques heures avant le départ de l’avion pour Los Angeles.
Les Gervais avaient organisé un dîner d’adieu mais ont secoué la tète avant de me conduire à l’aéroport. Il m’ont pris pour quelqu’un de très distrait. De Los Angeles on s’est arrêté à San Francisco et j’ai pu admirer le fameux pont. Le retour vers l’Angleterre a été long et il avait commencé à faire nuit quand l’avion a atterri. J’ai pris le métro pour me rendre chez Eugène. Après une nuit de fêtes, je suis parti le lendemain par le train vers la côte ouest de l’Angleterre pour visiter un grand laboratoire de culture de tissus.
Quelques jours après, je repartais pour la France où m’attendaient Denise, Jacques et Marie France. Ayant fait des économies pendant le voyage aux USA, j’ai pu faire venir Jacqueline que nous avons accueilli à Roissy. Nicole et Claude sont aussi venus nous rejoindre chez Marie-France. Comme Jean était déjà en France, étudiant à Montpellier, nous devions tous nous réunir à Wassy. C’était une année exceptionnellement froide et il avait neigé avant Noël. A la fin de l’année, tout le paysage avait blanchi, en particulier les forêts avoisinantes de Wassy.
Le 31 décembre, Jacques nous a conduit à Verdun. Le soir, on a été étonné de voir Jacques s’isoler à la cave pour hacher son bois de chauffage. Nous avons compati avec Claude qui se refusait de venir à son aide, le jour du réveillon. Nous avons bu du champagne et du Whisky et Jacques, fatigué et in habitué aux mélanges de boissons alcooliques, était tombé malade. Le lendemain 1er janvier, Denise et moi-même avons été à la messe à l’église Notre Dame de Wassy. Il faisait un froid glacial sous la nef.
On devait ensuite préparer le repas du Jour de l’An. Quelques jours pus tard, Jacqueline m’a accompagné à Paris avec Laine et Fernand qui retournaient à Versailles. Nous avons failli mourir cette nuit, quand dans les environs de Bar le Duc, un camion a dérapé sur le verglas et nous avait tout juste frôlé, au bord d’un précipice. Nous avons visité Jenny et Léon chez Lysel à Torcy. De retour à Wassy nous avons fait un court séjour avant de nous rendre encore à Paris, d’où nous avons pris le train pour Marseille. Nicole et Claude occupaient un appartement à la Juliette, non loin des bureaux de la SNCM où Claude travaillait. Nous avons profité pour refaire connaissance avec cette grande ville. Nous habitions le quartier du port et nous pouvions aller à pied à la Cathédrale de Marseille.
Nous avons pu constater dans certains quartiers, une présence tapageuse d’Arabes et autres Nord Africains. La Parti National n’existait as encore, mais nous avons pu constater l’hostilité des français qui avaient la conviction d’être envahis par des étrangers. Claude nous a fait visiter Cannes et Monaco. Nous avons pris le train pour Montpellier avec Nicole et avons rejoint Jean et Patricia. Jean habitait un appartement au dernier étage d’un vieil édifice assez central, comme on en trouve souvent dans les grandes villes. Il avait comme voisin un commerçant ‘Chez Bedos’. Dans la même rue, on pouvait voir une voiture rouge encastrée dans le mur d’un bâtiment. C’est une curiosité assez rare.
Non loin se trouvait la Place de la Comédie, et en face, un bloc d’appartements dont celui occupé par Chantal Serpillon l’amie de Jean et de Nicole, qui étudiait également à l’université. Elle était déjà venue en vacances à Maurice et nous avait proposés d’habiter chez elle. C’était une fille gentille et très intelligente qui nous avait semblé souffrir de boulimie, ayant un appétit hors du commun. Nous avons passé de bons moments à Montpellier, profitant du bus rouge gratuit pour sillonner la ville. Nous avons été plus tard avec Jean au Zoo de Montpellier. C’est à Montpellier que nous avons appris le 8 janvier, la mort d’Irénée, la maman de Denise. Elle avait eu une vieillesse pénible, ayant souffert semble-t-il de la maladie d’Alzaimer. Une agressivité étonnante avait submergé sa douceur naturelle. Elle était même arrivée à dire sèchement au pauvre Fernand qui avait un grand respect pour elle « Pas faire l’imbécile dont. Pas faire C. » Quand à moi, je crois qu’elle me lorgnait avec ce qui me semblait un air de mépris où de dégoût en émettant simplement un ‘hune caractéristique, carrément désapprobateur.
Nous avons prié pour elle à la cathédrale de Montpellier, un édifice historique mais un peu caché, réputé pour la belle musique d’orgue. Nous avions déjà eu la chance d’entendre dans cette belle cathédrale très ancienne, des compositions d’orgue interprétées par un inconnu très doué. Nicole et Claude sont venus se marier religieusement à Maurice le 29 décembre 1986. Ils s’étaient mariés civilement avec faste à Marseille et Gladys, Max, Laine, Fernand et la famille Maulguet sont venus rejoindre toute la famille Devichi, Raymond et ses enfants. A Maurice, c’est le père Etienne de la paroisse Saint Jean de Quatre-Bornes qui a célébré le mariage. On avait invité le résidu de la famille qui n’avait pas émigré en Australie ou en Europe, mais Claude avait insisté pour inviter les parents du chanteur Caramédon. Nous avions profité pour inviter mon cousin Françou qui était à Maurice avec sa femme Jacqueline que je connaissais de longue date, ainsi que son frère Mimiche. Nous avons reçu les invités dans un nouvel hotel de Quatre Bornes. Mes copains de la MSIRI avaient aussi été invités et Pépé Ferré a prononcé le discours. Il s’était souvenu que j’avais jadis rempli le même rôle lors de ses propres noces. Le lendemain, les mariés avaient été dans un campement à Baie du Tombeau.
Ne voulant pas être seuls, nous les avions donc rejoints le lendemain. Nous avons pu manger des langoustes que l’on vendait encore à la criée dans les rues. En raison de la forte chaleur qui nous incommodait, nous sommes retournés à Quatre Bornes, sans profiter de la mer. Le laboratoire de micro propagation a été crée par le groupe Anthurium Export, en association avec de nombreux planteurs du groupe, après l’approbation du plan que j’avais développé. . Il m’a fallu convaincre les promoteurs avant d’aboutir à une entente. Le laboratoire devait propager uniquement l’Anthurium dans un premier temps. Il m’a fallu fournir les estimations du coût des l’équipements et des dépenses. Une société a été crée et je devais être modestement actionnaire à 2%. Ayant convaincu le directeur d’employer Jean comme principal technicien pour entreprendre les travaux de propagation, il a accepté et Jean, encore étudiant à Montpellier, est allé suivre des cours avec le docteur Febvre. Celui-ci est venu à Maurice pour nous aider à installer le laboratoire sur une bonne base professionnelle, selon les critères conventionnels. Il a passé plus d’un mois chez nous, jusqu'à l’achèvement des travaux de l’installation. Il devait devenir un ami de la famille et passait ses moments de loisirs chez nous.
Pendant une visite de Gladys et de Ludovic, il nous avait accompagné lors d’une ballade de l’ascension du Pouce. Nous avions loué une maison à l’Avenue Flamant Sodnac, pour installer le laboratoire. Aujourd’hui, Jean est devenu le manager du laboratoire et Jacqueline est devenue une des techniciennes depuis ces dernières années.
Pour moi, ce n’est plus qu’un lointain souvenir d’une certaine réalisation et de pas mal de ténacité. Je ne suis pas toutefois mécontent de la part que j’ai jouée dans cette réalisation. L’évêque de Port Louis, Monseigneur Margéot, a été fait Cardinal la même année que Maud était venue à Maurice avec Maisie pour fêter ses 70 ans. C’était le 26 décembre 1988. Je devais fêter mon anniversaire à minuit le 27 décembre.
Nous avions loué pour un mois le campement Louison à Peyrébére.
La famille Koerkel au complet qui avait fait le déplacement pour assister au mariage était avec nous. La chaleur torride, les moustiques et les douleurs du Zona m’ont fait passer des heures pénibles et fort désagréables. J’étais malade et n’avais aucune envie de faire la fête. Claude, sa sœur Nicole et l’ami de celle-ci, venus à Maurice pour les fêtes du mariage, avaient loué un autre campement plus confortable que le nôtre, toujours à Peyrébère. Maud et Maisie habitaient dans un troisième campement à Grand Baie, avec la famille Poisson.
Un ancien collègue de travail qui avait pris l’habitude de nous rendre visite le 27 décembre était présent, avec sa femme, pour la bruyante fête. Ces fidèles amis, Yolla et Jocelyn ont salué mon anniversaire à minuit avec des pétards. Les voisins français furieux d’être incommodés par le bruit ont vivement protesté. En dépit des douleurs du Zona, il m’a fallu passer la soirée à boire et à fêter. Maud, toujours coquette, ne voulait pas que l’on mentionne son âge et prétendait naïvement être moins âge que moi. Le lendemain, jour de mon anniversaire, nous sommes repartis à Quatre Bornes avec Maud et Maisie, car on ne voulait pas manquer la messe.
Le nouveau cardinal Jean Margéot, devait honorer de sa présence une messe pour commémorer la fête de St Jean dans notre église paroissiale. C’est la première fois que la fanfare de la Police au complet venait animer la messe. Après la messe nous avons arrosé l’événement avec du Champagne et Mady Comty qui était venu nous rendre visite a été enchantée de partager la bouteille de Veuve Cliquot. Le mariage de Jean et Patricia a eu lieu le lundi 19 décembre 1988. Je souffrais encore du Zona. Le mariage a eu lieu à l’église de Saint Jean par le prêtre Billot qui semblait souffrir d’une grippe ce jour là. Le père Renker, notre ami Jean Luc, un Alsacien, qui était un enfant de la maison, car il venait souvent chez nous même avant d’aller étudier au séminaire en France, a prononcé l’homélie.
Le père Billot avait une curieuse diction qui donnait l’impression qu’il articulait parfois chaque mot d’une phrase, ce qui lui a valu le sobriquet de Robot. La fête a eu lieu à Curepipe dans une grande résidence coloniale. Il y avait un modèle de la tour Eiffel dans la cour. Maud s’est fait très remarquer par son exubérance particulière. Elle était bien le boute en train et a même donné un spectacle de Tango en solo avec Gilbert Poisson, son cavalier pour la circonstance. Carine a elle aussi été remarquée dans une danse de son temps en solo. C’est Jacques qui a pris le toast. Son discours se voulait humoristique avec des plaisanteries à mes dépens. Jean et Patricia s’étaient connus depuis pas mal de temps et avaient été ensembles parfois à Montpellier, parfois en Ecosse. Ce jour là, ils avaient l’air tout à fait inoffensifs. Je crois qu’ils devaient partir que le lendemain pour la lune de miel. En 1990, j’ai cessé d’être actif à Anthurium Export et je suis devenu un consultant du groupe.
Max et Mathé sont venus en séjour à Maurice en 1990. Ils sont repartis pour la France le 31.9.90. Nous avons accompli un autre voyage en Europe en 1992. Nous sommes cette fois partis le 24 juin pour revenir à Maurice le 19 septembre. L’évènement de ce voyage a été le baptême de Marie-Claire à Wassy, le 12.Juillet. Plus tard, nous avons été avec Jacques à Londres en voiture, pour dix 10 jours. Une amie de Carine nous avait accompagnés. Nous avons quitté Douvres, le 22 août pour rentrer en France. A Paris nous avons logé chez Nicole Lacube, la sœur de Claude, avec Carine, avant de nous rendre chez Laine et Fernand à Versailles. Je me souviens d’une belle promenade par le train à Strasbourg avec Marie-France et Stéphanie. Nous avons visité la célèbre cathédrale et avons pu entendre les sons et voir les articulations saccadées de la fameuse horloge. Nous avons plus tard effectué un voyage en voiture à Reims avec Dominique, le voisin de Marie-France, qui avait le même emploi que Jacques.
Avant de visiter la ville, il nous a fallu aller à l’hôpital pour les examens médicaux de Marie-Claire. Marie-France ne voulait pas prendre le risque de perdre un deuxième enfant par la mort subite de nourrisson. Nous avons quitté la famille Koerkel pour aller à Versailles. Nous avons alors pris un train de nuit avec couchette pour nous rendre dans le sud de la France chez la famille Febvre. Celui-ci nous a fait visiter Tarbes avant de nous conduire à Lourdes où nous avons passé une agréable journée. Notre séjour à Ajaccio devait être particulièrement agréable. Nous avons visité Corte, Porto-Vecchio, Bonifacio et Bastia. Maisie est venue nous rencontrer en Corse pour une semaine et nous avons multiplié les bains de mer. J’étais avec Nicole dans la voiture pour aller chercher Maisie. Nicole nous a fait entendre de la musique folklorique pour touristes. C’était de l’authentique musique corse avec les intonations bien italiennes. Maisie est repartie avant les festivités pour marquer l’anniversaire de la fondation de la ville d’Ajaccio. Les rues étaient illuminées et nous nous sommes mélangés à la grande foule pour assister à un concert en plein air du chanteur Bachelet, qui était alors très en vogue. J’ai été impressionné par son professionnalisme et par l’excellente qualité de son orchestre. De Bastia, nous sommes revenus à Marseille par un autre paquebot. Denise et moi-même, avons pris le TGV pour Paris, d’où on a regagne encore une fois Wassy.
Après les dernières fêtes et les adieux, nous avons de nouveau pris le train pour Paris. Deux jours plus tard Laine et Fernand nous accompagnaient à l’aéroport pour prendre l’avion vers Maurice. Mort de Roland. Iryse avait un assez grave problème de la circulation sanguine. Elle pouvait faire des caillots qui auraient pu occasionner des embolies mortelles.
Le docteur lui avait conseillé d’aller faire régulièrement analyser son sang, pour déterminer le taux de fluidité. Pendant une de ces crises, elle avait été admise à la clinique Bon Pasteur. Très mal en point, elle semblait avoir été mortellement atteinte. Roland a solennellement fait venir le mari de la servante Annie, du nom de Bic et lui a dit : ‘Faire ène bon nettoyage la cour avant qui lé corps arrivé. ‘
Il était convaincu que c’était une question de jours. Iryse s’est cependant rétablie et à son retour à Beau Bassin, elle a repris ses habitudes normales et a à continué de tourmenter le pauvre Roland avec ses projets de vente de la maison. Roland était fermement opposé à toute idée d’abandonner la maison maternelle. Il voulait seulement que l’on lui permette habiter la vieille maison. ‘Si je quitte cette maison, je vais mourir’, nous disait-il avec émotion. Très stressé par les chicaneries familiales, la santé de Roland s’était sensiblement détériorée depuis quelque temps déjà. Il buvait encore de l’alcool mais avait pris l’habituer de manger moins. Il avait toujours un fort taux de diabète et avait commencé à se soigner par des piqûres journalières d’insuline. Il se procurait un whisky bon marché à la boutique du coin, appartenant à un chinois nommé Carré. Il en consommait régulièrement, modérément, pendant la semaine mais à grandes gorgées en fin de semaine. Je pense qu’il était encore capable de prendre une demi- bouteille au moins. Il se déplaçait rarement et coincé dans un fauteuil en rotin placé toujours dans le même coin de la varangue, il réclamait d’une voix basse particulière qui laissait devenir une certaine incapacité de se servir lui-même : « Annie, mo senti moi fatigué servi ène ti grog. »
Le pauvre Roland déjà diabétique, avait aussi donné des symptômes d’une affection d’urée. Le 2 novembre1989, il était mort à la clinique Bon pasteur. Ironiquement, il était dévolu à Iryse d’accueillir les dépouilles de son frère, dans la maison que Roland n’avait pas pu revoir.
Nous avions perdu Roland. Il m’a souvent manqué pour son humour particulier et son goût pour les réunions familiales bien arrosées que je partage d’ailleurs. Le lendemain, pour les funérailles, la famille et les amis se sont afflués. C’était le désir de Roland d’avoir beaucoup de monde pour ses obsèques Il a été enterré dans la même tombe que la tante Andrina Crouche, morte le 15 septembre 1969, sa fille Hilda, morte accidentellement à l’âge de 9 ans le 8 juillet 1928, et la douce tante Elina Crouche que l’on, appelait Lina, morte le 3 janvier 1971.
En 1991, nous avons appris avec peine que Maud avait été frappée d’une congestion cérébrale en Nouvelle Zélande. Elle n’avait pas été paralysie mais avait eu un grave problème de la gorge.
Elle avait des difficultés à glutiner et faisait des crachats en abondance. Cela lui peinait d’être ainsi handicapée et d’incommoder les gens autour d’elle. Elle avait été obligée de quitter son appartement et d’aller habiter chez Maisie. Comme elle avait exprimé le désir de revenir à Maurice je lui ai écrit avec l’accord de Denise pour l’inviter à venir habiter chez nous à Quatre Bornes. Il nous avait semblé que la famille Poisson ne voulait pas prendre la responsabilité d’accueillir Maud étant donné que Michel habitait chez Marcel et Lily et avait déjà une mésentente avec son mari. Nous sommes allés la chercher à l’aéroport et nous avons été chagrinés de la voir arriver dans une chaise roulante. Elle avait vieilli, portant maintenant manifestement son âge. La pauvre Maud avait toujours jalousement voulu conserver le secret de son âge véritable. Nous l’avons donné une chambre individuelle, d’accès facile, à l’arrière de la maison. Elle n’aimait pas trop la musique classique et montrait son émerveillement de mon engouement pour cette musique, que je ne cachais pas. Il m’avait semblé qu’elle avait même hoché la tête en constatant que j’étais si heureux d’écouter du Bach ou de la musique religieuse. Elle se mettait souvent sous la petite varangue ouverte, pour me regarder faire la taille de la haie de bambous. Elle m’indiquait les endroits particuliers où il fallait corriger les défectuosités avec les cisailles. Il faisait chaud et j’étais en sueurs. Il est possible, que n’ayant pas suffisamment absorbé d’eau, j’avais endommagé quelque peu mon système urinaire. Un dimanche de Pâques, nous sortions de la Messe et nous sommes allés prendre la tension de Maud et de Denise.
Je ne pensais pas qu’il fallait prendre le mien. Nous avions comme d’habitude un menu digne de l’événement, et je me souviens qu’il était composé d’un poisson capitaine en daube, d’un rôti de langue de bœuf et d’un curry de porc et d’embrevades. C’était un menu fort apprécié chez nous pour les grandes fêtes. Je n’avais pris qu’un apéritif et j’allais manger le poisson avec un peu de vin, quand j’ai subitement éprouvé une grande faiblesse. Ayant déjà été atteint d’hémorragie du duodénum, je pensais avoir récidivé. Mon état s’étant empiré, Jean m’a conduit à l’hôpital Candos. Un médecin inexpérimenté a accepté mon diagnostique et m’a conseillé l’hospitalisation. Il avait pourtant constaté que je ne saignais pas. Jean a jugé qu’il serait préférable pour moi de me faire admettre plutôt à la clinique de Bon Pasteur et de consulter un spécialiste. Celui-ci a fort heureusement découvert qu’il s’agissait d’une septicémie et a ordonné des analyses bactériologiques du sang tout en me donnant des injections d’antibiotiques.
Après quelques jours de traitement de Selexid, un puissant antibiotique, la fièvre avait baissé et après moins d’une semaine, je m’étais senti mieux. Malgré les injections de médicaments, j’ai pu regagner Quatre-Bornes le dimanche suivant et avec l’autorisation du médecin, j’ai pu me réconforter en prenant deux bons whiskies. J’étais sur la voie de la guérison. Pendant ma maladie Maud avait habité chez Lily. Ma santé ayant semblé alors plutôt instable, le manque de sécurité pour la famille nous avait désormais interdit de secourir Maud. Comme la famille Poisson n’avait pas de place pour l’accueillir, elle a décidé de repartir pour la Nouvelle Zélande. Elle devait revenir avec Maisie un an plus tard et cette fois avait été accueillie par la famille Poisson. Elle avait de la peine pour s’adapter au sein de cette famille, et une fois de plus elle a pris la résolution de retourner définitivement en Nouvelle Zélande. Je me souviens parfaitement de son regard attristé, lors de ce départ à Plaisance. Je pense qu’elle n’avait pas bien soupesé les risques de s’établir chez nous, car dans l’ignorance des causes de ma septicémie, ma disparition l’aurait laissé complètement dans l’abandon. Le propriétaire de la maison de Quatre-Bornes, ayant eu le désir de s’enrichir davantage, avait illégalement construit une bâtisse à l’arrière de la maison que l’on habitait. Il avait pris une arrogance de nouveau riche qui me déplaisait. Il devenait difficile d’habiter plus longtemps chez lui.
Nous avons donc loué une maison à étage à côté de celle du propriétaire. Claude et Nicole en voyage à Maurice avaient visité la maison encore inoccupée en notre compagnie, et l’avait trouvé assez coquette et tout à fait convenable. Notre nouveau propriétaire était un parfait gentleman qui malheureusement souffrait d’emphysème et avait de graves problèmes respiratoires. Sa maladie le rendait impatient au point de ne pas ménager des reproches à sa femme Solange. Nous avons déménagé, pour occuper la nouvelle maison le 15 mai 1993, jour de la naissance de Marie Claire.
On a tenu à bien pendre la crémaillère selon les traditions de fête bien ancrées dans la famille. Iryse, malade, ne pouvait monter l’escalier et n’est jamais venue dans cette maison. Mort de Maud. En Nouvelle Zélande, Maud s’était adaptée à vivre dans un ‘home’ et avait de nombreux amis.
Elle était très populaire et rendait des services à d’autres locataires du Home. Un soir, elle avait reçu dans sa chambre, Maisie, Clair et quelques amis. Elle avait pris un ou deux whisky et avait l’air plutôt en bonne santé. Elle devait cependant mourir cette nuit dans son sommeil. Elle est donc morte seule dans sa chambre le 10 janvier 1993, et Maisie n’a été informée que le lendemain matin. Cette nouvelle nous a fortement attristés ; car tous aimaient Maud pour son caractère facile et sa joie de vivre. Ses funérailles ont eu lieu à Wellington. Mort d’Iryse. Le jour du 70eme anniversaire d’Iryse, Denise, Jacqueline et moi-même nous avions apporté quelques provisions pour l’occasion. Il y eut donc une petite fête conviviale et simple pour commémorer l’événement. Sa santé s’était quelque peu détériorée. Quelques mois plus tard, souffrant des complications de sa maladie, elle avait été admise en clinique. Cette fois son état allait vite s’aggraver. Elle avait un taux élevé d’urée et de diabète, et avait des problèmes cardiaques. Elle avait fini par avoir, comme Roland, un problème de cicatrisation aux pieds.
Elle est retournée chez, se croyant en convalescence. Nous avons donc eu la difficile tâche de lui dire toute la vérité. Si elle voulait vivre encore, il fallait amputer. Le docteur nous avait toutefois révélé qu’elle n’avait pratiquement pas de chance de subir l’opération, ayant un cœur défaillant. Elle était donc condamnée. Je vois la malheureuse allongée sur son lit et frappé d’étonnement et d’incrédulité. Elle s’est tournée de l’autre côté du lit, pour éviter notre regard et s’est mis à pleurer tout doucement. Elle avait vite réalisé qu’il n’y avait pas d’espoir de guérison et a refusé d’être amputée.
Quelques jours plus tard, son pied noircissait, affecté par la gangrène. Malgré l’étonnant optimisme d’Annie, elle devait mourir le 1er mai. C’était le jour de la fête du travail et aussi de l’anniversaire de Laura. Elle a été enterrée au cimetière de Souillac dans la tombe de ses parents Irénée et Anatole. Irénée était morte depuis le 9 janvier 1986. Après son décès les membres de la famille Crouche se sont retrouvés à Maurice pour la vente de la maison. Claude et C’est à cette période, pendant une visité des Devichi à Maurice que l’idée m’avait germé de demander à Nicole de m’initier à l’informatique. L’idée pris bien vite de l’ampleur et on a été à Port Louis pour examiner les offres. On a fait l’acquisition d’un Modeste appareil de 100 Mo.de disque dur et de seulement 4 Ram de mémoire. C’était alors considéré comme étant assez satisfaisant. Au moment ou j’écris, en 2001, j’ai un ordinateur Pentium 800 de 40 gigas et de 196 Mo de mémoire ! Initié avec célérité à Word et Excel, le professeur Colo, très exigeante et expéditive, devait me faire ce que l’on appelle en anglais un ‘crash course’- On comprend ou on s’abrutit. ‘ça passe ou ça casse !’
Je crois que j’avais probablement un don pour l’informatique, car je pense avoir gravi assez vite la distance entre le débutant et l’initié. Ce premier ordinateur est toujours chez Jean et Laurent s’en sert . Jenny, l’aînée de notre famille avait volontairement choisi d’aller vivre avec ses enfants. Elle avait été d’abord en France où Jacqueline et moi-même l’avions rencontré chez Lysel à Torcy. On avait été étonné de constater qu’elle vivait avec Léon dans une unique chambre assez exiguë. Je n’ai jamais pu comprendre pourquoi elle avait vendu sa grande maison à la Rue Pope Hennessy, Beau Bassin où elle vivait confortablement. Lysel, qui avait des problèmes matrimoniaux, avait abandonné temporairement son deuxième mari, un médecin de caractère plutôt bizarre, pour s’attacher à un jeune chômeur, fort antipathique selon moi, qui se disait de surcroît raciste, étant chaud partisan du front national de Le Pin. Les propres enfants de Lysel, semblaient désapprouver la vie menée par leur mère. Jenny et Léon ont je pense pris le prétexte du climat trop froid et ont pris la décision d’aller s’établir cette fois en Australie. Rosemay, l’autre fille de Jenny et Léon, avait épousé Jean René Moutia et vivait avec ses enfants à Melbourne. Jenny semblait se plaire à Melbourne malgré le climat rigoureux.
Elle avait cependant des problèmes d’arthrite et un peu de diabète. On pense que son diabète aurait occasionné des problèmes cardiaques. Elle avait souffert d’une angine, ensuite d’une deuxième et semblait s’être rétablie de cette dernière attaque quand elle est morte le 15 avril 1995. Ayant curieusement opté pour le four crématoire, Jenny n’a aucune tombe à Melboune. Ici encore, le destin d’une personne ayant toujours eu des vues conservatrices fait rêver. Jenny s’était vivement intéressée aux tombes de la famille, et avait jadis choisi d’être inhumée à sa mort, dans la tombe familiale des Ithier. Elle avait insisté pour que notre mère y soit inhumée. Pourtant, notre père avait été inhumé à St Jean dans la tombe où j’aurais un jour ma place pour le repos éternel. Je peux ajouter que nous avons aussi fait l’acquisition d’un terrain libre à côté de la tombe de Maxime Félix.
Un jour, Denise et moi-même, nous allons nous trouver côte à côte dans nos deux tombes respectives. Quelque mois seulement après avoir déménagé, nous avons entrepris un nouveau voyage en Europe. Voyage en Europe avant mes 70 ans en 1995. C’était au mois d’Avril. Nous sommes arrivés à Paris par un temps vraiment glacial. Température 0°C. Gladys, Jacques et Carine étaient venus nous rencontrer et nous avons été à un restaurent de l’aéroport. J’avais bien subi, cette fois la longueur du déplacement par avion et me sentais en forme. Denise paraissait plus fatiguée. Nous avons voyagé en voiture avec Jacques et Carine de Roissy à Wassy. Carine qui venait d’avoir son permis de conduire avait pris le volant. Marie-France étant au travail, on l’a attendu pour le déjeuner.
Le soir, pour le dîner familial : Whisky Black Label et vin blanc Muscadet. Au menu : Rôti de Porc et Camarons. Nous avons pris le train de nuit avec Marie-France et Carine à St Dizier pour nous rendre par Dijon vers Rome à Rome le lundi 24 Avril, et nous avons logé à l’hotel Serena Delle Rosa. Nous avons été visiter le Vatican le même jour par le bus. A Rome, les passagers voyagent souvent debout, entassés dans le véhicule Le lendemain, c’était la grande tournée générale pour visiter la ville Nos sites privilégiés : Ste Marie Majeure, le Colisée, le Forum, le monument Victor Emmanuel, la fontaine de Trévi, et une fois encore le Vatican. Nous avons aussi tenu à visiter le musée du Vatican et la Chapelle Sixtine. Le soir, très fatigué, pour avoir beaucoup marché, nous avons pris nos repas au restaurant : Pâtes et pizzas accompagnés de Birro (Bière).
Le 26, nous sommes retournés à Ste Marie Majeure et en route, nous avons acheté les produits en cuir. A l'hôtel, "Entrata et Uscida,"- entrée et sortie. Nous avons pris la route d’Oscida où se trouve une autre gare de chemin de fer. Nous sommes partis, vers 4 heures pour Livourne. Le train longe la côte en fin de trajet, et on peut alors admirer les grosses vagues de la Méditerranée. A Livourne, Claude et Nicole sont venus nous accueillir en voiture. Surprise! La famille allait se diriger en voiture vers Florence où on loge dans un hôtel luxueux au centre de la ville à l’hôtel Duomo, situé au Piazza Duomo, devant la grande cathédrale. Le lendemain, jeudi 27, nous avons été visiter la célèbre ville, en passant par Ste Marie des Fleurs, la cathédrale, puis St- Laurent.
En sortant de St- Laurent je me fais enlever le porte feuille par une troupe de gitans. Une vieille femme était entourée de quelques gamines. Une fillette me tire par un côté de mon veston pendant que les autres s’affairent pour me voler. Du travail propre, professionnel. « Grâce à toi une nichée de gitans vont pouvoir manger pendant un mois ! » me disait Claude en guise de consolation. Et comme il lisait le doute et l’incrédulité sur mon visage, il a ajouté. « C’est de l’aumône obligatoire! » Il nous a fallu informer la police pour annuler la carte de crédit. Heureusement que Claude pouvait parler couramment l’italien avec la policière. Nous avons néanmoins poursuivi notre plan de visites, et j’ai pu découvrir avec émerveillement, les meilleurs sites de Florence. Nous avons par exemple admiré le pont des bijoutiers et l'église Marie. Au retour, nous avons été à Pise, où nous avons visité le dôme et la célèbre tour penchée. Le voyage vers Livourne a été agréable, et nous avons eu l’occasion d’apprécier la campagne italienne.
A Livourne nous avons passé la nuit dans un beau paquebot de croisière italien. Denise et moi-même avons eu l’occasion de danser pendant la fête de nuit sous les regards de Nicole dont les yeux pétillaient de malice. Le lendemain le bateau est parti pour Bastia. Nous avons accosté le port de Bastia le vendredi 28. Raymond, le père de Claude et Nicole Lacube sont venus nous accueillir à l'arrivée. Le temps était maussade, et la température assez fraîche. Nous avons été bien vite à l’aise dans l’appartement de Claude et de Nicole. Le samedi 29 avril, nous avons tous été à St. Florentin. De Bastia, la route serpente vers un col et redescend vers la mer de l’autre côté de l’île.
Le 30 avril, c’était une authentique réunion familiale, avec le couple Malbéto, les Devichi, Raymond, Nicole Lacube et nous deux. Après la messe et les baptêmes à Notre Dame des Victoires, nous avons visité la foire aux Fleurs et une exposition de voitures antiques à Bastia. Le 1er mai, pour l’anniversaire de Laura ( 5 ans.), nous avons fait un excellent déjeuner en famille. Denise a participé en préparant son plat de crevettes. Menu 1 Mai 1995. Salade garnie et Nimbe. Crevettes sauce rouge. Gigot d'Agneau et pomme sautée. Dessert. Gâteau d'anniversaire. Champagne Vins Bordeaux Blanc et Rouge Corses. Dans l’après-midi, nous sommes allés en promenade à l'étang de Biguglia, et visité l’ancienne capitale de la Corse Pisane avec ses ruines antiques Romaines. Au village de Furiani sur les hauteurs, nous avons vu le célèbre stade de football qui avait été le site d’un drame affreux après l’écroulement d’une partie des loges. C’était pour une rencontre contre Marseille. Il y eut plusieurs morts et aussi des sportifs grièvement blessés dont plusieurs sont demeurés estropiés. Le lendemain, mardi 2 mai, on a visité la montagne pour voir le panorama de la ville de Bastia du relais de télévision. Le mercredi 3 mai, Nicole avait organisé une fête d'enfants pour les 5 ans de Laura. Nous avons été étonnés du charme saisissant de la fillette, dans sa belle robe de fée. Nous avons été un autre jour à la cathédrale de Bastia, Ste Marie et prié au Crucifix du miracle à l'église Sainte Croix de la Citadelle dont c'était la fête.
Le jeudi 4 mai Raymond est reparti sur le paquebot ‘Napoléon’. Il nous avait conduit à Bastia dans sa camionnette emménagée pour se coucher comme une caravane. Auparavant, on avait été sur une plage par un soleil brûlant, et un bain de mer nous avait revigorés. Le samedi 6, nous avons accompli le long trajet vers le Cap Corse. J’ai été content d’avoir eu l’occasion de visiter l’église Lavasina, où avait eu lieu, un miracle de guérison de la Sainte Vierge. Tout près de l’appartement de Nicole, on pouvait encore visiter St Antoine de Padoue. Il y avait alors dans l'église, une exposition des reliques du saint. Le dimanche 7, c’était les élections présidentielles. Chirac devait en sortir victorieux. Nous avons été le même jour en Pique-nique à Biguglia. Le bain de mer était plutôt glacial. Mardi 9. Dîner chez André Seta, un pharmacie ami des Devichi. Les Parents d'Aidée, la femme d'André habitent à la Réunion. Seta a étonné tout le monde en me demandant si j’étais un malabar. Il prenait les mauriciens de couleur brune pour des malabars.
Je voulais par mon silence laisser passer la remarque, mais Nicole a tenu sur un ton de protestation de donner une autre version au pharmacien. Cette histoire de malabar ne nous a pas empêchés d’apprécier le fameux curry poulet massalé des Réunionnais. Le jeudi suivant nous avons visité l’île Rousse et Calvi. Au retour Nicole voulait nous faire voir la fameuse foire de la Fouille. Le soir nous avons dîné avec Claudia, une mauricienne ayant épousé le facteur français André Saint Jour. Le Dimanche 21, après un long trajet en voiture, nous avons été à Bonifacio. C’est une promenade qui me plaît particulièrement. Bonifacio est ville féerique et le site des falaises blanches en face de la Sardaigne est inoubliable.
Sur la route du retour vers Bastia par Porte Vecchio, nous nous sommes rendus à Ghisonascia chez le facteur Saint Jour. Claude et Nicole nous ont donné l’occasion d’apprécier la charcuterie corse. On trouve en abondance des saucisses et saucissons. La coppa, (échine roulée), le Lanzu,(filet poivré),et U. Salcicciu (saucisson). Le poisson est bien plus abondant qu’en France. On a consommé des rougets, loups, rascanes, thons et dorades entre autres. Des liqueurs corses sont excellentes. Ils sont souvent de haute teneur d’alcool. Nous avons quitté Bastia par bateau, le mardi 23. Ces croisières sont fort confortables. Les paquebots transbordeurs peuvent avoir des capacités passagères dépassant 2500 personnes.
Le lendemain, nous avons rendu visite à Gisèle. Claude nous a emmené à Martigues pour voir Max et Mathé. Max est venu nous chercher dans sa propre voiture avec Marie Laure une fillette de Mick. Nous l’avons suivi jusqu’a la mer à Martigues dans les faubourgs de Marseille. Il logeait avec Mathé dans un petit campement appartenant à Mick. A 10 heures du matin Mathé voulait que je boive un whisky! Autoritaire, elle m’a admonesté :‘Tu le boiras !’ Ils étaient déçus que l’on n’allait pas passer toute la journée chez eux, car Claude voulait prendre le chemin de Lourdes avant midi. Mathé était devenue toute ronde avec un embonpoint causé par sa boulimie. Max disait qu’elle mangeait beaucoup trop. Max voulait nous offrir sa grosse voiture pour le voyage, mais Claude a préfère la sienne qu’il connaissait mieux. Nous sommes donc partis vers Lourdes où nous sommes arrivés fatigué le soir. Nous avons pu réserver un bon hôtel non loin du sanctuaire. Marie France et Jacques étaient venus nous rejoindre le lendemain et après les pèlerinages nous avons un peu fait la fête au restaurant.
Après Lourdes, nous avons une fois encore retrouvé Paris pour prendre l’avion et retourner au pays. Du côté de Jean, il y avait un projet pour transférer le laboratoire dans un autre site, car il n’y avait plus de place pour les développements. Le laboratoire est installé de nos jours à Bel Etang où se trouvent les plus grandes superficies de culture de l’Anthurium. Jacqueline qui avait perdu son emploi à Auction Mart, quand l’entreprise avait fait faillite, a été employée par Microlab comme laborantine. Elle se rend chaque jour avec Jean en voiture à son lieu de travail. Chaque dimanche, la famille s’est retrouvée à Quatre-Bornes, chez nous, pour le déjeuner familial. Mathé qu pensait pourtant que Max était gravement est morte en 1996. Lors de notre précédent voyage en 1995, je lui avais parlé, une dernière fois au téléphone public qui se trouve près de l’Arche de La Défense.
Le 5 mai 1996, le pays a appris la mort de Gaétan Duval, le grand politicien qui se disait ‘Roi des créoles.’ Il a eu droit a des funérailles nationales et les partisans , comme les adversaires politiques, se sont rendu en grand nombre pour lui rendre hommage. On n’avait jamais vu autant de monde à Maurice pour des funérailles. Nous avons décidé de nous installer à la mer pour profiter de nos vieux jours. Comme on aimait Flic en Flac nous avons consulté un courtier, une jeune dame nommée nommé Kokill.
Un appartement situé dans le centre a Building, le Flamboyant, nous a paru excellent. On était au deuxième. Il y avait trois chambres, dont la principale, assez grande avait sa propre salle de bain et son WC privé. Nous étions installés très confortablement dans cette nouvelle demeure, tout en conservant l’usage de la maison de Q.Bornes. Nous avions réussi à avoir notre résidence secondaire pour quelque temps.Le départ pour Flic en Flac a eu lieu le 27 janvier 1996. Le déménagement s’est effectué avec l’aide de Jean et de mon cousin Mimiche. Celui-ci s’est dévoué pour installer les rideaux les glaces etc. J’avais dû acheter de nouveaux meubles. Une voisine habitant le même étage nous a vendu son ameublement de salon et un petit réfrigérateur. Nous avons invité la famille de Mimiche à pendre la crémaillère, un dimanche matin.
Les années passées à Flic en Flac ont je le pense été les plus belles de ma vie. Je prenais 4 à 5 bains de mer par semaine et on allait parfois la nuit contempler le magnifique coucher du soleil. Nous pouvions d’ailleurs voir le coucher du soleil de notre propre petit balcon. Un gardien de nuit que nous avions connu, est mort subitement dans sa cahute, encastrée au bas de l’escalier. La veille de son trépas, je lui disais, en plaisant, que les vieux pouvaient aller à la messe en retard ‘Grand bonhomme là tout sel capave dire!’ devait-il me rétorquer avec sérieux. Quelque temps après, un autre jardinier-gardien est venu travailler dans le bâtiment. C’était un petit homme maigre, aimant la boisson. Il quémandait chaque semaine à Denise ‘Ene ti cache pou cigarette’.
Nous avons reçu beaucoup de visites des parents et amis dans ce campement. D’abord Claude et Nicole, puis Marie-France et Stéphanie en juillet 1996. L’année suivante Mazy, Gladys et Max. L’arrivée de Max a été un évènement car avec son emphysème et ses ennuis de poumons il lui fallait absorber de l’oxygène en permanence.
Le jour de son arrivée, Jean et Gilbert Poisson l’ont porté sur une chaise à l’étage. Il a fallu transporter son appareil d’oxygène qui était très lourd. Quand Frédéric et sa femme Mélissa sont venus rejoindre Maisie, ils ont loué un campement qui n’était pas trop confortable à Flic en Flac près de La Pirogue. Max a été les rejoindre pour quelques jours, mais a préféré revenir chez nous. Il aimait se rendre sur une vaste varangue à l’arrière du bâtiment pour fumer une demi-cigarette et admirer la vue, en s’accoudant sur la balustrade. Il transportait toujours le fil conducteur du gaz. Max n’aimait pas la même musique classique que moi. Il préférait les chants, les opéras, les ouvertures sonores, la musique française de Verdi ou de Berlioz.
Il disait que j’étais comme son fils Dany et que j’étais toujours enclin à écouter la musique de Bach!. Il a été étonné des travaux sur des thèmes religieux que je faisais sur l’ordinateur. «Gros boulot! » Disait-il. Laine et Fernand ont entrepris un voyage à Maurice en 1997. Ils ont logé chez Myrielle, mais sont venus souvent à Flic en Flac. Fernand avait la patience de suivre Laine quand celle-ci lui lançait pour ainsi dire, une sommation pour l’accompagnait au Casino.
Il s’exécutait sans protestation. C’était un doux ! Ils ne profitaient nullement des bains de mer, mais participaient aux réunions familiales et aux fêtes à la mer au crépuscule. Fernand, Myrielle et Gaby, étaient venus un matin, nous rendre visite et nous avons reçu la famille à déjeuner.
Gaby Edouard Betsy est mort le 15 Novembre 1996. C’était le mari de Myrielle et un grand joueur de domino. Il avait travaillé chez Mamet à Port Louis et connaissait bien le commerce des spiritueux. Il avait été dans sa jeunesse, un jouer de football de la Fire Brigade, où il occupait la position de gardien de but. Lors d’une rencontre, il s’était blessé à l’arcane sourcilier et montrait avec fierté ses cicatrices. Malgré des problèmes cardiaques, il avait des méthodes peu orthodoxes pour se soigner. Il semblait éviter les médecins. Je l’ai vu un jour dans son jardin en compagnie de Fernand qui lui rendait visite.
Il se déplaçait péniblement, les pieds étant nettement enflés. Nous avons déjeuné ensemble en famille chez Myrielle, ce qui devait être notre dernier repas dans cette maison. Quelques mois après, Laine et Fernand étant repartis pour la France, Gaby, qui était allé consulter un oculiste, a été frappé d’un infarctus. Il avait été admis dans une clinique et on pensait qu’il avait été rétabli quand il a fait un deuxième infarctus. Mal conseillé par un médecin, Myrielle, Dany et Gérard, ont commis l’imprudence de le transporter dans cet état en voiture. C’était fatal. Gaby est mort en route avant d’arriver à l’hôpital. Nous sommes venus le soir nous recueillir devant la dépouille du pauvre Bolo. Je lui avait jadis promis, de déposer un domino, le double 6, dans son cercueil. Il avait été, il faut le dire, un véritable expert de ce jeu qui l’avait passionné. J’ai déposé discrètement une simple petite rose.
Il a été enseveli dans la même tombe que Roland au cimetière de Souillac. J’ai été déçu de ne pas avoir eu toutefois une pension adéquate de Anthurium Export. Ils m’ont certes donné strictement mon dû, une somme de 150,000 roupies. C’était tout. J’avais du jour au lendemain un manque à gagner considérable, mais ce problème était déjà arrivé dans ma carrière et je devais y faire face. Malgré mon obstination de conserver les deux maisons, il m’a fallu me ranger de l’avis de Jean et de Jacqueline.
Nous avons donc avec regret abandonné le campement de Flic en Flac pour revenir à Quatre-Bornes. Le drame de Londres. Accident et mort de Fernand, le 12 Août 1997. Après s’être réunis pour la conversation, dans la cuisine, toute la famille s’est dirigée dans la cour pour prendre des apéritifs. Ils ont dîné sur place à l’entrée de la maison.
Fernand était resté dans la salle à manger et avait enlevé ses chaussures. Laine, Joëlle et Maud étaient dans la chambre à l’étage pour préparer les lits quand ils ont entendu un grand fracas. Joëlle souligne que c’était un effroyable bruit. Comme Fernand se déplaçait avec des chaussettes, il aurait glissé près de l’escalier, et aurait pu avoir dégringolé jusqu’au bas. On ignore encore toutefois comment l’accident s’est produit. Sa tête semblait avoir été enfoncée, et il saignait de l’oreille gauche. Il respirait encore. Transporté en ambulance à l’hôpital, les médecins ont essayé de le réanimer. Il y avait 4 à 5 médecins dont des spécialistes. Un peu avant minuit son cœur s’est arrêté, mais les médecins ont réussi à le réanimer.
Le cœur n’a cependant pas tenu et il est mort entre minuit et une heure du matin. Les médecins ont annoncé la nouvelle à la famille, qui était à l’hôpital. L’autopsie devait confirmer que la mort avait été causée par une grave fracture du crâne. Il y avait de gros dégâts au crâne et au cerveau. Il n’y avait aucune trace de problèmes cardiaques ou des caillots. Il semblait avoir joui d’une assez bonne santé. Il a été inhumé au cimetière de Montreuil, Versailles Copié d’un message E- mail de cette période :-« Jacqueline a été habiter Sodnac dans un appartement acheté par Jean pour Laurent.
(Voilà un Félix qui a le goût de la propriété ! .) La petite Christine qui reste toute menue est maintenant une habituée de Mémé et Pépé. C’est un caractère tapageur mais gai. Le gros Laurent, est costaud et grandit de jour en jour. C’est un grand dessinateur qui fait aussi beaucoup de sports. Il prend aussi des leçons de nage et d’équitation. Malgré les prévisions de la météo, il n’y a eu que des bandes de nuages sans cyclones.
Tant mieux pour Flic en Flac qui demeure intacte. La plage est vraiment magnifique en ce moment. » Un autre deuil, a affecté la famille, Cyril Crouche est mort en Novembre 1997. Jean et sa famille étaient alors en voyage à Melbourne. Malheureusement Jean qui est parti pour Sydney n’a pas eu l’occasion de voir son parrain en vie. Nous avions revu Cyril en 1994 quand toute la famille Crouche s’était réunie à Maurice pour la vente de la maison d’Irénée. Il avait passé ses vacances dans un campement à Peyrébère, avec Fernand, Laine, Gaby, Myrielle, ainsi que la famille Maulguet. Un fait surprenant : trois des quatre hommes qui étaient au campement sont décédés depuis. Cyril n’avait que peu vieilli, mais il buvait régulièrement une forte quantité de bière. Il en buvait à toute heure et Lizzie nous a même dit qu’en Australie il s’envrait parfois avec de la bière. Un soir, après avoir bien bu, Cyril est tombé violemment au sol, frappé d’une congestion cérébrale. Il est resté au coma plusieurs jours jusqu'à sa mort. Jean devait faire le trajet de Melbourne à Sydney en voiture, pour les funérailles. Nous avons appris par lui, que les mœurs australiennes permettent de faire la fête après les funérailles. Il y avait donc, une grande assemblée de parents et d’amis, partageant les souvenirs de bons moments avec Cyril, en trinquant allégrement. Cyril avait été un bon garçon un peu rude de manières, qui avait un don pour la charpenterie et la menuiserie. Il avait été instituteur de métier et c’est peut-être cela qui le rendait si nerveux. Il était tout à fait différent de son frère Roland.
Tous ses enfants sont mariés en Australie et cette souche de Crouche, inspirés par une moralité traditionnelle qui vient de la bonne éducation, fera sans doute honneur au pays. Message E-Mail. Lundi 2 Novembre 98. « Denise est maintenant complètement rétablie. Plus de bronchite, plus de diabète, plus de tension! Elle a opté pour 'se reposer' " Capab fronté" comme prédit Jacqueline. Hier c'était la Toussaint, le déjeuner de famille a été animé par Christine. Nous avons eu droit à un bon salmis de canard et une bouteille de Saint Emillion que Jean a ramené de la Réunion. Jean avait participé la veille à un show Halloween à Albion. Mes travaux de théologie pratique progressent petit à petit et on trouvera bien un moyen pour publier. C’est du boulot agréable avec l’ordinateur. Jacqueline vient souvent chez nous et elle passe deux jours au moins chaque semaine. C'est qu'il y a le marché et la foire à côté. Je me suis coupé le pouce à tel point qu’il a fallu une petite opération à la clinique. Nous avons eu des émeutes après la mort d’un chanteur Rasta qui avait été emprisonné pour consommation de drogue. Les pilleurs et autres malfaiteurs ont profité pour dévaliser les boutiques, etc.
L’émeute avait même commencé à dégénérer en bagarre communale entre Ti Créoles et Hindous.
La situation est redevenue normale mais instable. Un spécialiste Réunionnais a confirmé que le chanteur avait bien été battu à mort, on peut s’attendre à des réactions. Le mythe du pays modèle où les communautés vivent en harmonie, a pris un sale coup.
Je me suis débarrassé de la vieille Renault, devenue vraiment trop vieille. Nous allons donc trois jours par semaine à Flic en Flac par le bus. Fameux bain! » En 1999 nous avons entrepris un nouveau voyage en Europe. Voyage 1999. du 30 Avril au 19 Juillet. Nous avons été comme toujours à Wassy, en Corse à Lourdes et en Angleterre avec Nicole et Laura. Marie-France et Jacques sont venus nous rencontrer à Roissy. Le dimanche 2 mai, nous avons assisté à une messe à Notre Dame de Wassy. Il y avait une cérémonie pour deux baptêmes. Le 5 mai, Marie-France et Marie-Claire sont venues avec nous pour faire une grande tournée à l’Est. Marie France a quitté sa voiture à Bar le Duc et nous avons pris le train. A Nancy, nous avons pu visiter la cathédrale et la place Stalingrad. Denise ne connaissait pas Strasbourg et a été contente de visiter ce même jour, la fameuse cathédrale et la place Gutenberg. Sur le chemin de retour, à Bar le Duc, nous avons été chez Carine avant de reprendre la longue route pour Wassy. Pendant que l’on déjeunait à Strasbourg, un marchand ambulant Sénégalais est venu nous accoster pour vendre des ceintures. Il m’en a offert un à bon marché.
Il a aussi vendu des colliers à Marie-France et Denise. Cet étrange personnage avait alors demandé Marie-France en mariage. Il nous avait dits qu’il avait déjà deux femmes. Le vendredi 7, j’ai été content de visiter Reims par voiture, avec Marie-France et Denise. Nous avons aussi visité la cathédrale de St- Denis. Le même jour on était à l’Arc de triomphe et au palais de Chaillot pour contempler le magnifique panorama vers la tour Eiffel. Un grand écriteau au milieu de la tour, indiquait le nombre de jours pour l’an 2000. Nous avons cette fois beaucoup voyagé par bus, ayant acheté la carte Orange pour une semaine. Chez Laine, nous nous sommes mis à vivre à sa cadence pour ne rien changer de ses habitudes. Il m’a même fallu me mettre à jouer au tiercé et au Quarté. Laine n’a pas voulu nous accompagner à Paris.
Après une visité à la tombe de Fernand, nous avons été à Montparnasse, puis à chapelle de la Médaille Miraculeuse. Il y avait une Messe des pèlerins de Lourdes.. Le mercredi 12 après la traditionnelle visite à Notre Dame de Paris, Denis a acheté une paire de bonnes chaussures à la fontaine St-Georges. Gladys est venue nous rencontrer et nous avons déjeuné ensemble. Nous avons alors été au Sacré Cœur de Montmartre. Le jeudi 13 nous avons été avec Laine chez Jocelyn Edouard Betsy. Bertille nous a préparé un excellent repas : Pintade en daube et plateau des saucisses françaises. Jocelyn nous a fait visiter un immense hypermarché, le Carrefour où j’ai pu voir les derniers développements dans l’informatique. DVD, scanner, Photo numérique. Après le dîner, nous avons été à Paris pour admirer les lumières de la ville. Jocelyn nous a fait prendre l’avenue des Champs Elysées que nous avons enfin pu contempler la nuit, dans toute sa splendeur. Le vendredi 13, nous avons pris le bus en direction de la Bourse pour visiter Notre Dame des Victoires, la célèbre Basilique. J’ai été content de revoir la Statue de la Vierge et le bébé Christ les pieds sur un globe terrestre. Nous avons été à St-Eustache à pied et passé l’après-midi au Forum. Nous avons appris au téléphone que Marcel Poisson était mort à la clinique. Il avait été admis pour une simple bronchite, mais son cœur a fait défaut dans son sommeil. Il a été enterré dans la tombe de tante Julie Moutia, au cimetière St Jean. Une co-habitation assez incongru, si l’on peut dire.
Le 25, nous sommes partis par le train pour Grenoble, pour voir Max qui était toujours assez malade. Dany est venu nous rencontrer à la gare en compagnie de Maisie vers 9 heures du soir. Le lendemain nous avons fait le pèlerinage de La Salette. Longue promenade de montagne en voiture, avec Frédéric, Dany, Annie et Maisie. Le lendemain, jeudi 27, nous nous sommes rendus chez Max qui habitait une bonne maison de retraite. Le 28 nous avons pris le train vers 11 heures pour Marseille et Nicole et famille nous ont rejoints à la gare vers 3 heures de l’après midi. Nous avons tout de suite pris la route vers Lourdes, et nous nous sommes arrêtés à Narbonne pour passer la la nuit.
Après avoir déjeuné à l’hôtel, nous avons bu le whisky Chivas offert par Max et l’euphorie du voyage m’a fait composer un séga pour Claude ’Narbonne pleine line, Missié Dévichi boire civas.’ Le Samedi 29, nous avons fait le pèlerinage de Lourdes pour la dernière fois du siècle. Notre hôtel se trouvait assez proche du sanctuaire, mais il y avait un attroupement de militaires. Il y avait aussi des réunionnais en face de notre hôtel. Le dimanche 30, la messe pour les militaires à la cathédrale souterraine a été mémorable. Au chemin de retour nous avons été à Montpellier ou nous avons passé la nuit. Nous avons dîné à la fameuse place de la Comédie ou nous avions jadis habité dans l’appartement de Serpillon. Nous avons aussi retrouvé l’appartement de Jean et de Nicole, dans une rue avoisinante. La voiture rouge encastrée dans un menu était en place.
Le lundi 31, nous avons pris le bateau pour Bastia. Nous étions confortablement installés dans la nouvelle maison des Devichi à Furiani. On avait une chambre avec une télévision et une vidéo pour passer les films collectionnés par Claude. Les Devichi ont une grande cour et j’ai participé quelque peu à l’entretien. Ils ont aussi quelques arbres fruitiers : pommiers, abricotiers, et Orangers qui rapportent. J’ai consommé pas mal d’abricots mûrs tout en maniant un tuyau d’arrosage. Ils n’avaient pas encore d’ordinateur. J’avais commencé ma propagande en faveur de l’acquisition par Nicole d’un ordinateur qui devait, selon moi, être indispensable à Claude et aux enfants. Nicole qui travaillait dans une firme informatique, ne voulait pas s’endetter pour faire l’achat d’un ordinateur. Elle se disait rassasiée de l’informatique et ne voulait pas importer dans sa propre maison l’emblème de son boulot. J’avais en vain essayé de convaincre Jocelyn à Paris et Dany à Grenoble, pour qu’il fasse l’acquisition d’un ordinateur. Marie, la fille de Dany, avait l’ambition d’avoir son propre ordinateur. Elle disait que toutes ses copines en avaient un. Elle m’avait semblé s’intéresser davantage à des poly copieurs de C.D.que de tableur. Le jour de mon départ, je pensais avoir convaincu Dany. Elle m’a alors dit d’un ton d’étudiant bien de son temps : « Mon oncle, merci pour la défense de mon cas. Mais tu pisse dans un violon. ! » Ayant suffisamment harcelé Nicole et Claude, j’ai eu une grande surprise, un après-midi, d’être invité par Nicole : « Allons au supermarché Géant pour acheter un ordinateur. Ainsi, tu ne pisseras pas encore, cette fois, dans un violon. »
Le soir même, elle s’était procurée un ordinateur flambant neuf de 450 Mgz avec DVD. Il nous a pourtant fallu attendre le lendemain pour l’inauguration, car on recevait le même soir la famille d’un ami Corse de Claude, un mécano qui s’occupait de la réparation de leur voiture. Je me souviens d’avoir passé une bonne soirée en compagnie de ces gens sympathiques, tout en appréciant les crevettes et le Riesling alsacien. Nous avons entrepris une longue tournée au Cap corse et on s’était arrête à Lavasina que j’avais déjà visité cinq ans auparavant. Nous avons également visité la tour génoise qui était en très bonne condition. On se souviendra de la promenade à Erballunga. Il s’y trouve ses antiques maisons aux grandes portes antiques en bois massif, et les petites ruelles.
Nous avons contemplé les plages grises à Nouza ou il y avait, des années auparavant, des mines d’amiante, de nos jours obligatoirement désaffectés. Nous avons joui d’un pique-nique sous un pin maritime. Nous avons pris le thé à Massinggio, un petit port pittoresque avec une forêt de voiliers. Loin au large, on pouvait distinguer l’ile d’Elbe et la côte d’Italie. Nous avons un jour accompagné Claude à Ajaccio, en allant par la route de Corte. Paysages de montagnes portant parfois une cape de neige. Nous avons revu les belles plages d’Ajaccio, après avoir visité la ville et prié dans la cathédrale.
A la fin de notre séjour nous avons été de l’autre côté de l’ile à St.Florentin. Nous avons un jour marché le long d’une route abrupte et sinueuse pour aller au village de Furiani.. Les maisonnettes sont identiques à ceux que l’on trouve à Cardo, le patelin des Devichi. A la place de l’église, les gens se rencontrent, pour faire la conversation. Il y a un sentier au bout de la route qui va à Ste Marie où les gens vont en pèlerinage. Marie-France et Marie-Claire sont venus nous rejoindre en Corse, et nous avons passé deux semaines ensemble. Ayant probablement abusé de saucisson, et de vin rouge, j’ai eu deux attaques de goutte. La deuxième fois il m’a fallu aller voir une femme médecin avec Nicole. Elle m’a fait prendre de la colchicine, un médicament drastique qui m’a fait un peu de bien, et soulagé la douleur. Le retour à Marseille a été agréable, car nous avons voyagé à bord d’un plus grand paquebot, le Napoléon. Nous avons cette fois accompli le trajet pendant la journée.
Je boitais un peu en raison de mes douleurs au pied gauche, mais j’ai été quand même content d’aller contempler les paysages des côtes, d’abord le Cap corse, puis les Calanques de Marseille. La vue sur l’île d’If était saisissante. Nous sommes arrivés par beau temps chez Gisèle où nous avons passé la nuit. Le lendemain matin, nous avons fait nos adieux à Claude, Gisèle et Michael et nous avons pris le TGV pour Paris. Nous avons été à la Gare du nord pour prendre le train Eurostar pour Londres par le tunnel. Laine nous a rejoint à la gare et devait nous accompagner en Angleterre. Le voyage est vite fait, on ne voit même pas la Manche et on se retrouve après 20 minutes d’obscurité dans les campagnes du sud de l’Angleterre. Le train va directement à la gare de Waterloo. Maud et Joëlle étaient au rendez-vous. Comme c’est la coutume nous avons eu droit à une fête spéciale dans la soirée Eugène qui fait la cuisine, s’était surpassé pour nous faire un repas gargantuesque, bien arrosé avec du Cardhu, un whisky de malt, vieilli de 12 ans. Dès le lendemain, nous avons quitté Laine et sommes partis, en groupe visiter Londres.
La carte spéciale des autorités du transport de Londres, pour un jour de voyage, nous a permis de voyager par métro et par bus à volonté. La présence d’un enfant nous a fait bénéficier d’un rabais. S’il y avait un deuxième enfant le rabais aurait été plus conséquent. ‘You should have borrowed one.---Vous auriez du en emprunter un ! » Nous disait, facétieux, le préposé des ventes de billets. Nicole voulait entreprendre des visites dans tous les sites important de Londres. Nous avons donc eu un programme particulièrement harassant. Nous avons été à la messe du dimanche à la Cathédral de Westminster, puis à St Paul, , plusieurs fois à la National Gallery, au British Museum, à la Tour de Londres au Tower Bridge, à Albert Hall, au Soho, plusieurs fois à Trafalgar square, au Buckingham Palace. Elle voulait tout voir. Il nous a fallu faire le shopping à Tottenham Court Road, à Oxford Street et aussi à Wood Green. Chaque soir, Eugène nous attendait pour faire la fête. Chaque fois, il fallait boire un nouveau whisky. Un soir, nous avons été invités chez Annick et Colin. Nous avons été contents de voir évoluer la petite Sophie, qui parle trois langues déjà.
A mon étonnement Colin était comme un bon cuisinier. Il avait également, comme Eugène, une bonne capacité de boire plusieurs verres d’alcool. J’ai eu l’occasion de faire usage avec Colin, de l’humour britannique que j’affectionne parfois. Nous avons entrepris en voiture, en compagnie de Joëlle, une mémorable randonnée dans la campagne britannique pour visiter Cambridge. La ville des universités est très pittoresque, avec ses vieux bâtiments et les églises datant du moyen âge. Le retour en France a été sans problème, mais il y avait le surcroît de bagages qui nous a incommodés. Nicole est partie pour d’autres vacances au sud de la France et on du encore faire des adieux. Nous allons retrouver Nicole et Laura et les autres membres de la famille en l’an 2000. A Paris, nous avons alors été chez Laine, pour préparer la fête du 14 juillet. Nous avons acheté une autre carte orange pour voyager par métro et bus et nous avons profité de ce séjour pour visiter beaucoup de sites à Paris. Nous sommes allés rencontrer Maisie, Gladys et André Georges en deux occasions. C’est au Fnac de Montparnasse que j’ai acheté mon appareil de photographie numérique. Denise a acheté d’autres chaussures et des cadeaux pour la famille. Maisie a été invitée le 14, pour le déjeuné familial.
Au menu on avait un grand plat de grosses crevettes, des sausisses en daube et le carri de poule traditionnel. Nous avons quitté Paris pour Wassy en compagnie de Maisie. Après deux jours de fête à Wassy, la goutte m’a encore pincé et je suis reparti pour Maurice heureux mais appuyé sur une cane que Marie-France m’avait offerte. On a sans doute eu des égards pour un vieil handicapé à l’aéroport, car nous avons eu droit dans l’avion à quatre sièges.
Je suis donc retourné en bon état à Maurice. Mes bouteilles d’alcool hors taxe ont été destinées aux fêtes de l’an 2000. Nous avons retrouvé avec plaisir, les enfants et petits enfants à Maurice. Le jour de notre arrivée, Jean m’avait proposé de prendre un bain de mer à Flic en Flac. J’ai ainsi retrouvé bien vite mes habitudes. ‘Home sweet homme’ comme dit l’Anglais. Ayant encore quelques économies, nous avons acheté une nouvelle télévision de 29 pouces et une vidéo Sony. Denise qui s’est abonnée à Sky Vision, a maintenant les programmes de Canal Satellite, grâce au parabole installé sur le toit. Nous avons aussi des radios en pur son digital dont Hector la chaîne de musique classique qui fait mes délices. J’ai acheté un scanner qui complète mon appareil de photo numérique et possède un Ordinateur de 19 pouces .
Ces équipements qui me sont maintenant tout à fait familiers, m’ont permis de constituer un véritable album familial et d’illustrer ces mémoires. Nous avons perpétué les réunions familiales, chaque dimanche, avec Jaqueline, Jean et ses enfants. La correspondance par E-mail, a pris, en cette fin de siècle, de plus en plus d’ampleur et s’est même internationaliser. Nous envoyons le plus souvent, des messages collectifs à plusieurs correspondants
J’ai pu souhaiter son 78eme anniversaire à Max. Il était entouré de tous ses enfants. Après avoir eu une rechute, il a été de nouveau hospitalisé. Son moral était cependant demeuré inébranlable. De retour à la maison des vieux, il s’est quelque peu affaibli et a cessé de parler.
Il est mort paisiblement le 29 novembre 1999. Ses cendres rapportées à Maurice sont dans la tombe de mon père à saint Jean. Il y avait un événement familial le 30 novembre, car nous avons eu un centenaire dans la famille. En effet, Esmeralda Félix, a eu 100 ans. Elle habite toujours la rue Shand Beau-Bassin. La tante Da est la sœur de Haydée Félix qui avait épousé Fils Terrière. Elle avait d’autres sœurs et un frère Eliel qui avait été imprimeur du gouvernement et que je connaissais bien.
Nous avons le même arrière-grand-père, Jean Félix. Deux autres membres de la famille ont failli devenir centenaires. Tante Janine, morte à 99 ans et Ignace Félix mort au début de 1999, après avoir étrenné ses 90 ans. Le troisième millénaire.
L’an 2000. Nous avons passé la nuit du 31 décembre 1999 avec Myrielle à Quatre-Bornes. La famille s’est retrouvée presque au complet en 2000 avec les voyages de Marie France, Marie Claire et les Devichi. Frédéric Félix et son amie sont aussi venus chez nous, ainsi que Dany Annie et Marie.
Du point de vue santé j’ai eu une très mauvaise année ayant subi deux opérations. La première fois à la Clinique de Lorette pour enlever des excroissances de la cuticule, encombrantes, et la deuxième pour un problème de fistule. J’avais d’abord souffert d’une déchirure de l’anus très douloureuse et ensuite d’une fistule qui m’a rendu inconfortable pendant plusieurs mois en dépit d’antibiotiques à doses massives. Je suis allé voir quatre médecins différents avant de subir l’opération le 5 décembre à la clinique de Bon Pasteur.
J’avais alors proposé moi-même que l’on me donne le sobriquet de ‘fesse cassée’ Nous avons dignement fête Noël et le nouvel an. Le 31 décembre 2000, nous avions acheté une bouteille de Campagne Veuve Clicquot, que nous avons bu en compagnie de Jacqueline. La famille Maulguet est venueà maurice en Mars et Avril. Ils étaient logés dans un campement à Choisy, et comme il y avait une piscine Jean avait emmené ses gosses pour les bains de piscine avec Sophie. Annick, Colin, Joelle, son ami Chris et les grands parents Peter et Carol étaient du groupe. Nous avons loué le campement Nautilus au bord de la mer à Albion pour recevoir tout ce monde le jour de Pâques. C’était une bonne fête bien arrosée.
Le jeudi suivant, ils sont tous venus à Quatre-Bornes pour un cocktail. Les enfants voulaient que nous soyons tous (sauf Jacqueline, qui ne peut pas faire le déplacement) en France pour fêter les noces d’or. On serait alors en compagnie de tous les petits enfants. Carine a accouché de notre arrière petite fille Axelle au début de juillet. Nous avons pu aller la voir à la clinique.
La fête des noces d’or du 14 Juillet 2001 a eu lieu à Taverny, 61 Rue de Beauchamp, près de Paris.
Ajout en 2011
Cérémonie religieuse du Père Piat
Nos noces de diamant ont eu lieu le 14 juillet 2011 à Maurice.
La fête a eu lieu dans un campement à Flic en Flac.
Marie France, Nicole, Michael ,Eugene et Maud, Lily et famille,Jean Marc et sa femme, Gilbert Xavier, la famille de Madie étaient présents.
Voir deux videos sur You Tube
Sténio
1 commentaire:
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